Actualité mensuelle / 2018




                                             

                                           (à partir de janvier)                                          

 


2018 : centenaire du retour 

de l'Alsace Lorraine à la France

 

 

 

En janvier 2018 débute l'année du centenaire de la fin de la première guerre mondiale qui a entraîné le retour à la France de l'Alsace Lorraine. Province annexée au royaume de France depuis le XVIIe siècle, la défaite militaire de Napoléon III à Sedan en 1870 a entraîné la perte de cette région au profit de la Prusse. 

En effet, une querelle relative au trône d'Espagne naquit entre Napoléon III (dont l'épouse était espagnole) et le roi de Prusse. La reine d'Espagne Isabelle II (réfugiée en France) a été poussée à abdiquer par le général Prim lequel souhaitait installer sur le trône d'Espagne un cousin du roi de Prusse. Il est vrai que la famille Napoléon avait plutôt laissé des souvenirs tragiques et sinistres en Espagne de 1808 à 1813. Napoléon III demanda qu'il n'y ait pas de candidature allemande au trône d'Espagne. Guillaume Ier refusa et la querelle s'envenima par le biais des coteries entourant les deux dirigeants. Si bien que la France déclara stupidement la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. Le 1er septembre de la même année à Sedan, Napoléon III s'est rendu à l'ennemi.

 

Depuis cette date, humiliée par la défaite nationale, la toute nouvelle troisième République et ses élites n'ont cessé d'entretenir un esprit revanchard notamment par le biais de l'école et de l'armée pour la récupération de l'Alsace Lorraine.

Chacun remarquera qu'avec ou sans cette belle province, les Français ne vivaient ni mieux ni moins bien et que leur préoccupation en se levant le matin n'était certainement pas de croiser le fer pour que les germanophones de cette province (9/10e en Alsace et 2/3 en Lorraine) dépendent de nouveau des élites parisiennes qui ne les comprenaient même pas.

Quant aux annexés, ils pouvaient opter pour la nationalité française et partir (choix de 8,5% de la population environ) et ceux qui sont restés ont vécu le maintien du code Napoléon jusqu'en 1900, l'usage des conseils généraux jusqu'en 1918, le respect du concordat de 1801, l'ouverture de la frontière dans les deux sens pour les civils jusqu'en 1914. Et la langue française a été maintenue dans l'administration en Lorraine.*

 

Le retour à la France en 1918 de cette province germanophone n'a pas été sans difficulté. Depuis presque un demi siècle la très grande majorité de ses habitants n'avaient connu que l'appartenance à l'Allemagne et ceux-ci ont donc fait la guerre de 14/18 du côté allemand. Aucun référendum local n'est venu demander aux Alsaciens s'ils préféraient être français ou allemands (alors que le 23 octobre 1955 la Sarre se prononce par référendum pour le rattachement à la République fédérale d'Allemagne).

Or le droit social et le droit du travail allemands étaient à l'époque en avance sur le droit français. C'est la raison pour laquelle les populations locales, essentiellement germanophones, se sont battues pour conserver leurs particularismes juridiques. Le pouvoir central a préféré céder, à titre provisoire se disait-il, plutôt que d'attiser des troubles dans ces régions.

 

C'est ainsi que les départements d'Alsace Moselle se voient appliqués encore aujourd'hui le Concordat de 1801 avec le Vatican, et non pas la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat. En conséquence, les chefs religieux sont nommés par les pouvoirs publics, l'enseignement religieux est obligatoire à l'école sauf dispense des parents et la rémunération des membres du clergé (catholique, protestant et israélite) est prise en charge par l'Etat soit environ 58 millions d'euros en 2012 pour rémunérer 1393 ministres du culte. Les religieux musulmans ne bénéficient pas de cette prise en charge.

Dans une décision du 21 février 2013 (QPC n°2012-297) le Conseil constitutionnel a estimé que la survivance du Concordat de 1801 en Alsace Moselle n'était pas contraire à la constitution car ni la constitution de 1946 ni celle de 1958 n'ont, selon son interprétation, remis en cause la dérogation accordée à ces départements.

 

Curieusement, les débats souvent enflammés sur la laïcité se gardent bien en général d'évoquer le cas du Concordat en Alsace. Les politiques et les médias ne sont pas très prolixes sur le sujet tant celui-ci semble dérangeant. Ils préfèrent se focaliser sur l'Islam qui lui n'est pas intégré au Concordat.

Dans une République "indivisible" et "laïque" selon l'article 1er de la constitution de 1958, il est fort contestable que la totalité des contribuables français doivent financer l'endoctrinement des enfants d'une partie du territoire national par des religieux abusant de leur ascendant social et intellectuel.

A la limite, si après référendum local, les Alsaciens Mosellans veulent continuer à se voir appliquer le Concordat de 1801, il leur appartient de financer eux-mêmes par un impôt local spécifique les cultes de leur choix, en ouvrant naturellement l'éventail à l'Islam.

Mais il serait plus sage de considérer qu'il n'appartient qu'aux particuliers, et selon leur bon vouloir, de financer les "fausses nouvelles" propagées par les religieux car à la différence des raconteurs d'histoires appelés " écrivains" qui ne visent qu'à la célébrité et à la richesse, les raconteurs d'histoires appelés "religieux" visent quant à eux à dominer et manipuler les citoyens au profit d'un ordre social très favorable à eux-mêmes et à leurs alliés.

 

 

* V. François Roth, La guerre de 1870, Fayard, 1990, notamment p.  641, 642, 644, 664, 

 

 

 

 

 

 

Elections partielles :

la mascarade de la représentation

 

 

Le 4 février 2018 a eu lieu le deuxième tour des élections législatives partielles dans le Val-d'Oise et à Belfort suite à l'annulation prononcée par le Conseil constitutionnel.

La candidate élue en juin 2017 dans le Val-d'Oise a perdu son siège tandis que le candidat élu à Belfort a conservé le sien. Dans les deux cas, le désintérêt des électeurs a été massif puisque seuls 19,1% des électeurs se sont déplacés au deuxième tour dans le Val-d'Oise et 28,9% à Belfort. En conséquence, l'élu du Val-d'Oise représente en réalité le choix de 8,71% des citoyens inscrits sur les listes électorales, et l'élu de Belfort le choix de 15,16% des citoyens inscrits sur les listes électorales*. Que penser d'une telle représentation ?

 

Déjà, la première circonscription de Belfort compte 72 137 habitants tandis que la première circonscription du Val-d'Oise compte 124 279 habitants. Même si les circonscriptions sont théoriquement découpées sur une base démographique, chacun pourra se demander si le député du Val-d'Oise est plus performant que celui de Belfort puisqu'il représente 52 142 habitants de plus que son collègue et ceci pour le même coût à la charge des contribuables. Mais aucune règle rationnelle ne peut être établie sur le nombre d'habitants qu'un élu peut raisonnablement représenter et ceci pour une raison très simple : la représentation est grandement fictive. Ainsi, les citoyens du Val-d'Oise ne sont pas plus mal représentés que ceux de Belfort. Il est simplement demandé aux uns et aux autres de jouer la comédie de la représentation dite nationale pour faire remonter le pouvoir politique dans les mains d'un minimum de personnes.

Dans le même sens, l'abstention massive qui conduit les élus à ne représenter qu'un faible pourcentage des électeurs inscrits a peu d'incidence sur la réalité de la représentation puisque celle-ci relève plutôt de la fable. D'ailleurs, les médias se contenteront en général de souligner incidemment que l'abstention est toujours élevée dans les élections intermédiaires, sans s'appesantir sur les causes réelles de celle-ci de crainte d'affaiblir le système même de la représentation auquel les gouvernants et leurs alliés sont tant attachés. Ce qui les inquiète, ce n'est pas la faible participation car cela n'a aucune incidence sur la démocratie pseudo représentative, mais la défiance même à l'égard du système politique. Les citoyens semblent ne plus vouloir jouer à un jeu de dupes en se débarrassant régulièrement de leur pouvoir dans les mains de pseudo représentants, et à le demande si insistante de ces derniers.

 

Les gouvernants ont bien songé à rendre le vote obligatoire. Mais le remède serait pire que le mal car si on peut démocratiquement obliger les citoyens à participer à un référendum leur demandant de prendre une décision sur un problème précis, il serait profondément antidémocratique de les obliger à remettre leur pouvoir dans les mains de pseudo représentants qui décideront de tout à leur place, sans même disposer des moyens d'annuler une décision qui ne leur conviendrait pas.

 

Le désintérêt toujours substantiel des citoyens pour les élections prouve leur lucidité sur le système auquel on leur demande avec une insistance troublante de participer. Les électeurs savent bien qu'ils sont simplement invités à jouer la comédie de la représentation tous les cinq ans afin que l'élite puisse jouir du trône et de ses délices. 

Pour donner aux citoyens le goût de participer à la chose publique et améliorer grandement le système de la démocratie, il conviendrait de leur donner un droit d'initiative en matière de référendum et un droit de révocation de leurs élus. Le peuple doit garder un réel pouvoir de décision pour que le gouvernement du peuple, par l'élite et pour l'élite devienne "le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple" conformément à l'article 2 de la constitution de 1958.

 

 

 

* Les résultats communiqués par le ministère de l'Intérieur (interieur.gouv.fr) pour ces deux élections partielles n'indiquent pas le pourcentage des inscrits obtenu par les deux élus ce qui, certes, aurait été du plus mauvais effet pour la représentation nationale.

Par contre, les résultats communiqués pour les élections à l'Assemblée de Corse le 10 décembre 2017 font nettement ressortir que la liste des nationalistes revendiquant par ailleurs un large soutient populaire n'a obtenu que 28,74% des inscrits, soit moins d' 1 électeur sur 3. A peine de quoi obtenir un hochet constitutionnel par l'inscription de la Corse dans la constitution…

 

 

 
 

La défense du massacre des animaux :

 l'argumentaire indigent de 3 intellectuels sur la défensive

 

 

Le 19 mars 2018, le journal Libération a publié une tribune de trois intellectuels* (un politologue, un journaliste et une sociologue) intitulée "Pourquoi les végans ont tout faux". Force est de constater que ce texte en défense du massacre peu glorieux des animaux ne répond pas à la question.

Certes, les auteurs reconnaissent que les Européens consomment trop de viande et en plus de la mauvaise viande fournie par les systèmes industriels et l'agriculture productiviste qui les "empoisonnent" tout en "dégradant l'environnement et la condition paysanne". Mais selon eux, les végans seraient bien pires que ce système délétère.

 

Pour ces trois intellectuels très sélectifs dans les souhaits prêtés aux animaux, ces derniers "ne demandent pas à retourner à la sauvagerie" ni "à être stérilisés afin de peu à peu disparaître". Ils demanderaient simplement à vivre avec nous "une existence intéressante, intelligente et digne". 

Demandent-ils aussi à être séparés brutalement de leur progéniture pour pouvoir leur voler le lait, exploités sans scrupule pour accaparer ce lait et finalement être égorgés suspendus par une patte arrière dans leur jeune âge ?

 

A côté de propos outranciers tels que "l'agriculture sans élevage, c'est l'agriculture famineuse parce qu'elle épuise les sols" faute de fumier ou que le régime végan "détruit irrémédiablement la santé, à commencer par celle de l'esprit", l'argumentaire tente de faire croire que faute d'élevage pour l'abattoir, les animaux disparaîtront de l'environnement humain y compris les "chiens et chats remplacés par des robots" ! 

 

Et pour couronner le tout dans le ridicule, l'argumentaire reprend la boutade du don maussien déjà développée par Porcher**. Pour l'ethnologue Marcel Mauss, le don serait la forme archaïque de l'échange par le jeu de dons et de contre-dons. Sans doute en quête de justification de sa vie passée d'éleveuse massacrant des volailles et des brebis, et de son régime carnivore actuel, Porcher en déduit sournoisement qu'en donnant "la vie bonne" à des animaux cela justifie en retour de les égorger pour les manger… Par le don, ils sont engraissés. Par le contre-don, ils ne donnent pas leur vie mais on la leur arrache brutalement pour être mangés. Alors que par le don, ils devraient être nourris et soignés tandis que par le contre-don l'homme est gratifié de la présence amicale de créatures aussi belles qu'inoffensives et se trouve en même temps grandi pour sa bienveillance envers les animaux non humains.

Accédant au monde des intellectuels, elle a enfin trouvé un argumentaire de nature à la déculpabiliser, à servir les intérêts de l'organisme qui l'emploie, à fluidifier les relations avec ses amis éleveurs et la grande masse des contribuables carnivores qui financent son salaire et ses recherches, et finalement à impressionner la boulangère du haut de sa pseudo science par une pirouette de théologien, tout comme les religieux utilisaient le latin pour mieux impressionner les pauvres gens.

Le problème est que la boutade qui tue qu'elle a construite sur le don maussien est la clef de voûte de son système de pensée qui ne tient donc qu'à une pirouette de l'esprit. Sous prétexte de défendre les animaux, son argumentation sournoise vise à poursuivre leur exploitation même si celle-ci ferait l'économie des excès actuels de l'élevage "industriel".

 

Ce n'était pas la peine de s'y mettre à trois pour au final rédiger un argumentaire d'une telle faiblesse intellectuelle et qui serait même plutôt comique si n'était en jeu d'une part, la vie et la souffrance de millions d'animaux et d'autre part, la dignité de l'homme dans ses rapport avec ses colocataires sur Terre.

 

 

* Paul Ariès (politologue), Frédéric Denhez (journaliste), Jocelyne Porcher (sociologue). Libération, 19 mars 2018, p.24 et 25.

** Vivre avec les animaux, Une utopie pour le XXIe siècle, La Découverte, 2011 (p.34,35). A côté de propos pleins de sensibilité sur les animaux qui auraient dû logiquement la conduire à leur épargner l'abattoir, l'auteure se cramponne désespérément à leur massacre qui serait le seul moyen pour les éleveurs de vivre leur amour pour les bêtes (p.118). Pourtant, on ne peut pas dire que les éleveurs "aiment" leurs bêtes parce que l'amour ne conduit pas à égorger l'objet même de cet amour. On peut seulement dire que certains les traitent bien… jusqu'à l'embarquement pour l'abattoir pour au final gagner de l'argent sur le dos des animaux (op. contraire p.131).

 
 
 
 
 
 
 

Syrie : les gesticulations militaires

de 3 membres de l'OTAN

 

 

Le 14 avril 2018, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont bombardé la Syrie en représailles à l'attaque chimique "présumée" dans la ville de Douma. Cette agression d'un Etat souverain par trois pays détenteurs de l'arme nucléaire a été effectuée en violation du droit international. D'une part, l'attaque chimique n'est que présumée puisque la commission d'enquête internationale de l'OIAC n'est arrivée sur les lieux qu'après la riposte des Occidentaux et d'autre part, les trois justiciers auto-proclamés ne bénéficiaient d'aucun mandat de l'ONU.

Certes, l'utilisation d'armes chimiques est prohibée par le droit international mais il n'appartient pas au Etats de s'autoproclamer gendarmes du monde après avoir eux-mêmes fixé une "ligne rouge" devant déclencher automatiquement leur réaction militaire. Ajouter un crime sur un crime ne rapproche pas de la solution du problème. Si chaque Etat agissait de la sorte, chacun imagine bien dans quel chaos le monde serait plongé. La Syrie est bien assez dans le malheur sans qu'il soit besoin à des Etats prospères d'aller y ajouter du feu et de la mitraille. Ces Etats feraient mieux d'accueillir dignement les réfugiés syriens qui fuient un épouvantable chaos sur lequel ils n'ont hélas aucune prise.

 

L'intervention symbolique française a été décidée par une poignée de haut-fonctionnaires, de militaires et d'élus, la population française étant de son côté bien trop préoccupée par des trains qui ne marchent pas, un chômage endémique et des difficultés économiques difficiles à surmonter.

Les décideurs de l'élite parisienne pensent sans doute se rendre intéressants aux yeux du monde entier par ces bombardements flattant leur vanité et leur arrogance d'ancienne puissance coloniale nostalgique d'un interventionnisme planétaire. De plus, cette agression militaire permet de tester en grandeur nature les systèmes d'armes sophistiqués de l'influente industrie de l'armement. Enfin, cette agression largement couverte par les médias permet de distraire l'opinion publique des problèmes internes gâchant la vie quotidienne des Français. 

Si le gouvernement n'est pas compétent pour "punir" un Etat supposé avoir utilisé des armes interdites, par contre il est compétent pour "punir" les citoyens de la "République autonome de Notre-Dame-des-Landes" qui ont franchi depuis longtemps la ligne rouge de la légalité républicaine. Mais il est plus facile de tirer sans risque quelques missiles à distance sur la Syrie que de maintenir l'ordre sur mille hectares du bocage français.

 

Au final, cette action militaire malencontreuse n'a eu aucun effet sur le terrain, tous les acteurs locaux ayant été prévenus de l'arrivée de la "punition".

Mais face à un comportement aussi agressif et déraisonnable de trois puissances nucléaires, chacun comprend bien que des Etats comme la Corée du Nord ou l'Iran cherchent de leur côté à obtenir l'arme atomique de peur de subir un jour les agressions militaires de dirigeants vaniteux et irresponsables.

 

 

 

 

 

Prises d'otages massives en France :

des syndicats sans scrupules

 

 

 

En mai 2018, des grèves ont fortement perturbé la vie quotidienne des citoyens dépendant du train ou de l'avion pour se rendre à leur travail notamment. Chez les cheminots, il s'agit de grèves en réaction au plan gouvernemental de modernisation du service public des transports ferroviaires tandis qu'à Air France des revendications salariales sous-tendent des annulations de vols souvent réservés longtemps à l'avance par des voyageurs bien trop confiants.

 

Prendre en otages les usagers du train soi-disant pour défendre le service public relève du comble de la mauvaise foi. La grève est la négation même du service public puisque ce dernier consiste à assurer aux citoyens des moyens sûrs et fiables de se déplacer pour des raisons professionnelles ou de loisirs. Ces moyens sont d'ailleurs financés deux fois par les usagers, une fois comme contribuables et une seconde fois comme usagers par le biais des abonnements et autres titres de transport. 

Les grèves s'en prenant aux usagers devraient être interdites dans les services publics à charge pour les agents publics de trouver des moyens de pression sur leur employeur qui ne portent pas préjudice aux usagers. La nature du syndicalisme est en effet très différente dans le secteur privé et dans le secteur public.

Dans le secteur privé, il s'agit de faire pression sur les détenteurs du capital productif pour qu'ils consentent à mieux partager les profits. Mais dans le secteur public, la pression exercée sur le gouvernement n'est pas du tout de même nature que celle exercée sur un patron du privé. Le gouvernement ne fait que passer, ses membres n'ont pas investi leur épargne dans l'administration et quand il cède aux revendications catégorielles des fonctionnaires souvent plus ou moins bien dissimulées derrière "la défense du service public", il n'engage que les finances publiques c'est-à-dire l'argent des contribuables. Or cet argent paraît illimité aux yeux des grévistes (coût de la grève pour la SNCF : environ 400 millions d'euros fin mai).

 

Le coût de chaque journée de grève à Air France serait de 26 millions d'euros environ. Il s'agit certes d'une entreprise qui a été privatisée mais l'Etat détient encore 14% du capital. La grève semble une véritable culture d'entreprise dans cette compagnie aérienne bien que ses agents soient plutôt bien traités. L'Etat doit se retirer totalement du capital de cette compagnie et demander à ce que le substantif "France" ne figure plus dans son appellation car les pratiques endémiques des grévistes ternissent au final ce mot. Comment défendre des salariés qui sont loin d'être parmi les plus mal traités et qui parfois prennent un malin plaisir à bloquer les départs en vacances de familles s'offrant enfin après de patientes économies et un labeur acharné un peu de repos bien mérité dans des destinations ensoleillées ? Ces procédés minables n'honorent pas le syndicalisme français.

 

Il conviendrait de préciser que dans le rail ou à Air France, la grève est souvent le fait de minorités agissantes qui au final salissent la réputation de leur entreprise et celle de la majorité des autres agents toujours très respectueux des usagers, et qui eux défendent réellement le service public.

 

En conclusion, rien n'interdit de penser que l'interdiction de la prise en otages des usagers du service public trouverait un large appui par voie référendaire, tant de nombreux citoyens sont ulcérés par les dysfonctionnements répétés des services de transport. Le peuple souverain, principal intéressé et inaccessible aux différentes pressions des lobbies ne manifesterait sans doute pas la même inertie coupable que ses élus.

 

 

 

 

Fête de la musique ou fête des décibels ?

 

 

Depuis plusieurs décennies, la France à institué un jour de fête de la musique fixé le 21 juin afin de bénéficier de la douceur de l'été et du coucher de soleil le plus tardif de l'année. Chacun peut librement jouer de la musique vocale ou instrumentale dans la rue pour le plus grand bonheur des passants, en fonction des goûts de chacun. Jusque-là l'idée est judicieuse, festive et de bon goût.

 

Malheureusement, la fête se gâte par le recours à des sonorisations tonitruantes comme si un concours d'intensité sonore était mis en place par les municipalités autorisant l'emplacement des estrades en fonction des contraintes de la circulation, mais sans tenir compte des contraintes de non pollution sonore du voisinage. Certaines personnes savent que ce jour-là elles devront aller dormir ailleurs que chez elles, éventuellement avec le coût d'une chambre d'hôtel. 

De plus, si le volume sonore peut être relativement supportable à 70 mètres par exemple, il devient parfois dangereux à moins d'une vingtaine de mètres pour les personnes stationnant longuement en badauds devant les bruiteurs électroniques déchaînés et si fiers de leurs décibels débridés. Le caractère délétère de ces derniers est bien documenté (perte d'audition et acouphènes fréquents) notamment par les études menées sur les adeptes des boîtes de nuit. 

Dans tous les cas, les spécialistes des bruitages électroniques violents et handicapants, y compris pour eux-mêmes bien qu'en général situés derrière les enceintes acoustiques, argueront du respect des normes relatives au bruit mises en place par les pouvoirs publics. Mais d'une part, ces normes sont insuffisamment protectrices de la santé publique et d'autre part, leur contrôle est sporadique ce qui autorise des pics de violence acoustique particulièrement dangereux.

 

La belle sonorité longuement travaillée d'un instrument ou d'une voix ne peut s'apprécier dans toute son étendue que si elle ne recourt pas aux artifices de l'électronique même qualifiés de "haute-fidélité". C'est la raison pour laquelle la musique classique n'utilise pas de systèmes d'amplification électronique du son dans les salles de concert (sauf dans des salles à l'acoustique défaillante comme l'Opéra Bastille à Paris où les auditeurs du parterre peuvent avoir la désagréable surprise d'entendre le son passer soudain de la bouche du chanteur à l'enceinte acoustique invisible du plafond…).

 

Naturellement, pour ceux qui préfèrent jouir des sons non pour leur organisation harmonieuse ou leur esthétique délicate mais pour les vibrations occasionnées par les basses fréquences dans les organes creux de leur corps existent les bruitages électroniques divers et variés abusivement qualifiés de "musique". Ceux-ci sont disponibles grâce au fléau des sonorisations débridées entraînant grésillements et distorsion du son par saturation des enceintes acoustiques. Mais la rue n'est certainement pas le lieu adéquat pour ce genre d'activité polluant l'environnement sonore de la cité.

 

En conséquence, afin de ne pas polluer la fête de la musique par un déchaînement de bruitage électronique intempestif, il conviendrait d'interdire à cette occasion toute sonorisation par les méfaits de l'électronique.

 

 

 

 

Le trône et ses délices

 

 

Le 9 juillet 2018, le président de la République a préféré réunir en Congrès le parlement à Versailles avec militaires au garde-à-vous et claque appointée par les contribuables pour lire un papier plutôt que de s'adresser directement aux citoyens dont les élus ne sont pourtant que leurs supposés représentants. Il est certes plus gratifiant pour l'ego des élus de parader avec faste dans l'entre soi au château de Versailles sous couvert de la fable de la représentation politique que de lire le même papier en s'adressant directement aux citoyens dans le studio austère d'une chaîne publique de télévision.

 

Dans la même veine, le président de la République française s'est rendu au Vatican en juin 2018 afin d'officialiser son titre de chanoine honoraire de la Basilique Saint Jean-de-Latran. Pourtant, selon l'article 1er de la constitution de 1958 la République française est proclamée laïque ce qui implique selon le Conseil constitutionnel que "la République ne reconnait aucun culte" et qu'elle "ne salarie aucun culte" (décision n°2012-297 QPC du 21 février 2013).

Politiciens et religieux communient dans le goût du trône et de ses délices. Un des délices les mieux partagés est celui du faste et de l'étiquette. Il est difficile de voir une photographie du président de la République prise à l'Elysée sans en arrière plan la garde en habit d'opérette servant de potiche décorative pour flatter aux frais des contribuables* l'ego bouffi des élus.

 

Mais en acceptant officiellement le titre de chanoine honoraire accordé depuis des siècles aux chefs de l'Etat français, le président de la République reconnait non seulement le culte catholique mais en plus la primauté de celui-ci dans l'ensemble français.

De plus, en vertu du Concordat de 1801, le président de la République nomme les évêques de Metz et de Strasbourg tandis que l'Etat, en vertu du même Concordat, salarie les religieux d'Alsace-Moselle des religions catholique, protestante et israélite. Pour des raisons historiques, les religieux musulmans ne bénéficient pas de l'aide des contribuables pour rémunérer leurs imams. Aujourd'hui, au nom de la laïcité et du respect de l'égalité, il conviendrait non pas d'accorder aux musulmans le bénéfice du Concordat de 1801 mais de dénoncer cet accord archaïque et peu en harmonie avec les principes juridiques actuels, quelles que soient les contorsions juridiques peu glorieuses du Conseil constitutionnel.

 

Ce qui intéresse les politiciens chez les religieux c'est naturellement l'art de manipuler les foules en leur racontant des histoires invraisemblables. En matière d'infantilisation des populations pour mieux les dominer, les religieux sont historiquement de véritables experts. Tous ceux qui ont cherché à berner les citoyens n'ont eu qu'à s'inspirer de leurs méthodes.

En ce qui concerne les boniments et les balivernes, les politiciens se sont aisément élevés au rang des religieux. La fable de la représentation politique par les élus vaut bien la fable de l'Immaculée conception ou celle du dieu tout puissant bien caché au ciel pour surveiller les seuls mammifères bipèdes, arrogants et bavards de la Terre. 

Cependant, en matière de manipulation sociale des citoyens, les élus témoignent encore d'un retard considérable sur les religieux. Déjà, il leur serait aujourd'hui très difficile de faire marcher la jeunesse au pas comme des soldats de plomb aux ordres des élus. Et ils ne sont pas encore parvenus, tout comme le font encore les prêtres à la messe avec les paroissiens, à faire mettre leurs électeurs assis, debout, à genoux, baisser la tête, faire la ronde dans des processions, effectuer une gestuelle bien apprise comme signes de croix et génuflexions, répondre en choeur des réponses toutes faites rédigées par le clergé lui-même et en plus dans une langue qu'ils ne comprennent pas ou même à confesser les électeurs qui n'ont pas voté pour eux et à leur demander en conséquence de faire pénitence...

 

La séparation de l'Eglise et de l'Etat en 1905 n'a pas empêché leur connivence, soutenue par l'admiration des politiciens pour l'art consommé des religieux dans la manipulation des foules, et par la quête des religieux pour une bienveillante complicité des pouvoirs en place. Cette dernière qui hélas s'étend de la mutilation sexuelle des enfants à l'égorgement rituel des animaux en passant par l'endoctrinement religieux des enfants dans les écoles publiques d'Alsace-Moselle est assez peu dénoncée, tant les esprits sont profondément formatés par des siècles de tradition religieuse ayant usé d'ascendance sur les esprits et de coercition sur les corps récalcitrants.

 

Au XXIe siècle, les citoyens n'attendent plus des élus des pièces de théâtre destinées à impressionner le Tiers état mais de la rigueur dans la gestion des fonds publics, de l'efficacité dans l'action politique et de l'humilité dans les comportements. Ce n'est certes pas à Versailles ou à la Basilique romaine que les élus trouveront un modèle historique vertueux.

 

 

* Coût annuel d'environ 280 millions, Cour des Comptes 2013, Référé n°65 368 sur la Garde républicaine.


 
 
 
 
 

L'Eglise catholique et la pédophilie

 

 

Le 14 août 2018 a été publié aux USA un rapport sur les actes de pédophilie commis pendant plusieurs décennies sur des enfants ou des adolescents par les religieux de Pennsylvanie. Trois cent prêtres seraient concernés et plusieurs centaines de mineurs seraient leurs victimes. 

Ces révélations sont la suite d'une longue liste de crimes commis par des religieux catholiques en Australie, en Irlande, au Chili, en France… Le mot "révélation" est sans doute un peu fort tant "les conduites inappropriées" de certains prêtres étaient bien connues de la hiérarchie catholique au moins, et d'une partie de la société et ceci depuis fort longtemps. Voltaire se plaignait déjà en son temps de la mauvaise conduite des jésuites à son égard quand il était leur élève *.

 

Très curieusement, la très grande majorité des victimes semblent être des garçons alors que la fréquentation de l'Eglise apparaît à peu près à parts égales entre les filles et les garçons. Autrement dit, la majorité des violences sexuelles semblent à caractère homosexuel ce qui avait conduit le cardinal Tarcisio Bertone à établir une relation, pour ce qui concerne l'Eglise catholique, entre ces agressions sexuelles et l'homosexualité de ministres du culte (Le Monde, 14/4/2010). D'une manière générale, les médias paraîssent plutôt réticents à aborder le sujet sous cet angle pour ne pas apparaître à contre courant de la glorification permanente de l'homosexualité masculine dans la société occidentale.

 

Le chef de l'Eglise catholique a publié le 20 août une lettre adressée au "peuple de Dieu" (sans doute à côté du peuple de l'Etre suprême, du peuple du père Noël…et dans quelques siècles du peuple de Harry Potter…) pour exprimer honte et repentir alors que les associations de victimes attendent des mesures concrètes pour éradiquer la pédophilie sévissant de manière endémique au sein de l'Eglise.

 

Ces scandales sans fin posent le problème de la relation entre l'enfant et la religion en général, celui-ci n'ayant pas la capacité intellectuelle et mentale de résister à l'endoctrinement par les balivernes des religieux. Or, cet endoctrinement des enfants est déjà une violence, mise en œuvre avec la complicité des parents, ayant eux-mêmes subi une violence identique dans leur enfance. Dans ce cadre, la confession des enfants apparaît comme une pratique abjecte, véritable viol de leur psychisme en construction.

De même, le baptême devrait résulter d'un libre choix des intéressés à leur majorité après étude de la littérature fantastique concernée, par exemple : l'histoire de Shiva à quatre bras, celle de Krishna la guerre et de Vishnou la paix, celle de Boudha le bienheureux, celle de Yahvé succombant au favoritisme, celle de Jésus marchant sur l'eau, celle de Mahomet le prophète, celle de l'Etre suprême…

Car en effet, il sera très difficile à l'adulte d'échapper à la religion imposée dans son enfance qui socialement restera comme une marque indélébile, pour le meilleur et pour le pire notamment en cas de sanction sévère de l'apostasie.

Les mutilations sexuelles des enfants pour des motifs religieux devraient aussi être interdites en raison de leur caractère irréversible, chaque adulte restant libre de se faire mutiler pour satisfaire les désirs extravagants d'un dieu imaginaire. Chacun devine bien que le nombre d'hommes mutilés baisserait considérablement.

 

Plusieurs siècles de culture religieuse ont imprimé à la société une certaine propension à accepter l'inacceptable au nom de pesanteurs sociales lourdes à ébranler. Les pouvoirs laïques des sociétés occidentales font souvent preuve d'une tolérance coupable à l'égard de pratiques religieuses d'un autre âge. De nombreux gouvernants se diront sans doute que leur jouissance du trône et de ses délices vaut bien la mutilation sexuelle de quelques milliers d'enfants ou leur manipulation intellectuelle par l'endoctrinement et l'ascendant des adultes. Or le rôle de l'Etat n'est pas seulement de protéger les enfants à l'égard des sectes mais aussi à l'égard des religions bien établies depuis des siècles. 

La démission des élus dans cette entreprise n'est hélas pas sans rappeler la passivité de l'Eglise catholique dans le traitement radical des agressions sexuelles sur les mineurs **.

 

 

* Voltaire, Pensées végétariennes, éditions Mille-et-une-nuits, 2014, p.55

** La Conférence des Evêques de France a publié en 2010 aux éditions Bayard un ouvrage intitulé "Lutter contre la pédophilie, Repères pour les éducateurs" après une première publication en 2002.


 
 
 
 

Le journalisme haineux et mesquin

 

 

 

Le 5 septembre 2018 le New York Times a publié une tribune rédigée par un membre anonyme de l'administration présidentielle de Donald Trump. Dès le 8 septembre, le quotidien Le Monde en a publié une traduction intégrale (non anonyme) sous le titre : " Je fais partie de la résistance au sein de l'administration Trump".

 

D'un côté, cette tribune souligne à propos de l'administration Trump que "nombre de mesures qu'elle a prises ont d'ores et déjà rendu l'Amérique plus sûre et plus prospère". Et d'ajouter qu'il "y a eu, sur certains points, des avancées brillantes dont la couverture médiatique négative quasi permanente de cette administration n'a pas su rendre compte…" Mais pour hurler avec les loups des médias, l'auteur s'empresse de préciser que ces "réussites ont été acquises en dépit, et non grâce au style de leadership du président…" Mais qui a décidé ? Des conseillers autoproclamés sauveurs de l'Amérique ou le président des Etats-Unis, quel que soit son "style" ?

D'un autre côté, le dossier d'accusation est vide. Face à des conseillers aux opinions variées ce qui ne peut qu'enrichir le débat, le président tranche tantôt en faveur des uns tantôt en faveur des autres. Les perdants semblent ressasser leur acrimonie et se répandent anonymement dans la presse. Tout comme les médias n'aiment pas voir leur favori perdre les élections, les conseillers n'aiment pas perdre un arbitrage. La technostructure aime bien en fait confisquer le pouvoir des élus grâce à la préparation et à la maîtrise technique des dossiers.

Et faut-il rappeler que les cabinets des élus, véritables cours avec tous les coups tordus et les bassesses hérités des courtisans sont de véritables marigots pour crocodiles aguerris qui sont parfois bien plus dangereux que l'autocrate lui-même ?

Selon le dénigreur anonyme, "la racine du problème c'est l'amoralité du président". Mais qu'en est-il de la moralité des USA ? Du génocide des amérindiens à l'agression de l'Irak à l'origine du chaos au Moyen-Orient en passant par l'esclavage des afro-américains, les discriminations raciales jusqu'au milieu du XXe siècle, l'agression du Vietnam et la pollution de son sol à l'agent orange, le soutien aux dictatures sanguinaires d'Amérique du Sud… elle serait longue la liste des absences de moralité de nombreux dirigeants américains successifs.

 

Les médias aiment bien avoir l'impression d'être des faiseurs de rois. Malheurs à ceux qui monteront sur le trône sans leur fervent soutient. Et quant à ceux qui sont sacrés avec la bénédiction des médias, ils risquent fort aussi d'être sous le feu permanent des critiques sitôt la période d'euphorie passée. Une façon de leur rappeler leur dette et de leur faire payer les humiliations subies ensuite face à un pouvoir acquis pour plusieurs années (attentes interminables dans les reportages, parcage des journalistes comme du bétail, refus de rendez-vous…).

 

Les journalistes politiques toujours enclins à dire au peuple qui sont les bons gouvernants et les mauvais gouvernants ont souvent besoin d'objets de fixation de leur haine. Trump en fait les frais (commentaires défavorables sur le "promoteur immobilier", le "milliardaire", le "magnat de l'immobilier", photos défavorables, procès permanent en imprévisibilité malgré la mise en œuvre d'un programme annoncé…) et le Président sait bien rendre coup pour coup tout en passant par-dessus les organes de presse pour communiquer directement avec les citoyens. 

Des médias recrutent des journalistes d'investigation pour fouiller avec acharnement tous les coins de tiroir du passé d'un élu, en quête d'actions ou de propos plus ou moins critiquables. Aucun journaliste donneur de leçons ne résisterait sans doute à un tel processus d'investigation malveillante sur son propre passé.

 

Si la flagornerie des journalistes courtisans discrédite les organes de presse, il en est de même du journalisme haineux et mesquin à l'égard des hommes politiques. Nombreux sont les citoyens qui en réaction ressentent de la compassion pour les victimes de l'acharnement de ces médias.

Les citoyens en général attendent la même modération dans le comportement des journalistes que dans le comportement des élus. Quelle que soit leur prétention, les journalistes ne sont ni les maîtres à penser de l'humanité ni les procureurs autoproclamés de la société. L'information neutre et objective attendue par les citoyens s'accommode assez mal des écrits ou propos aux relents nauséabonds de la haine distillés de façon obsessionnelle dès que le sujet présidentiel américain arrive à l'ordre du jour.

 

 

 

 

 

Le respect de la faune

 

 

Le 30 octobre 2018, le Fonds mondial pour la nature (WWF) a publié son rapport annuel intitulé "Planète vivante". Chacun en retiendra que depuis 40 ans, les populations d'animaux sauvages ont été réduites de 60% environ. Dans le même temps, la population de mammifères humains a presque doublé. L'éléphant d'Afrique, l'orang-outan et le manchot Adélie voient leurs populations fortement diminuer suscitant quelques inquiétudes quant à leur extinction.

La surexploitation des espèces par la pêche, la chasse et le braconnage, la pollution due aux activités humaines industrielles ou agricoles et la destruction des habitats naturels due encore à l'activité humaine conjuguent leurs effets pour acculer lentement à une disparition discrète et tragique les espèces partageant la Terre avec l'être humain 

 

La vanité et l'arrogance de l'homme ainsi que son profond mépris pour toutes les espèces non humaines le conduisent à des comportements lamentables à l'égard de ses colocataires sur Terre. Et il a depuis longtemps construit les beaux discours visant à lui donner bonne conscience que ce soit dans l'humanisme spéciste ou dans les balivernes religieuses tout aussi spécistes.

Et comment demander à l'homme de se comporter dignement dans ses relations avec les animaux si déjà le droit lui donne le pouvoir de chasser des mammifères aussi beaux qu'inoffensifs rien que pour se divertir ? La jouissance sadique éprouvée par exemple dans la chasse à courre avec l'alibi du maintient de l'équilibre entre la faune et la flore montre à quel point l'homme est capable de construire les argumentations intellectuelles les plus fallacieuses pour justifier ses mauvais comportements à l'égard des animaux.

Il en est de même de la corrida où la torture et la mise à mort en public de bovins pour divertir des ennuyés de bien vivre plutôt insouciants avilissent une fois de plus l'humanité si fière de son humanisme cruel et sadique.

En conséquence, tous ceux qui massacrent des animaux pour de l'argent se diront que si déjà on a le droit de les torturer et les tuer rien que pour s'amuser ou distraire des honnêtes gens alors leur activité lucrative n'en est que plus légitime.

 

L'homme confond saccager la nature et l'aménager. Il confond cohabiter avec les autres espèces et les exploiter. Il confond engraisser et égorger des animaux avec le fait de les nourrir et de les soigner. Son égoïsme et son anthropocentrisme obsessionnel l'invitent à se placer au sommet de la hiérarchie des espèces de la Terre et de l'Univers ce qui lui donnerait tous les droits sur la nature et sa faune. 

Il est temps pour l'animal humain de renoncer à son humanisme violent et destructeur au profit d'un mammiférisme paisible et bienveillant. C'est sans doute dans ce renoncement tant attendu que le règne animal trouvera enfin le salut.

 

 

 

 

Le peuple bâillonné :

 la souffrance sociale sans voix

 

 

En novembre 2018 a démarré une contestation sociale appelée "gilets jaunes" suite notamment à la hausse des prix du carburant (essence et gasoil) et du fioul domestique (environ 30% d'augmentation pour ce dernier). La baisse de la taxe d'habitation présentée comme devant redonner du pouvoir d'achat aux plus modestes est largement annulée par la hausse des prix de l'énergie et de l'alimentation, dépenses quotidiennes incontournables.

 

Les citoyens sont invités à s'exprimer lors des élections nationales tous les cinq ans. Dans l'intervalle, ceux-ci sont dépourvus de tous moyens d'action efficaces. Ils sont seulement invités à contacter leurs soi-disant représentants (maires, parlementaires, responsables syndicaux, membres autoproclamés de la "société civile"… et pourquoi pas leur rabbin, leur curé ou leur imam) ou à signer des pétitions sans aucun effets contraignants.

De plus en plus de citoyens s'aperçoivent que la représentation n'est qu'une fable visant à faire remonter dans les mains d'une minorité influente les leviers du pouvoir de l'Etat. Déclaré souverain dans de belles théories élaborées par l'élite, le peuple n'a pas d'autre choix que de remettre son pouvoir de décision, sans disposer d'un droit de révocation de ses élus ou d'un droit de défaire par un référendum d'initiative populaire une décision désapprouvée par une grande majorité de citoyens.

Cette lucidité sur le fonctionnement du système dit de la représentation se traduit d'ailleurs par des taux d'abstention très élevés lors de la désignation des assemblées pseudo représentatives.

 

Dans la comédie de la représentation, les citoyens contestataires s'en remettent traditionnellement aux syndicats (plutôt peu représentatifs - environ 11% de syndiqués en France) pour organiser avec le concours des pouvoirs publics des contestations de rue où les manifestants n'auront que le pouvoir de marcher, éructer des slogans bien cadrés par les responsables syndicaux et une fois bien épuisés, rentrer en ordre à la maison et reprendre le travail. Dans la plupart des cas, ces promenades de santé bien sonores n'auront aucune incidence sur les décisions des responsables politiques. Ces derniers s'en accommodent fort bien pourvu que cela ne remette pas en cause leur domination et celle de leurs alliés. 

Par ailleurs, ce folklore syndical flatte la vanité des responsables syndicaux en tête de cortège sur la photo, avec en arrière plan pour le décor valorisant, le troupeau qu'ils canalisent s'époumonant dans un vacarme assourdissant. Il laisse aussi l'illusion aux manifestants d'avoir participer au bon fonctionnement des institutions démocratiques, en nombre plus ou moins important selon les estimations généreuses des syndicats ou selon celles de la police toujours plus faibles.

 

Faute de confiance dans de soi-disant représentants, les "gilets jaunes" s'auto-organisent eux-mêmes à travers les réseaux sociaux pour mener des actions aussi irrationnelles qu'inefficaces : entraver la libre circulation des citoyens sur la voie publique et affaiblir l'économie nationale. Ces actions sont non seulement illégales mais en plus d'une grande sottise. Ajouter de la souffrance à ceux qui souffrent déjà pour tenter d'émouvoir les décideurs politiques est complètement irrationnel d'où des réactions violentes de personnes empêchées de circuler. Les citoyens s'en prennent à eux-mêmes comme si des malades en rendaient d'autres encore plus malades pour faire pression sur le corps médical.

Et en créant le désordre, ils attirent les spécialistes de la violence de rue et les pilleurs amateurs, agressant policiers et pompiers, brûlant voitures et magasins, pillant tout commerce dont la vitrine est éventrée.

 

Or, les responsables de la souffrance sociale sont naturellement les décideurs politiques et non pas les honnêtes gens qui n'ont pas besoin d'entrave à la circulation pour compliquer leur vie déjà difficile. Il y a une espèce de veulerie à s'en prendre aux plus faibles en s'épargnant de compliquer la vie des puissants. Certes, les fauteurs de troubles se prévaleront d'un large soutien populaire mais celui-ci concerne la contestation de la baisse du pouvoir d'achat et non pas les moyens illégaux et chaotiques mis en œuvre pour gâcher encore plus la vie des citoyens.

 

Pour corriger de façon efficace l'anomalie de la pseudo représentation dans le système démocratique, il appartient aux citoyens de refuser de participer aux élections à quelque niveau que ce soit tant que ceux-ci ne disposent pas d'un droit de révocation de leurs élus et d'une procédure de référendum d'initiative populaire au niveau législatif et constitutionnel permettant de cadrer souverainement les décisions de représentants qui à peine élus ont parfois tendance à oublier quel est en démocratie le véritable détenteur du pouvoir.

 

 

 

 

Saboter le référendum d'initiative populaire :

 les élites en ordre de bataille

 

 

 

Le 17 décembre 2018, le premier ministre n'a pas fermé la porte à un débat sur le référendum d'initiative citoyenne*. Cette prise de position fait suite à une forte agitation sociale spontanée menée par les "gilets jaunes", marque d'une grande défiance à l'égard de la démocratie dite représentative. De plus en plus de citoyens se rendent compte que la représentation est une fable savamment contée par les dirigeants et leurs alliés pour faire remonter le pouvoir de décision politique dans les mains de quelques décideurs. Les citoyens se voient spoliés de leur pouvoir souverain et ne peuvent que désigner tous les cinq ans ceux qui prendront les décisions à leur place sans aucun moyen de mettre fin à leur fonction ou de modifier une décision qui ne leur convient pas.

 

Les élites (d'une manière générale les élus, les intellectuels, la haute fonction publique et les journalistes…) s'opposeront vigoureusement à tout système de démocratie directe leur retirant des mains, même partiellement, le pouvoir de toujours décider pour la multitude, au prétexte fallacieux de représentation, de savoir, de compétence et de sagesse. Elles préfèreraient l'idée d'une démocratie "participative" dans laquelle on invite les citoyens à vider leur sac dans des réunions appelées "états généraux", "cahiers de doléances", "tables rondes", "grand débat national"… et où au final les gouvernants décident librement après avoir joué la comédie de l'écoute et de la concertation.

 

Quant à la démocratie directe, leur entreprise de sabotage se concentrera sur trois leviers :

 

Le premier concerne le nombre de signatures nécessaires pour enclencher la procédure référendaire. Dans le pseudo référendum d'initiative populaire introduit en 2008 dans l'article 11 de la constitution, il faut la signature d'un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales soit environ 4,5 millions de signatures**. Non seulement ce nombre est exagérément élevé mais en plus, il ne s'agit pas d'un référendum d'initiative populaire malgré l'appellation complaisamment accordée par de nombreux médias pour tromper les citoyens (et sans que les décodeurs ne s'en émeuvent…) mais d'un référendum d'initiative parlementaire, puisque la procédure doit être initiée par un cinquième des membres du parlement. Les signatures des citoyens ne sont qu'un soutien et aucunement une initiative. Il n'y a donc pas non plus d'initiative "partagée".

Les parlementaires disposent ainsi du verrou de l'initiative et ils disposent en outre d'un second verrou car il suffit au parlement "d'examiner" dans un certain délai la proposition de loi référendaire pour que le président de la république ne puisse plus la soumettre à référendum. Pour le moins, en votant en 2008 ce texte, les parlementaires se sont bien moqués du peuple français.***

 

Le deuxième levier concerne les domaines dans lesquels pourraient intervenir un tel référendum. Les élites sont terrorisées à l'idée que leurs directives ne seraient pas suivies, voire même leurs avantages et leurs privilèges remis en cause (suppression du sénat, suppression du régime dérogatoire de retraite des parlementaires…). Elles ne manqueront pas d'attiser des peurs au motif que le peuple serait beaucoup moins "sage" et "éclairé" que les élites. Mais d'une part, la compétence technique de l'élite doit se mettre au service du peuple et non exclusivement à celui de l'élite, et d'autre part cette compétence doit s'exercer sur les moyens de parvenir aux buts fixés souverainement par le peuple en fonction de la société dans laquelle il souhaite vivre et non sur la détermination unilatérale et autoritaire des buts par l'élite.

Ainsi, démagogie, populisme, bas instincts… seront sans cesse évoqués pour brider le pouvoir de décision du peuple. Pourtant, il suffit de regarder l'histoire du XXe siècle pour se rendre compte qu'il ne serait pas très difficile au peuple de faire mieux que "l'élite" qui avec son latin, son grec et son baccalauréat qui valait beaucoup mieux que celui d'aujourd'hui a conduit par deux fois le peuple tant méprisé dans le gouffre. La même élite n'a pas brillé non plus dans la conduite de la décolonisation dont la procédure tragique n'est pas due à une sorte de calamité naturelle tombée du ciel mais à la hargne aveugle et arrogante de dirigeants enfermés dans leurs certitudes.

A coup sûr, le peuple dans son ensemble, bien cadré par la procédure de la loi référendaire est moins dangereux que l'élite toujours livrée à des factions agissantes et des lobbys puissants dans le système de la démocratie dite représentative. Les visiteurs du soir en quête parfois menaçante d'influence ne fréquentent que les palais. Les chaumières sont beaucoup trop nombreuses et… méprisables.

Le troisième levier concerne le contrôle sur le fond des décisions du peuple de France, en l'occurrence par le Conseil constitutionnel, institution aussi contestable dans sa composition peu démocratique que dans sa propension à créer du droit constitutionnel au nom du peuple français. Des intellectuels tonneront avec grandiloquence du haut de leur très haute importance autoproclamée, et avec force citations en grec et en latin afin d'impressionner la boulangère, pour que soit par exemple vérifiée la conformité du texte référendaire à la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, déclaration faite à l'époque sous les auspices de l'Etre Suprême. Beaucoup d'intellectuels ou d'élus se prendront alors pour l'Etre Suprême et avec leur mentalité de commissaires politiques se voulant prescripteurs d'opinions pour le peuple et pour toute l'humanité voudront imposer au peuple français leurs idées et leurs principes.

Faut-il leur rappeler que la dite déclaration de 1789 n'a valeur juridique que parce que le peuple français l'a acceptée. Et celle-ci dispose dans son article 6 que "la Loi est l'expression de la volonté générale" (et non pas celle de l'élite parisienne) et que "tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement" à sa formation, ou en second lieu c'est-à-dire à défaut selon l'ordre d'énumération, "par leurs Représentants" ?

 

Les élites françaises ont transformé la démocratie représentative en gouvernement du peuple, par l'élite et pour l'élite au lieu d'être fidèles au schéma du gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Le mépris de l'élite pour le peuple se traduit bien dans la consonance négative accordée à l'adjectif "populaire" alors que l'adjectif "élitiste" serait très valorisant.

"Peuple", "populace", "populisme" : les partisans d'un véritable référendum d'initiative populaire, procédure qui devrait se décliner à tous les niveaux des collectivités territoriales, auront du mal à lutter contre la phobie de l'élite pour cette trilogie diabolique à ses yeux.

 

 

 

* Les Echos, 17 décembre 2018. 

Le terme initiative "citoyenne" effraie moins l'élite que le terme initiative "populaire". L'élite saura vite créer des devoirs aux citoyens comme par exemple participer à l'élection de "représentants" qui leur prendront leur pouvoir et leur feront financer les délices du trône des élus. Alors que le peuple lui paraît plutôt incontrôlable et menaçant.

 

** Le projet de loi constitutionnelle inabouti de François Mitterand en 1993 (n°232, Sénat, 1993) prévoyait un référendum d'initiative populaire devant récolter les signatures d'au moins un cinquième des inscrits dans tous les départements et territoires (soit aujourd'hui environ 9 millions de signatures !). Il y avait donc un double verrou : le nombre de signatures et la répartition géographique des signatures. Ce projet était sans doute l'ultime boutade d'un élu victime d'une très longue addiction aux jeux délétères du parlementarisme spoliateur sous couvert de démocratie dite représentative.

 

*** La même année le parlement n'a pas tenu compte de l'avis négatif exprimé par les Français lors du référendum de 2005 sur le Traité européen de Nice en adoptant la copie sensiblement identique du traité de Lisbonne.

 

                                                                                                                                                               

 
 

 
 


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