( à partir de janvier)
Fièvre électorale :
les moulinets des journalistes sur les moulinets des politiques
En janvier 2017, a eu lieu la primaire d'une partie de la gauche pour choisir un candidat à l'élection présidentielle d'avril 2017, le président sortant ne se représentant pas de crainte de faire un score ridicule ne lui permettant pas d'accéder au deuxième tour de l'élection présidentielle. Cette élection primaire fait suite à celle d'une partie de la droite et du centre qui s'est déroulée en novembre 2016. Dans les deux cas, les partisans d'une laïcité mesquine, intolérante et querelleuse (Sarkozy et Valls) ont été éliminés. Benoit Hamon à gauche et François Fillon à droite ont été désignés pour défendre les couleurs de leur parti, avec chacun le programme (un catalogue de mesures plus ou moins précises) de nature, selon leurs conseillers en communication, à leur faire gagner l'élection présidentielle.
En période électorale, les citoyens assistent toujours au même spectacle pitoyable de la démocratie dite représentative avec d'un côté des politiques assurant le spectacle devant les électeurs pour tenter de capter leurs votes et de l'autre, les journalistes se précipitant sur les déclarations des politiques pour tenter de faire pencher la balance de l'élection d'un côté ou de l'autre en fonction de l'orientation politique de leur employeur (patrons des chaines de radio ou de télévision publiques ou privées, des entreprises de presse…). Mais les uns et les autres communient dans la défense du système politique qui à leurs yeux les place au-dessus du peuple dépourvu de tout pouvoir de décision puisque les élus décideront à sa place. Le peuple est seulement invité à s'ébaudir devant le spectacle offert par les politiques et les journalistes, et à voter une fois tous les cinq ans pour désigner les élus nationaux.
Force est de constater qu'au fil des décennies, c'est toujours le même spectacle un peu lassant.
Aux politiques, les jeux de rôle et la posture recommandée par leurs conseillers avec un langage bien formaté, ce qui n'exclut pas les obsessions lexicales du moment en général partagées avec les journalistes : "tout à fait, une gauche, citoyen, voilà, républicain, impacté, la gauche de la gauche, extrême droite, populisme, voilà, laïcité, tout à fait…"
Aux journalistes, le soin de remplir leurs journaux ou leurs temps d'antenne avec des commentaires rabâchés et en général bien connus. Ces commentaires et jongleries verbales s'enrichissent de variations un peu contraintes sur des idées communes et de variations toutes frétillantes sur des idées militantes. Sur le fond, le "café du commerce" du peuple muselé et tant méprisé n'est pas très loin tandis que sur la forme, citations et maitrise de concepts convenus ajoutent un vernis propre à l'élite tout comme le maniérisme de cour visait en son temps à distinguer d'un côté les "beaux esprits" et de l'autre les guerriers.
Et puis journalistes et politiques témoignent d'une forte propension à s'exprimer au nom du peuple français, appelé selon les circonstances : "les Français", "le peuple", "l'opinion publique", "les citoyens", "les électeurs", "les milieux populaires", "la société civile"… Or le seul moyen de connaître l'opinion du peuple français consiste à lui donner la parole par voie de référendum décisionnel et à son initiative. A défaut, la démocratie dite représentative n'est qu'une mascarade visant à berner les citoyens sur la réalité de leur propre pouvoir, et ceci au profit d'une élite accaparant richesse et pouvoir mais faisant rarement preuve d'élitisme en matière de morale publique.
Le financement public
du martyre des canards
En février 2017, la filière des producteurs de foie gras s'est de nouveau trouvée en difficulté, après la crise de janvier 2016 * provoquée par la grippe aviaire. Pour l'année 2016, l'Etat avait débloqué une enveloppe financière de 180 millions d'euros pour aider les éleveurs. La même somme serait attendue cette année pour apporter une nouvelle aide à cette filière pourtant contestée dans ses pratiques de gavage violent rendant les oiseaux malades.
Ce nouvel appel aux contribuables pour aider les bourreaux des canards à survivre semble en plus être aujourd'hui un puits sans fond tant la maîtrise définitive des épidémies de grippe aviaire paraît incertaine.
Pourtant, le code rural dispose dans son article 214-1 que les animaux doivent être placés dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de leur espèce. Le gavage forcé pendant plusieurs semaines jusqu'à ce que le foie des canards atteigne dix fois sa taille normale pour au final développer une maladie hépatique, est-ce compatible avec les impératifs biologiques des canards ? N'est-ce pas un acte de cruauté envers un animal, puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende par l'article 521-1 du code pénal ?
Ceci montre bien la duplicité des politiques qui pour gagner des voix auprès des défenseurs des animaux votent des textes protecteurs du bien-être animal et qui pour gagner des voix auprès des bourreaux des canards s'empressent de ne pas les appliquer.
La souffrance infligée aux oiseaux par le gavage est aujourd'hui bien documentée. Les médias rendent compte régulièrement du caractère cruel du gavage. Curieusement, les articles des journalistes relatifs à la grippe aviaire et aux difficultés économiques de la filière foie gras se gardent bien en général de souligner la souffrance inouïe infligée aux oiseaux. La neutralité journalistique inviterait à rendre compte des deux réalités mais de façon séparée. Au lecteur de se forger sa propre opinion.
Pourtant en matière politique, les journalistes savent bien laisser de côté leur prétendue neutralité. Si un candidat à l'élection présidentielle susceptible d'être élu était producteur de foie gras, chacun peut bien imaginer le déferlement de dénonciations outrées de la pratique cruelle du gavage des canards.
Rester neutre face au martyre des canards d'un côté et aux difficultés économiques de leurs bourreaux de l'autre ne grandit pas vraiment la profession. Il est clair que la France doit comme de nombreux autres pays interdire la production et aussi l'importation de foie gras.
Nombreux sont les contribuables qui se réjouiront alors de transformer le financement public du martyre des canards en financement public définitif de la reconversion professionnelle de leurs bourreaux.
* Voir, article de janvier 2016 : "Faut-il aider les bourreaux des canards ?" in rubrique "Actualité" 2016.
Interdire les armes nucléaires
Le 27 mars 2017 a débuté la conférence des Nations-Unies pour la négociation d'un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires. Cette conférence a été décidée par la Résolution 71/258 votée par l'Assemblée générale de l'ONU le 23 décembre 2016 (113 Etats membres pour, 35 contre et 13 abstentions).
Cette excellente initiative mérite d'être activement soutenue même si les puissances nucléaires n'y sont pas favorables puisque leur stratégie pleine d'hypocrisie consiste à toujours améliorer leur arsenal tout en interdisant aux autres Etats d'acquérir le même type d'arme. Ces derniers peuvent néanmoins viser des sites nucléaires civils (58 réacteurs en France…) avec des armes conventionnelles ce qui de facto leur donne une puissance de feu nucléaire aux effets encore plus dévastateurs dans le temps. Renoncer au nucléaire civil réduirait alors considérablement ce risque démesuré.
La nécessité d'interdire les armes nucléaires au niveau mondial repose sur deux arguments de bon sens : supprimer le risque technique et supprimer le risque humain.
Le risque technique existe lors de la fabrication, du transport, du stockage ou des essais des systèmes d'armes. Les armées concernées communiquent peu sur les incidents plus ou moins inquiétants et leurs conséquences survenus dans le cadre de leur activité nucléaire.
Le risque humain est de loin le plus terrifiant. Il concerne d'abord la personnalité propre de chaque décideur du feu nucléaire agissant dans des procédures obscures et naturellement peu démocratiques.
Il repose ensuite sur la doctrine d'utilisation des armes nucléaires élaborée par chaque Etat. Or qui élabore la doctrine ? En général un cénacle assez homogène d'anciens élèves de grandes écoles civiles et militaires façonnés par un même moule intellectuel. Et puisque lisant à peu près tous la même presse, le façonnage intellectuel est aussi grandement ciselé par les journalistes qui au quotidien distillent les bonnes pensées et stigmatisent les mauvaises selon la rédaction toujours militante de leur journal.
Et les diplomates tenteront de contrôler le mouvement des idées. La fécondité de leur esprit est intarissable pour créer des ennemis, des intérêts vitaux, de la profondeur stratégique, des lignes rouges… Ils se prendront même à leurs propres constructions intellectuelles en rédigeant pour leur gouvernement des "mises en garde", des "ultimatums"… Il leur faudra toujours créer des "bons" et des "méchants", en général dans une vision bipolaire du monde tandis que des médias et des politiques tenteront de banaliser cette vision qui au final doit servir particulièrement certains intérêts. Mais sont-ce bien les intérêts des peuples ? Les peuples d'Europe n'ont par exemple aucun intérêt aujourd'hui à faire prospérer l'idée d'une soi-disant menace russe à l'Est dont le seul but est de justifier la pérennité et les gesticulations de l'OTAN.
De la doctrine des dominos au Vietnam à la théorie de la menace des intérêts vitaux par l'Irak, chacun peut bien mesurer la sottise meurtrière de ces constructions fumeuses d'intellectuels qui eux ne meurent jamais sur les champs de bataille et se contentent d'écrire leurs mémoires pour tenter de justifier leur délire aux conséquences tragiques.
La géostratégie aux mains d'une élite coupée des préoccupations du peuple, est la pire des sciences humaines. Parce qu'elle conduit à tuer et la plupart du temps par sottise. Dans ces conditions, toute interdiction générale des armes nucléaires limitera considérablement les conséquences dramatiques de conflits armés déclenchés par la vanité, l'arrogance et le simplisme de dirigeants qui avec des jouets nucléaires terrifiants entre les mains pourraient jouer aux chefs de guerre sur la base de doctrines dogmatiques et mortifères.
La tragédie des prisons françaises
Le 4 avril 2017 a été remis au ministre de la Justice, le Livre Blanc sur l'immobilier pénitentiaire. Les prisons françaises souffrent de façon endémique d'une surpopulation périodiquement dénoncée par des associations ou des rapports officiels, mais jamais véritablement traitée. L'application du principe de l'encellulement individuel posé dès 1875 est sans cesse repoussée. Les élus seraient plutôt enclins à penser que le sort des détenus n'est pas un sujet porteur du point de vue électoral et se mobiliseront donc faiblement en faveur des conditions de vie des délinquants emprisonnés.
Et nombreux sont les citoyens à penser que ceux qui sont en prison le méritent et qu'en conséquence ils sont responsables de leurs mauvaises conditions de vie. Pourtant la peine consiste en la privation de liberté et non pas en l'humiliation et la déchéance.
Ainsi, en décembre 2016, la contrôleure des prisons dénonçait les conditions inacceptables de détention à la prison de Fresnes* (3 prisonniers dans 10m2, promiscuité 22 h sur 24, prolifération de rats et de punaises, usage de la force à l'égard des détenus ni maitrisé ni contrôlé, état lamentable des parloirs, violence entre les détenus dans les douches, les salles d'attentes et les cours de promenade…).
Et que les juridictions administratives en soient réduites parfois à contraindre l'administration pénitentiaire d'entamer des travaux d'hygiène et de sécurité en dit long sur la dérive du ministère de la justice (pour la prison des Baumettes à Marseille en décembre 2012 et la prison Ducos à Fort-de-France en octobre 2014).
La déchéance, l'humiliation et la violence ne font pas partie de la peine y compris pour les malades mentaux qui commettent des crimes à répétition notamment en matière sexuelle. La prison devrait amener la grande majorité des détenus à grandir pour mieux se réinsérer dans la société et non pas à déchoir pour mieux récidiver. Aux parcours individuels parfois chaotiques qui peuvent conduire à la prison ne doit pas s'ajouter une détention tout aussi chaotique qui ne peut qu'aggraver la situation d'existences déjà bien mal engagées.
Quant à ceux qui pour des raisons pathologiques graves s'avèrent inaptes à un contrôle raisonnable de leurs pulsions en société, il appartient naturellement à l'Etat de protéger le corps social en assurant la détention décente de ces créatures qui au final sont elles aussi frappées par le malheur.
Le Président de la Commission du Livre Blanc sur l'immobilier pénitentiaire souligne que "le combat pour la dignité humaine, la lutte contre la récidive, la réinsertion des personnes condamnées, la protection de la société et des victimes sont l'avers et le revers de la même médaille".
En effet, en règle générale les détenus sortiront un jour de prison. Il ne leur suffira pas d'avoir été punis pour pouvoir s'intégrer harmonieusement au sein de la société. Encore faut-il que la sortie ait été préparée notamment par des activités de formation professionnelle et un relationnel apaisé et respectueux au sein de la prison.
Quand un détenu en sortant de prison témoigne d'encore plus de ressentiment à l'égard de la société qu'en y entrant, l'échec de l'institution est patent. Ce n'est donc pas en envoyant toujours plus de délinquants en prison que les tribunaux protégeront la société. La construction de nouvelles places de prison préconisée par des candidats à l'élection présidentielle devrait d'abord servir à assurer l'encellulement individuel des détenus et à sortir du parc immobilier les locaux vétustes et insalubres.
La volonté du Président de la Commission du Livre Blanc "de bannir un lourd passé d'humiliation ou de honte pour la République" doit de toute évidence être rapidement partagée par les décideurs politiques. A défaut, au lieu de résoudre des problèmes sociaux par la politique pénale de l'enfermement des délinquants, la France ne fera que les accroître.
* Recommandations en urgence du 18 novembre 2016 du Contrôleur général des lieux de privation de liberté relatives à la maison d'arrêt des hommes du centre pénitentiaire de Fresnes (Val-de-Marne), JORF, 14 décembre 2016
Elections présidentielles :
pour un programme à la carte
Le 7 mai 2016 les Français ont élu un nouveau Président de la République après avoir éliminé 9 candidats dès le premier tour de l'élection le 22 avril, tandis que le Président en exercice avait préféré ne pas se représenter eu égard à son impopularité.
Il est évident que les critères d'adhésion à tel ou tel candidat ne sont pas toujours très rationnels. Entre la posture des candidats, leur physique, leur bagout, le timbre de leur voix, leur passé, leur simple étiquette politique, leur traitement plus ou moins bienveillant par les médias dominants, leur programme…, le choix des électeurs sera tiraillé entre ces multiples critères, tantôt n'en retenant qu'un seul, tantôt en retenant plusieurs.
Dès le premier tour, chaque candidat a présenté son programme, de façon plus ou moins détaillée et de façon plus ou moins tardive. Ces catalogues de mesures sont un passage obligé de l'élection et sont en général pilotés par des conseillers en communication chargés d'indiquer aux candidats les mesures susceptibles de les faire élire ou de les faire perdre. Force est de constater que tout électeur libre et indépendant d'esprit pouvait trouver dans la lecture point par point des 11 programmes présentés par l'ensemble des candidats des sujets d'accord et des sujets de désaccord. Pour l'électeur qui n'est pas sectaire, tous les candidats ont proposé de bonnes et de mauvaises mesures, le caractère judicieux ou rebutant de celles-ci variant en fonction de l'opinion de chacun.
En conséquence, pour effectuer son choix il appartenait à l'électeur de hiérarchiser ces mesures. Cette hiérarchie est souvent difficile à établir car les mesures proposées relèvent de registres différents plutôt réfractaires à la hiérarchisation (économique, institutionnel, sociétal, européen, écologique, international…). L'électeur est en quelque sorte invité à choisir un menu plus ou moins digeste alors qu'il souhaiterait se satisfaire à la carte.
Le seul moyen de ne pas imposer des menus rigides consiste à donner aux citoyens la possibilité d'initier eux-mêmes des mesures ou d'en refuser d'autres par le biais très démocratique du référendum d'initiative populaire et du référendum abrogatif. Ainsi, le peuple pourrait faire valoir son point de vue non plus candidat par candidat ou registre par registre mais bel et bien mesure par mesure.
A défaut de ces deux procédures démocratiques, la démocratie dite représentative fera toujours violence au peuple en lui imposant des mesures qu'il réprouve majoritairement.
Certes, le volet institutionnel de certains candidats pouvait parfois faire miroiter la mise en œuvre de ces procédures indispensables à une réelle démocratie. Ainsi, les électeurs auraient pu choisir ces programmes même en cas de désaccord avec les autres mesures puisque le référendum d'initiative populaire et le référendum abrogatif leur permettraient ultérieurement de corriger ces points de désaccord.
Mais chacun sait bien qu'en confiant à des assemblées élues le soin d'inclure ces deux procédures dans la constitution, le risque était grand que celles-ci s'opposent à la diminution de leur propre pouvoir, quitte à proposer une nouvelle version du référendum d'initiative parlementaire soutenu par une fraction des électeurs mis en place en 2008 et présenté de façon sournoise par de nombreux médias comme un référendum d'initiative populaire.
Comme le peuple ne peut pas faire confiance à ses soi-disant représentants pour récupérer une partie de son pouvoir de souverain, seul le recours à l'article 11 de la constitution par le Président de la République comme l'a fait le général de Gaulle en 1962 pour mettre en place l'élection du chef de l'Etat au suffrage universel direct permettrait de surmonter le barrage des assemblées élues.
Le parti présidentiel cautionne
la torture des bovins
Pour les élections législatives de juin 2017, le parti présidentiel "En Marche" a accordé son investiture dans la deuxième circonscription du Gard à une ancienne torera pratiquant son activité sadique et stupide à cheval.
Naturellement, le cheval créature noble et pacifique n'a pas a être associé à ce genre d'activité dégradante pour l'homme et dangereuse pour le cheval. Et chacun remarquera que la femme, en général bien meilleure que l'homme, n'a pas la bassesse de s'humilier à torturer des animaux pour divertir des personnes lassées de regarder des sottises à la télévision.
Cette investiture scandaleuse a suscité peu de réactions aussi bien de la part des associations de défense des animaux que des médias en général plutôt complaisants*. Sans doute certains ont bien perçu que le fait de critiquer cette investiture serait abusivement interprété comme faisant le jeu du député FN tentant de se faire élire de nouveau (et finalement élu). Mais le parti présidentiel pouvait aussi trouver une autre candidate beaucoup plus présentable du point de vue de la dignité humaine. Torturer des bovins pour assurer des loisirs aux citoyens est un retour à l'An 1 de la civilisation. Parti "En Marche" ou "En Marche arrière" ?
Dans le même temps, un torero espagnol décédait de ses blessures dans le sud de la France ce qui lui valu une notice nécrologique élogieuse dans le journal Le Monde ** mais faisant par ailleurs l'économie du compte-rendu de la torture cruelle et de l'agonie du taureau. Et curieusement, un pauvre bougre égaré par sa culture violente qui meurt en torturant lâchement des bovins bénéficie d'une telle notice nécrologique alors qu'un policier mourant dans l'exercice de ses fonctions en défendant courageusement la population n'y a en général pas droit. Un vif ressentiment peut alors se faire jour non pas contre le torero égaré mais contre le journaliste indécrottable et le journal irresponsable qui font l'apologie de la corrida.
La corrida est interdite en France sous peine de 30 000 euros d'amende et deux ans d'emprisonnement sauf dans les villes où existe une tradition locale ininterrompue (art.521-1 Code pénal). Cette exception scandaleuse issue de la veulerie des politiques devrait faire l'objet d'un référendum national. On peut raisonnablement penser qu'après un large débat public honnête, le peuple n'aura pas la même bassesse cruelle que ses élus.
* sauf par exemple quelques pétitions sur change.org
** Le Monde 21/6/17
La défense de la vache
par le gouvernement indien
Le 11 juillet 2017, la Cour suprême de l'Inde a suspendu un décret du 23 mai du gouvernement Modi interdisant le commerce de bétail sur les marchés à des fins d'abattage ou de sacrifice religieux. Le gouvernement fédéral n'aurait pas compétence pour interdire ce commerce, la compétence relevant des Etats de l'Union. La majorité des Etats de l'Union interdisaient déjà l'abattage des vaches. Le texte du gouvernement central concernait aussi judicieusement les taureaux, les bœufs, les génisses, les veaux, les buffles et les chameaux ce qui ne pouvait que donner satisfaction aux défenseurs des animaux.
Toutefois, la vache étant considérée dans l'hindouisme (la religion de 80% des habitants) comme un animal sacré et le gouvernement en place défendant ostensiblement les valeurs de l'hindouisme malgré le caractère laïque de la république indienne affirmé dans le préambule de la constitution naquit une querelle religieuse. En effet la filière du massacre des bovins est tenue essentiellement par des musulmans ou des chrétiens, ce qui ne contrarierait pas leur dieu respectif. A cela s'ajoute le problème économique engendré par cette interdiction puisque curieusement l'Inde, pays de la vache sacrée, est le premier exportateur mondial de viande bovine*.
Pour les défenseurs des animaux (et donc de la dignité humaine) ce qui compte n'est pas le fait que l'interdiction d'abattage soit d'inspiration religieuse ou laïque mais le fait que celle-ci constitue un progrès considérable dans la lutte contre la violence à l'égard des créatures de la terre dont normalement toute autorité publique devrait se soucier. La caution religieuse de l'hindouisme ne disqualifie pas la prohibition de la violence à l'égard des animaux pas plus que la caution religieuse de l'islam ou du judaïsme ne justifie la violence de l'abattage rituel. Il appartient aux Etats de s'opposer à toutes les violences à l'égard des animaux.
Naturellement, il appartient aussi aux Etats d'accompagner au mieux les agents en difficulté professionnelle suite à l'interdiction de massacrer les animaux. Ceci peut se traduire par la mise en place de plans d'aide à la filière concernée notamment pour la reconversion professionnelle des agents qui y sont impliqués.
Quant aux consommateurs de vaches qui préfèrent en général faire semblant de croire qu'ils mangent du bœuf, ceux-ci n'ont aucun droit imprescriptible à manger tel ou tel animal au motif que ce serait une pratique très ancienne (le viol, la torture, la peine de mort, l'esclavage… sont aussi des pratiques très anciennes ce qui ne justifie pas leur existence).
Et l'argument selon lequel si l'interdiction concerne la vache elle devrait aussi concerner les autres animaux pose l'exigence irréaliste du tout ou rien. Chaque progrès dans la défense des animaux est un pas en avant dans la dignité de l'homme par rapport à sa relation avec la nature.
Ainsi en France l'abattage pour la consommation des chiens et des chats est interdit (acte de cruauté envers un animal) alors que le cheval qui a rendu de bien plus grands services à l'humanité est hélas encore exclu à ce jour de cette prohibition.
En interdisant l'abattage des bovins et des chameaux à des fins alimentaires, peu importe que ce soit pour des raisons religieuses, éthique ou médical, l'Inde faisait un grand pas dans sa tradition végétarienne hélas en régression. Le recul de cette noble tradition sous l'effet conjugué du laïcisme et du modèle américain qui consume des pans entiers des belles civilisations asiatiques tend à tirer l'Inde vers le bas alors qu'elle avait des siècles d'avance en matière de régime végétarien.
* Florence Burgat, Ahimsa, violence et non-violence envers les animaux en Inde, Editions de la Maison des sciences de l'homme, 2014, p.148
Pourquoi mourir en Afghanistan ?
Le 21 août 2017 le président des Etats-Unis a décidé de renforcer les troupes américaines en Afghanistan, en contradiction avec ses promesses de campagne électorale faisant miroiter un retrait de ce théâtre d'opérations après seize années de guerre asymétrique face à un ennemi sans uniforme, ni chars, ni avions, ni artillerie lourde…
Il s'agissait en 2001 de chasser le régime taliban au pouvoir à Kaboul. L'opération a été réussie en quelques mois mais sans parvenir à remplacer le pouvoir renversé par un gouvernement stable et accepté par l'ensemble de la population, c'est-à-dire les différentes ethnies composant l'Afghanistan. La guerre civile s'est installée durablement et la présence militaire de puissances étrangères semble attiser les conflits locaux et susciter un climat de violence.
La France s'est judicieusement retirée de ce bourbier en décembre 2012 évitant ainsi que d'autres militaires français ne meurent pour rien et que des civils afghans ne soient encore tués lors d'opérations aussi inutiles que dangereuses. Ainsi, 89 militaires français sont morts en Afghanistan sans que l'Etat ne soit en mesure d'expliquer rationnellement aux familles pourquoi ils sont morts. Certes, tous étaient volontaires. Mais tous aussi faisaient confiance aux dirigeants pour effectuer une juste évaluation de l'intérêt de sacrifier leur vie en contrepartie d'un intérêt national consistant. Et manifestement cette confiance a été trahie.
Les Etats-Unis ont déjà perdu plus de deux mille soldats sur le théâtre Afghan et dépensé des milliards de dollars tout en ayant déployé plus de cent mille soldats sur le terrain en 2011 (environ 8 400 aujourd'hui). Pourtant le gouvernement local à leur solde ne parvient à contrôler qu'une faible partie du territoire et la culture du pavot prend une ampleur démesurée au profit de chefs de guerre locaux. De nombreux jeunes Afghans fuient alors une société violente et cherchent refuge en Europe pour trouver enfin la paix et la sécurité.
Le président américain a finalement cédé au complexe militaro-industriel toujours avide de situations valorisant la fonction militaire et permettant de tester en grandeur nature ses nouveaux gadgets sophistiqués portant chez les autres la mort et la désolation.
Et ce sont toujours des seniors qui envoient des jeunes mourir au combat tandis que pour des millions de dollars lesdits seniors écriront leurs mémoires afin de se justifier.
Ces écrits tenteront par ailleurs d'apaiser leur conscience pour le drame des soldats morts ou handicapés à vie, et aussi pour la tragédie des populations civiles victimes de tirs aveugles et irresponsables. En général, ils recourront à la notion bien commode de "raison d'Etat" qui n'est souvent qu'un fourre-tout intellectuel dans lequel toutes les turpitudes et les erreurs de jugement des dirigeants peuvent se voir parer des habits les plus nobles du Bien Commun. Le tout sera enrobé dans les théories fumeuses de la géopolitique, en général aussi brillantes intellectuellement qu'erronées pratiquement dès lors qu'elles conseillent le choix criminel des armes.
Les syndicats et les partis politiques :
des structures archaïques et obsolètes
En septembre 2017 un certain nombre de manifestations syndicales ont encombré les rues notamment à l'appel de la CGT. Cette agitation était la réaction syndicale à la mise en œuvre d'une réforme du code du travail. Ainsi, les ordonnances rédigées par le gouvernement après consultations avec les syndicats ont été publiées au Journal officiel du 23 septembre 2017.
Environ 11% des salariés seraient syndiqués en France si bien que chaque syndicat "représente" un pourcentage encore plus faible des salariés. Aux dernières élections professionnelles, la CGT obtient moins de deux millions de voix sur 8,4 millions de votants (et 18 millions d'inscrits).
Selon le Cevipof *, le taux de confiance dans les syndicats et dans les partis politiques est respectivement de 29% et de 11%. Bien que de nature sensiblement différente, la crise de la représentation touche aussi bien le "représentant" syndical que le "représentant" politique. Cette représentation avait sans doute un sens au 19 e siècle. Mais au 21e siècle, les progrès de l'éducation, de l'environnement économique et des moyens de communication et d'information font ressortir le caractère fictif aussi bien de la représentation politique que de la représentation syndicale.
Aujourd'hui, les citoyens et les travailleurs veulent avoir les moyens juridiques d'intervenir dans les processus de décisions politiques. C'est une profonde humiliation pour le peuple dit souverain d'en être réduit à manifester dans la rue en éructant des slogans sélectionnés par les chefs politiques et syndicaux. Et les grandes manifestations syndicales gâchent bien plus la vie des gouvernés que celle des gouvernants. Mais de toute évidence, ces derniers préfèrent ces éruptions sociales épisodiques finalement bien indolores pour eux plutôt que de devoir partager le pouvoir avec le peuple dans un système de démocratie semi-directe.
Et la querelle des chiffres du nombre de participants aux manifestations selon la police et selon les syndicats constitue aujourd'hui un folklore désuet et bien dérisoire.
Le meilleur moyen de connaître le soutien populaire à des mesures économiques, sociales ou politiques est de les soumettre à référendum. La clé de la démocratie réside pour les institutions politiques dans le référendum d'initiative populaire. Au niveau de l'entreprise, il appartient à tous les salariés, et non pas seulement à quelques syndicalistes, de décider par voie référendaire des questions internes soumises à leur avis par leur employeur.
Naturellement, les représentants politiques ou syndicaux et leurs alliés des médias sont en général vivement opposés à ce que le peuple récupère en partie l'exercice de son pouvoir souverain. La fable de la représentation a consisté à faire passer le pouvoir dans un entonnoir pour qu'au final une poignée de personnes décide de toutes choses à la place du peuple. Sera ainsi qualifiée avec dédain de "populiste" toute tentative de rendre au peuple un pouvoir de décision sur les grandes lignes de la politique nationale.
Faut-il rappeler que le meilleur moyen de ne pas se faire berner par de soi-disant représentants maternés aux frais du contribuable dans de nombreuses assemblées dites "représentatives" consiste à ne pas les élire, c'est-à-dire à s'abstenir de voter tant que le peuple souverain n'a pas récupéré une partie de son pouvoir de décision par le biais du référendum obligatoire en matière constitutionnelle, du référendum d'initiative populaire en matière constitutionnelle ou législative, et du droit de révocation par les citoyens de leurs représentants politiques ou syndicaux.
* www.cevipof.com/fr (le baromètre de la confiance politique, janvier 2017)
Le Prix Nobel de la Paix
pour
les défenseurs des animaux
Le 6 octobre 2017 a été décerné le Prix Nobel de la Paix à Campagne Internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN). Ce mouvement a conduit à l'adoption en juillet 2017 par 122 pays membres de l'ONU du Traité d'interdiction des armes nucléaires. Aucune puissance nucléaire ne figure parmi les signataires et la distinction subtile du droit international entre signature d'un traité par les gouvernements et la ratification de ce traité par les organes constitutionnels compétents de ces mêmes pays peut encore conduire à en diminuer la portée.
Naturellement, on ne peut qu'approuver ce traité et la récompense décernée pour les efforts déployés sur une longue période par l'ICAN.
Toutefois, la récompense honorifique pour la défense de la paix pourrait aussi se focaliser sur une séquence bien antérieure au choix des armes de destruction. Honorer le respect de la vie sur terre est sans aucun doute le premier pas à accomplir pour préserver la paix. Ce respect est naturel chez l'enfant, avant que l'adulte ne le pervertisse durablement pour le convertir à sa violence multiforme qui va de la violence contre les enfants (fessée, mutilations sexuelles…) à celle contre les animaux ou à celle entre adultes, les unes et les autres toujours justifiées par des discours pervers et mensongers.
En effet, généralement l'enfant aime et respecte les animaux mais l'adulte l'amènera par ruse ou par violence à accepter l'idée que ses amis à quatre pattes ou à plumes ont été créés pour être mangés par l'homme toujours autoproclamé créature supérieure à toutes les autres. La tromperie s'organisera notamment par la dissimulation des conditions indignes de l'élevage industriel et de la violence inouïe de l'abattage.
La boussole naturelle de l'enfant le conduisait plutôt à respecter la vie sur terre. Une fois la fiabilité de cette boussole mise en doute par les adultes, l'enfant perdra durablement un repère naturel de paix car la violence outrancière de la société deviendra à ses yeux plus crédible que la paix suggérée en son for intérieur par sa propre conscience. Que de crimes commis en tous lieux et en tous temps par ces ex enfants "déboussolés" et embrigadés dès leur plus jeune âge dans une idéologie de violence à caractère spéciste, racial, religieux ou national.
Finalement ce qui compte pour la paix ce n'est pas la façon dont des innocents sont massacrés (par des armes nucléaires, chimiques ou conventionnelles) mais le fait même qu'ils ne soient pas massacrés. Le meurtre est toujours condamnable quelle que soit l'arme du crime car aucune même réputée "douce" ou "civilisée" n'est acceptable.
Dans ces conditions, le Prix Nobel de la Paix se devrait avant toute chose d'honorer les défenseurs des animaux qui combattent au quotidien pour faire prévaloir le jugement pacifiste de leur boussole naturelle au détriment de la violence apprise dans un environnement culturel violent et sournois. La paix sur terre dépend d'abord du respect accordé à la vie de toutes les créatures qui partagent la planète avec l'espèce humaine, le plus souvent de façon si paisible de leur part.
Faut-il souligner que les espèces victimes du sadisme et de la cruauté du mammifère humain, massacrées en grand nombre dans des abattoirs, sont des espèces aussi belles qu'innocentes et qui ne cherchent même pas querelle à l'homme mais témoignent plutôt de bienveillance à son égard ?
Démocratie représentative :
l'endoctrinement des enfants
Le 20 novembre 2017 a eu lieu l'installation du Conseil départemental des jeunes de l'Allier. Un nombre de collégiens équivalent au nombre de conseillers départementaux (35) a été élu dans les classes de quatrième du département. Ceux-ci ne sont élus que pour une année ce qui permet d'endoctriner plus d'adolescents à l'heure où les ex conseillers généraux ont senti le vent du boulet de la réforme territoriale qui voulait judicieusement les supprimer. Les collégiens devront donc pendant une année scolaire jouer la pièce de théâtre de la démocratie dite représentative en singeant les élus, avec pour thèmes principaux cette année, la mémoire et l'égalité fille/garçon (La Montagne 22/11/17).
Le but de l'opération est naturellement de mettre dans la tête de ces jeunes que la démocratie représentative avec les délices offerts aux soi-disant représentants des citoyens est non seulement le meilleur système possible de démocratie et en plus le seul défendable. La pédagogie fera l'économie de toute réflexion sur l'image durablement négative des élus et sur les mérites de la démocratie directe à l'heure où la démocratie dite représentative apparaît comme un système archaïque car les conditions sociales et économiques du XXIe siècle ne sont plus celles du début du XIXe siècle. De plus, cette dernière apparaît fictive notamment à cause du miroir déformant des systèmes électoraux et de l'absentéisme massif des élus, coûteuse par les avantages que s'accordent eux-mêmes les élus sur le dos des contribuables et dangereuse par le pouvoir exorbitant laissé au final entre les mains de quelques élus très vulnérables aux sollicitations de différents groupes de pression.
Cet endoctrinement des enfants par l'assemblée départementale ne fait que copier le modèle du "parlement des enfants". En effet, l'Assemblée nationale organise depuis 1994 un "parlement des enfants" suivant en cela l'exemple historique des religieux qui se sont toujours chargés de mettre dans la tête des enfants les idées qu'ils souhaitaient voir prospérer afin de pérenniser leur modèle social. Ici, seules peuvent participer les classes de CM2. Elles doivent rédiger une proposition de loi de quatre articles maximum et après examen par un jury, 577 enfants seront conviés à jouer la pièce de théâtre parlementaire dans un amphithéâtre pour une fois au grand complet.
La séance se déroule en juin et les professeurs des écoles désignés ne se plaindront certes pas du voyage aux frais des contribuables pour accompagner les apprentis citoyens (surtout ceux des DOM/TOM).
Le site de l'Assemblée nationale qualifie cette manifestation de "leçon d'éducation civique". Recevoir une telle leçon de parlementaires pratiquant un absentéisme massif, cumulant les mandats et donc les recettes et les honneurs qui vont avec, s'octroyant des avantages exorbitants sur le dos des contribuables et dissimulant aux électeurs l'ineffectivité de leur travail parlementaire ne manque pas de pittoresque (travail souvent confondu avec l'activité effective déployée sur le terrain seulement pour se faire réélire et donc continuer à jouir des délices de la fonction).
Le parlement des enfants est en fait une tromperie organisée par l'Etat (parlement et ministère de l'Education nationale) visant à maintenir acceptable le système de démocratie dite représentative qui au fil du temps tombe en discrédit dans l'esprit des citoyens notamment à cause du comportement lamentable de nombreux élus. Les contribuables n'ont pas à financer la tromperie bien organisée de leurs enfants.
Il convient de mettre un terme à cette entreprise d'endoctrinement de la jeunesse et en conséquence d'asservissement intellectuel des citoyens. L'infantilisation des citoyens pour mieux les dominer commencent dès l'enfance avec le concours de ceux qui y sont particulièrement intéressés, c'est-à-dire les élus. Et les médias s'empresseront en général de qualifier de "populisme" toute remise en cause du système de la représentation.
Rendre au peuple une partie de son pouvoir souverain qu'il pourrait exercer par le biais du référendum d'initiative populaire est une idée insupportable à ceux qui ont confisqué ce pouvoir sous couvert de grandes théories fallacieuses rabâchées inlassablement depuis plus de deux siècles.
Chasse et démocratie
Début décembre 2017 a été publié un sondage sur les Français et la chasse réalisé par l'IFOP *. Une fois de plus, il est montré que cette activité violente et cruelle ne suscite pas une adhésion massive des citoyens ce qui se comprend d'autant mieux que 94% des femmes interrogées et 83% des hommes déclarent n'avoir jamais chassé. D'emblée, il ressort que la majorité des citoyens répugne à se livrer à cette activité violente devenue aujourd'hui une simple distraction. Et pour ceux qui y trouvent du plaisir, la chasse se révèle être une activité plutôt masculine. Des mâles mal inspirés se justifieront en soulignant que la chasse est une activité ancestrale dénotant en plus des marqueurs sociaux de la virilité. Le viol et la torture sont aussi des activités ancestrales mais ce n'est pas une raison pour continuer à les pratiquer.
La chasse tentera aussi d'être justifiée grâce à des arguments revêtant des habits d'apparence scientifiques. Il serait nécessaire de veiller à "l'équilibre sylvo cynégétique" (terminologie visant à impressionner les citoyens) c'est-à-dire à l'équilibre entre la faune et la flore. Il y aurait trop d'animaux. Mais le corollaire de la chasse est l'élevage et le lâcher massif d'animaux le jour de l'ouverture de la chasse pour que quelques citoyens en quête de distractions violentes puissent jouir du plaisir sadique de tuer des animaux aussi beaux qu'inoffensifs pour l'homme. A ce jeu cruel, les chasseurs n'ont pas fini de réguler la faune.
64% des personnes interrogées sont favorables à l'interdiction des élevages et lâchers d'animaux pour la chasse, tout comme 74% des personnes interrogées sont favorables à l'interdiction de la chasse de nuit, et 89% à l'interdiction de la chasse aux trophées.
Pour le reste de l'enquête, les questions n'ont pas été formulées en terme de favorable à une "interdiction" mais en terme de "favorable" ou "défavorable" à une réduction de la période de chasse (79% favorable), à établir les dimanches comme jours sans chasse (82% favorable), pour ou contre la chasse à courre (84% contre)… Aucune des questions posées n'entraîne une réponse majoritairement favorable à la chasse. Il conviendrait sans doute que les pouvoirs publics en tirent courageusement les conclusions.
Au lieu de cela, le président de la République s'est rendu à Chambord pour honorer de sa présence la présentation d'un tableau de chasse ensanglanté. Les "chasses présidentielles" donnant mauvaise conscience ont été rebaptisées "battues de régulation" pour faire croire au peuple que des chasseurs jouant dans l'entre soi aux petits seigneurs d'antan réalisent une œuvre utile.
Il est vrai que ces petits "saigneurs" singeant les aristocrates pourraient être utiles au pouvoir politique le moment venu. Cette flagornerie présidentielle flattant les bas instincts de l'homme souligne à quel point la démocratie dite représentative peut fausser la représentation de la sensibilité des citoyens.
Rien n'interdit de penser que la mise en place du référendum d'initiative populaire permettrait de mettre un peu de dignité dans les comportements de l'être humain à l'égard des animaux qui partagent la Terre avec lui et avec la même légitimité que lui. A priori, des sujets comme l'interdiction de la chasse à courre, de la corrida, du gavage des canards, de l'abattage sans étourdissement préalable, de l'abattage des équidés pour la consommation humaine… pourraient trouver un large écho favorable parmi les citoyens qui eux sont beaucoup moins vulnérables aux menaces des groupes de pression que les quelques élus décidant à la place du peuple sous couvert de la fable de la représentation.
*www.ifop.com (Les Français et la chasse, Ifop pour la Fondation Brigitte Bardot, 2017)
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