Le Grand Débat National :
faire la ronde
et rentrer sagement à la maison
Le 15 janvier 2019, le gouvernement a mis en place pour deux mois un grand débat national sous l'autorité de la présidente de la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) afin de trouver une issue à une révolte populaire persistante, caractérisée notamment par des manifestations plus ou moins violentes de personnes revêtues d'un gilet jaune fluorescent. Une polémique naquit aussitôt suite à la publication du salaire de la présidente de cette autorité financée par les contribuables (14 000 euros mensuels environ). En conséquence de quoi, la présidente concernée a démissionné de la présidence du Grand Débat National mais pas de la présidence fort lucrative de la CNDP.
Déjà, cet épisode a plutôt mis de l'huile sur le feu en rappelant aux contribuables accablés d'impôts l'existence des nombreux comités "Théodule" aussi inutiles pour le bien commun que coûteux pour les finances publiques, la seule fonction de ces organismes étant pour les élus de pouvoir distribuer dans l'entre soi des prébendes aux proches du pouvoir.
Les citoyens un peu trop râleurs au goût du pouvoir politique sont donc invités à débattre de sujets dont le président de la république lui-même s'est empressé de délimiter les contours dans une lettre à tous les Français. Par exemple, à propos du Sénat et du Conseil économique, social et environnemental le président demande : "Faut-il les transformer et comment ?" Si l'écoute du gouvernement avait été vraiment ouverte et respectueuse des citoyens, la question aurait du être : "Faut-il les transformer ou les supprimer ?" (environ 400 millions d'euros d'économie annuelle sans que les citoyens ne s'aperçoivent réellement de leur disparition, à l'exception des prébendiers concernés).
La conception par les élus de la démocratie dite participative est bien connue : donner la parole aux citoyens dans le cadre formel ou informel de structures dépourvues de tout pouvoir décisionnel. Il s'agit seulement de "consulter" les citoyens en leur faisant croire qu'ils participent au processus décisionnel alors qu'en fait ils ne participent qu'à un jeu de rôle leur permettant de "vider leur sac" et se bercer de l'illusion qu'ils seront entendus.
Quand déjà les citoyens se sentent bernés par leur soi disant représentants, ce n'est pas en les bernant une fois de plus avec le hochet de la démocratie participative que les élus pourront améliorer leur image déplorable dans la population.*
Que ce soit les cahiers de doléances ouverts dans les mairies, les débats organisés un peu partout sur le territoire national, les débats dans les médias ou sur les réseaux sociaux, on ne voit pas très bien qui peut avoir réellement l'expertise pour faire la synthèse des idées de 45 millions d'électeurs virtuellement concernés.
Le seul moyen honnête pour connaître l'avis de millions de citoyens sur un sujet précis c'est naturellement le référendum. Après, il suffit de compter les voix et non pas de trier tendancieusement les sujet évoqués, agités ou effleurés dans le "Café du Commerce" d'un grand débat national dont le seul but est d'inciter une minorité agissante à rentrer sagement à la maison
"Faut-il accroître le recours aux référendums et qui doit en avoir l'initiative ?" demande le président de la république dans sa lettre aux Français. S'il veut vraiment le savoir, nul besoin de ce grand débat national. Il suffit au président de poser par référendum la question suivante : "Etes-vous favorable au référendum d'initiative populaire ?" Encore conviendrait-il d'y ajouter les grandes lignes de la procédure référendaire à venir pour ne pas avoir la mauvaise surprise de découvrir que le pouvoir politique en restreint considérablement la portée par le nombre de signatures nécessaires pour déclencher la procédure, les thèmes ouverts à référendum, le contrôle sur le fond du thème retenu par le peuple lui-même ou par un double verrou parlementaire (initiative + examen du texte) comme dans la procédure humiliante pour le peuple instaurée en 2008.
Finalement, dans ce Grand Débat National seuls les journalistes et quelques élus sont tout frétillants d'aise à l'idée de faire des moulinets à l'infini sur le sujet, sans oublier naturellement les "experts" en général maternés à vie dans le statut de la fonction publique qui se garderont bien par solidarité sociale avec l'élite de faire la promotion du référendum d'initiative populaire. Certains, par flagornerie se prononceront pourtant en faveur d'une telle procédure mais avec de telles limitations que celle-ci en est totalement vidée de sa substance démocratique. En toute honnêteté, ils devraient plutôt dire qu'ils sont contre, comme à peu près toute "l'élite" à laquelle ils appartiennent.
Ceux qui par la fable de la représentation ont spolié le peuple de son pouvoir souverain ne manifesteront aucune envie de partager ce pouvoir avec le peuple infantilisé une fois de plus par les mirages d'un grand débat national qui n'est qu'un instrument de domination et de manipulation.
La seule issue légale, non violente et efficace pour le peuple souverain sans cesse humilié consiste à ne pas participer à l'élection de représentants tant que celui-ci ne dispose pas d'un droit d'initiative crédible en matière référendaire.
* CEVIPOF janvier 2019, Baromètre de la confiance en politique :
Confiance dans les partis politiques 9%, les syndicats 27%, les medias 23%.
Confiance dans les maires 58%, les conseillers départementaux 38%, les conseillers régionaux 36%, les députés 31%, les députés européens 23%.
Malaise dans l'agriculture
Le 23 février 2019 s'est ouvert à Paris le 56e Salon International de l'Agriculture. A côté de l'inauguration par le Président de la République donnant lieu à un véritable concours d'heures de présence dans les allées du salon pour flatter électoralement le monde agricole, se pose le problème de l'inconfort grandissant des agriculteurs dans une société de plus en plus vigilante à l'égard du rapport de l'homme à la faune et à la flore.
En ce qui concerne les animaux, une profusion de publications et de sujets traités dans les médias attirent l'attention des consommateurs de viande non seulement sur la maltraitance animale dans les élevages industriels et lors des abattages rituels ou non dans des abattoirs pas toujours enclins à respecter la réglementation* mais en plus sur la légitimité même de l'activité consistant à engraisser rapidement des animaux pour les égorger et vendre des morceaux de leur cadavre. L'animal n'est pas un produit mais un être vivant doué de sensibilité. De nombreux consommateurs ne veulent plus être complices d'une chaîne de souffrances démesurées. Un fort courant végétarien (régime alimentaire sans viande et sans poisson) et à une moindre mesure végétalien (suppression en plus de tout produit d'origine animale entrainant son exploitation dans des conditions peu reluisantes, tels que les oeufs, le lait, le beurre…) initient une démarche critique à l'égard de l'exploitation cruelle des animaux.
A cette critique permanente et documentée qui dans un premier temps suscite colère et incompréhension du monde agricole vient s'ajouter le coup de grâce des études de santé invitant à modérer la consommation de viande notamment au profit de céréales et légumineuses fortement protéinées. Après le réflexe défensif de la colère rôdent alors la mauvaise conscience et la culpabilité bien naturelles chez le mammifère humain pour tous les beaux regards des autres mammifères éteints si cruellement. On observera que lors des nombreux suicides au sein du monde agricole, la part dans le passage à l'acte de cette culpabilité plutôt déniée est assez peu documentée.
Force est de constater que la réaction sociale aux mauvais traitements infligés aux animaux d'élevage provient des excès indignes de l'élevage et de l'abattage industriels. Le retour aux champs serait sans doute de nature à atténuer les critiques mais encore faudrait-il lutter de façon efficace contre l'artificialisation déraisonnable des sols pour laisser de l'espace aux animaux. Et rien n'indique que l'instauration d'abattoirs mobiles évitant le stress du déplacement aux animaux serait de nature à améliorer les pratiques de l'abattage car s'il est relativement aisé de contrôler des abattoirs fixes et peu nombreux, il sera très difficile de contrôler la multiplication des abattoirs mobiles se rendant dans les exploitations pour la mise à mort*. Et le souhait légitime de nombreux éleveurs de rester à distance de la mise à mort pour ne garder à l'esprit que l'image poétique de bêtes aussi belles qu'inoffensives broutant l'herbe de prairies bien vertes peut être aussi de nature à ne pas favoriser le développement de ces camions de la mort à domicile.
En ce qui concerne la production végétale, les critiques récurrentes mises en avant par les médias soulignant l'utilisation massive de produits chimiques nuisibles à la santé du consommateur (qui est irresponsable) et accessoirement à celle du producteur (qui lui est responsable) ajoutent au malaise né de la relation violente avec les animaux. Dans ce schéma, le consommateur paye des impôts pour financer les aides à la production agricole et il paye une seconde fois pour acquérir le produit comestible de cette activité. Si en plus ce produit est délétère pour sa santé en raison des pesticides déversés dessus sans discernement par le producteur chacun comprend bien ses fortes réserves sur l'agriculture et ses agents. Ceci explique en grande partie l'engouement pour les produits dits "bio" censés non seulement préserver la santé mais en plus l'environnement.
L'argument selon lequel sans porter atteinte à la santé des consommateurs contribuables par les pesticides les agriculteurs ne pourraient pas dégager suffisamment de profits pour vivre ne peut qu'aggraver la mésentente entre les producteurs et les consommateurs. La survie d'un certain type d'agriculture polluante ne justifie en rien la mise en danger de la santé des consommateurs.
En conséquence, il appartient à l'Etat de prendre toutes les mesures pour assurer un maximum de dignité humaine dans le rapport animal humain/animal non humain et pour protéger la santé des consommateurs et l'environnement notamment pour les générations futures.
Et les agriculteurs en difficulté suite à ces contraintes nouvelles doivent être aidés fermement par la collectivité toute entière pour assurer le respect continu de ces deux exigences sur le long terme.
* Assemblée nationale, Rapport n°4038 du 20 septembre 2016 sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français.
Débattre : contredire et ne pas lyncher
Débattre consiste à ce que des personnes d'opinions plus ou moins différentes échangent leurs arguments sur un même sujet. A chaque argument peut survenir un contre argument et si le débat est abordé avec un esprit ouvert et dans le respect mutuel, un interlocuteur peut se laisser convaincre et changer d'opinion à la suite des échanges. Le débat a pour but de faire mûrir les arguments des uns et des autres et approfondir la réflexion du groupe. Intellectuellement, il n'y a pas de plus grand plaisir que d'être contredit avec intelligence. Le Grand Débat National répond-il à cette dynamique ?
Les prestations du Président de la République semblent beaucoup plus relever du numéro d'acteur infatigable rejouant à l'envi le grand oral de l'ENA sous le regard émerveillé de son professeur de théâtre. Répondre plus ou moins à des questions quels qu'en soient les auteurs ce n'est pas débattre, pas plus que rebondir brillamment sur les doléances des citoyens. Il est vrai que déjà au parlement, le débat se réduit souvent à une suite de lectures de textes à la tribune dans un temps minuté, les chefs de groupes politiques ayant d'emblée invité fermement leurs adhérents à suivre les directives du parti. Mais si le parlement "débat" c'est pour au final décider. Or il est demandé en urgence aux citoyens de débattre pour "vider leur sac" et faire tomber la tension sociale mais surtout pas pour décider.
Certes, même si "toutes les paroles ne se valent pas" tout invite à ne pas confondre les grands choix de société qui doivent être opérés par les citoyens eux-mêmes et les moyens d'y parvenir pour lesquels l'élite pourrait avoir une certaine expertise.
Le seul moyen de favoriser des débats ouverts et non stériles est de donner aux citoyens l'initiative en matière de référendum pour qu'ils puissent enfin décider de la société dans laquelle ils veulent vivre. Il est révolu le temps où le défaut de moyens techniques de communication donnait, faute de mieux, une apparence de crédibilité aux soi disant représentants.
Le rêve de l'élite est de toujours museler le peuple pour décider à sa place des politiques à mettre en œuvre. Certains membres de cette élite témoignent d'ailleurs d'une véritable structure psychologique de "commissaire politique" voulant imposer par la contrainte leur point de vue. Cette contrainte utilise sans vergogne la haine et le mépris des contradicteurs qui leur déplaisent, la censure par omission des informations qui desservent leur cause, la mauvaise foi et le mensonge pour tenter d'empêcher tout débat honnête et ouvert. Cette volonté d'imposer ses modes de pensée aux autres par des moyens non démocratiques peut aller jusqu'au lynchage médiatique, au lynchage judiciaire et au lynchage professionnel. Les esprits arrogants et violents trouveront plus facile de critiquer la personne plutôt que de contredire de façon argumentée ses idées. Or débattre c'est contredire et non pas lyncher.
Contredire peut éloigner durablement des idées ainsi fragilisées alors qu'au contraire lyncher peut au final susciter doute et compassion pour la victime du lynchage permanent dont la résilience peut aussi faire naître une certaine admiration. Il vaut toujours mieux montrer en quoi son interlocuteur a tort plutôt que d'aboyer comme les chiens de garde idéologiques du verrouillage de la pensée.
La tolérance, le respect d'autrui et la primauté de l'intérêt général sur les intérêts particuliers sont de nature à favoriser un débat serein. Il appartient déjà à "l'élite" de montrer l'exemple.
Défense des monuments historiques,
Défense des animaux
Le 15 avril 2019, une partie de la cathédrale Notre-Dame de Paris a été détruite par un incendie. Aussitôt, de grandes fortunes de France et de nombreux donateurs se sont engagés sur des dons pour plusieurs centaines de millions d'euros. En raison de l'ampleur de ces dons, quelques voix se sont timidement élevées pour souligner la promptitude à défendre de vieilles pierres et la réticence supposée à défendre la cause des pauvres gens.
Les défenseurs des animaux sont sans cesse confrontés à cette objection mais avec un caractère beaucoup plus systématique et plus violent. Il serait indigne de consacrer beaucoup d'énergie à défendre la cause animale mais il serait noble de défendre le maintien en bon état des monuments historiques. Pourtant, tout le monde peut casser une vieille pierre sans états d'âme mais très peu d'humains peuvent égorger un animal sans se faire violence. La défense de l'animal se ferait au détriment de la cause des pauvres et des opprimés mais pas la défense des vieilles pierres.
En général, ceux qui critiquent le choix de la défense des animaux trahissent inconsciemment leur mauvaise conscience de ne rien faire, ni pour les animaux ni pour les humains. Et ils trahissent en plus leur mauvaise conscience de consommer des cadavres d'animaux ayant souffert le martyre en élevage industriel. Faut-il rappeler que ceux qui militent en faveur de la cause animale défendent surtout la cause de la dignité humaine dans ses relations avec les autres créatures de la terre qui naturellement ne sont pas des objets à la disposition du mépris, du sadisme et de la cupidité inégalables dans toute la création de l'animal humain ?
Quant à la défense des monuments historiques, ceux comme la cathédrale Notre-Dame à Paris sont évidemment le symbole de la vanité humaine, de l'asservissement des esprits et des corps au profit d'une classe dirigeante. Déjà en honorant des monuments historiques, l'homme honore vaniteusement son œuvre qui selon lui serait bien supérieure à celle de la nature matérialisée dans les animaux.
La vanité s'exprime aussi dans la démesure de constructions architecturales. Et plus la construction est démesurée et impressionnante pour les pauvres gens, plus l'existence de dieu est censée être vraie. Or, pour de nombreux ascètes, la spiritualité est inversement proportionnelle à la taille des symboles réputés la représenter. Et les mains qui aident y sont toujours plus saintes que les lèvres qui prient.
En fait, la cathédrale, maison de l'évêque, est d'abord le symbole de l'asservissement des foules par toutes les balivernes racontées depuis des siècles et des siècles par les religieux. Il faut à ces derniers sans cesse impressionner et infantiliser pour mieux dominer les esprits et les corps y compris par la violence pour les plus récalcitrants. La cathédrale est certes aussi la maison des fidèles mais pour se prosterner, faire la ronde aux ordres des religieux, se mettre assis, debout, baisser la tête, à genoux, répondre en chœur aux fables du curé, faire le signe de croix ou la génuflexion, se confesser…, bref affirmer courtoisement sa soumission. Chacun imagine bien la vive sympathie des riches donateurs pour cette infantilisation du peuple de nature à asseoir durablement leur domination.
Et tout comme les fidèles étaient invités à croire ou au moins faire semblant de croire à un dieu tout puissant sous peine de sanctions pouvant aller jusqu'au bûcher, les citoyens sont eux aussi, sur les mêmes schémas mentaux de domination et de manipulation s'appuyant sur les vieilles pierres, invités à croire à la fable de la représentation politique qui les dépouille complètement de leur pouvoir souverain.
Elle sera encore longue la route de l'émancipation car seul le référendum d'initiative populaire peut briser les chaînes de la soumission aux élus et à leurs alliés, soumission garantie depuis bien trop longtemps par la fable de la représentation.
La mise en scène de la fable européenne
de la représentation
Le 26 mai 2019 se sont déroulé en France métropolitaine les élections au parlement européen au scrutin de liste à la proportionnelle. 34 listes nationales étaient en compétition pour élire 74 députés et seulement 6 listes ont franchi la barre des 5% pour obtenir des élus et seulement 8 ont franchi la barre des 3% pour obtenir un remboursement des frais de campagne. Il est demandé aux citoyens de faire au moins semblant de croire qu'ils seront représentés au niveau de l'Union Européenne.
Curieusement, 74 députés peuvent représenter tous les citoyens français au niveau européen alors qu'il en faut 577 pour les représenter au niveau national. Pour une population de 67 millions d'habitants cela donne un représentant à Bruxelles pour 905 000 habitants environ mais un représentant à Paris pour 116 000 habitants environ.
On retrouve les mêmes disparités entre pays de l'Union puisque un député européen de Malte représente 79 000 habitants environ mais un député allemand représente 864 000 habitants environ. Sauf à penser que certains députés sont beaucoup plus performants que d'autres dans l'aptitude à représenter leurs concitoyens, il apparaît bien que les chiffres sont sortis d'un chapeau et que cela n'a au fond aucune importance puisque de toute façon la représentation par des assemblées dites représentatives est grandement fictive.
La fiction est accrue par le fait que l'électeur français n'a même pas le choix des candidats puisque les listes sont bloquées, l'ordre des candidats ne pouvant être modifié comme dans le système du vote préférentiel. En conséquence, le citoyen vote pour une tête de liste ou un sac dont l'étiquette importe plus que le contenu. Or l'étiquette, c'est-à-dire le programme, est déterminé par des conseillers en communication peu soucieux de l'intérêt général mais bien indemnisés pour tenter de faire élire leurs clients.
Pourtant, 18 Etats de l'Union offrent la possibilité d'un vote préférentiel. Le Luxembourg offre même la possibilité du panachage de candidats entre les différentes listes. La France et ses élites, toujours promptes à donner des leçons de démocratie au monde entier auraient beaucoup à apprendre en matière de liberté électorale de la part de ses voisins de l'Union.
L'électeur français est d'autant plus bridé dans ses choix que la parité hommes/femmes oblige non seulement chaque liste à présenter autant de femmes que d'hommes mais en plus dans le cadre d'une alternance stricte. La parité à la française est une violence faite au corps électoral et ceci d'autant plus que les femmes, majoritaires dans le corps électoral, sont les premières responsables de la surreprésentation des hommes puisqu'elles votent massivement pour eux. Par ailleurs, la parité est injuste en ce qu'elle empêche les femmes d'être plus nombreuses que les hommes.
8 pays de l'Union ont établi des quotas de femmes mais seulement 2 avec la parité qui au final limite potentiellement le nombre de femmes élues tandis que les 6 autres n'ont établi que des quotas minimum de femmes.
Malgré presque 40 ans de dénigrement agressif, de haine, de lynchage médiatique et judiciaire, et d'ostracisme par de nombreux médias, le Rassemblement National arrive, pour la deuxième élection européenne consécutive, en tête des résultats (23,3% des suffrages exprimés). Il est clair que pour beaucoup d'électeurs ces dénigrements permanents des personnes ont perdu toute crédibilité. Ceci devrait interroger tous ceux qui veulent réellement lutter contre certaines idées du Rassemblement National. Une critique sereine et argumentée des idées vaut toujours mieux qu'une stigmatisation permanente et hargneuse des personnes.
De son côté, le parti Animaliste arrive en 11e position avec 2,2% des suffrages exprimés talonnant le PCF et l'UDI. Malgré des moyens limités, il récolte néanmoins 490 570 voix ce qui semble prometteur non seulement pour tous les animaux aussi beaux qu'inoffensifs souffrant le martyre dans les élevages industriels, les transports ou les abattoirs, mais aussi pour la dignité humaine.
Enfin, les heureux élus ont obtenu un emploi assez difficile à trouver sur le marché du travail : 6824 euros net mensuels plus 4513 euros mensuels pour leurs frais auxquels s'ajoute une enveloppe de 24 940 euros mensuels pour recruter des collaborateurs. Et cerise sur le gâteau, une indemnité supplémentaire de 320 euros par jour de présence aux activités officielles à Strasbourg ou à Bruxelles leur est accordée. Même la CGT n'avait pas pensé réclamer une telle indemnité de présence au travail pour les ouvriers des usines…
Les prébendiers vont pouvoir maintenant jouir en toute tranquillité de leur statut et jouer la comédie de la représentation. Ils ne devraient cependant pas oublier que presque un électeur/contribuable sur deux a préféré avec lucidité ne pas cautionner un système aussi extravagant basé sur la fable tant rabâchée de la représentation politique.
Embrigader la jeunesse : le Service National Universel
En juin 2019 a eu lieu à titre expérimental dans un certain nombre de départements la mise en place du Service National Universel s'adressant aux jeunes de 15/16 ans, dans un premier temps sur la base du volontariat. A terme, l'ambition du gouvernement est de contraindre 800 000 jeunes environ à jouer la pièce de théâtre de la cohésion nationale. Deux périodes de quinze jours devraient permettre aux futurs citoyens de s'imprégner des valeurs de la république et en conséquence de souder la communauté nationale autour de ces valeurs.
Les gouvernants laïques ont bien compris comment les religieux avaient réussi pendant des siècles à infantiliser la population en s'en prenant d'emblée aux enfants, y compris par la pratique abjecte de la confession. En effet, le formatage précoce de leur esprit ne pouvait ensuite que susciter des résistances salutaires pour le pouvoir face à toute contestation des balivernes apprises dès l'enfance. Aujourd'hui, l'école de la République dispose pourtant des enfants dès l'âge de trois ans et fixe librement le contenu du formatage intellectuel à leur infliger.
Mais cette disponibilité ne lui suffit pas. Il lui faut en plus en rajouter une couche à l'adolescence -âge favorable à la rébellion- en obligeant tous ces jeunes au sang pur et en uniforme à chanter "qu'un sang impur abreuve nos sillons" devant un morceau de tissu bariolé faseyant au gré du vent.
Les dirigeants sont terrorisés à l'idée que les jeunes citoyens pourraient un jour remettre en cause leur conception de la démocratie dite représentative qui leur permet depuis des siècles de spolier le peuple souverain de son pouvoir de décision politique. Après le Grand Débat National pour permettre aux mécontents de vider leur sac et leur laisser croire qu'ils seront écoutés, le Service National Universel pour tenter de canaliser la déception des jeunes de plus en plus lucides sur la nature du système politique dénaturant la démocratie conçue comme "gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple" en "gouvernement du peuple par l'élite et pour l'élite et ses alliés".
Certes, la deuxième période de deux semaines consacrée à une mission d'intérêt général chez les pompiers, un club sportif, un Ephad, un chantier de restauration du patrimoine… n'est pas dénuée d'intérêt. Mais il aurait mieux valu confier à l'Education Nationale le soin de mettre en place ces stages dans le cadre de son enseignement, tout en lui confiant les 1,7 milliards d'euros annuels prévus à terme pour financer le SNU.
De plus, aucun jeune écolier, collégien ou lycéen ne devrait être privé de vacances à l'extérieur de son cadre de vie habituelle. Il n'est pas normal que des jeunes de familles aux revenus modestes en soient réduits à tuer le temps des vacances scolaires dans un désoeuvrement délétère entre leurs barres d'immeubles pleines de grisaille. Il appartient aux pouvoirs publics de leur offrir des séjours de découverte en pleine nature autrefois appelés "colonies de vacances".
Ces séjours agissent utilement sur la santé et la cohésion sociale tandis que la découverte des paysages, de la faune et de la flore invitera les futurs adultes à d'autant plus les protéger qu'ils en auront appréciés les charmes insoupçonnés dans leur jeunesse. Découvrir la nature sublime et la respecter est quand même plus intelligent que d'éructer un chant guerrier pour faire plaisir à l'élite parisienne inquiète pour la pérennité de sa domination.
Grève de la remise de notes :
des fonctionnaires minables
Début juillet 2019, les résultats du baccalauréat ont été perturbés par la grève menée par une minorité d'enseignants correcteurs refusant de remettre les notes des copies dont ils avaient en charge la correction. Il s'agissait pour eux de contester des projets de réformes de l'Education nationale annoncés par le gouvernement.
Environ 700 correcteurs grévistes sur 175 000 convoqués ont bassement gâché la vie de 4% environ des candidats. Les notes furent finalement remises tardivement par les grévistes sans aucun acquis par rapport à leurs revendications et après que le ministère de l'Education nationale eut proclamé des résultats provisoires et anxiogènes pour les élèves pris en otages.
Cet épisode peu glorieux initié par une minorité d'enseignants n'a pas fait l'objet d'une condamnation massive des médias plutôt indulgents en général sur les mouvements de grève menés de façon endémique par des fonctionnaires. Or faut-il rappeler que ceux-ci sont maternés à vie dans le statut de la fonction publique grâce aux impôts des citoyens et que ces derniers attendent en retour qu'au moins les fonctionnaires grévistes ne prennent pas en otage leurs enfants. Quelle indignité pour des enseignants de s'en prendre lâchement à des élèves pour tenter de faire avancer leurs revendications.
Tout le monde imagine bien le stress des élèves dans l'attente des résultats de l'examen, l'angoisse de l'incertitude des résultats s'ajoutant à celle de ne pas obtenir une inscription dans la filière de leur choix dans l'enseignement supérieur. Que des enseignants puissent en rajouter sur cette angoisse face à l'avenir est particulièrement lamentable.
Un sondage* montre d'ailleurs que 69% des personnes interrogées donnent tort aux grévistes et 61% trouvent que des sanctions financières et disciplinaires sont justifiées. L'angoisse des sanctions touchera certainement moins les grévistes que l'angoisse de l'attente des résultats n'a touché leurs victimes innocentes.
Ceci n'est pas sans interroger sur la légitimité du statut bien trop protecteur de la fonction publique puisque des fonctionnaires égoïstes et sans scrupules en abusent régulièrement. Héritée d'une époque et d'une idéologie révolues, la garantie d'un maternage à vie offerte par des contribuables guettés à un moment ou à un autre de leur vie par le chômage apparaît aujourd'hui comme une anomalie.
* Odoxa, sondage du 11 juillet 2019
Journée mondiale pour la fin du spécisme :
le mammifère humain devient lucide
Le 24 août 2019 de nombreuses manifestations se sont déroulées dans le monde entier pour inviter les êtres humains à prendre conscience que le mode de penser dit "spéciste" par analogie avec la pensée "raciste" est tout aussi condamnable que cette dernière. Sur le modèle du mépris de la race d'autrui conduisant à son exploitation, le mépris des autres espèces conduit aussi à leur exploitation dans des conditions tout à fait déshonorantes pour l'humanité toute entière.
De beaux esprits s'alarmeront des ravages d'une telle idéologie pourtant aussi ancienne que l'humanité sur l'humanisme tant vanté par eux-mêmes depuis des siècles et des siècles. Mode de penser anthropocentrique, l'humanisme met donc l'homme au centre de l'univers avec le concours de dieux inventés de toute pièce par des raconteurs d'histoires et celui d'une élite avide de pouvoir s'estimant insurpassable en toutes qualités de l'esprit.
Cette vanité humaine inégalée dans toute la création rend hélas l'humanisme arrogant, querelleur, belliqueux, violent et souvent sadique. Dans un grand élan de lucidité, il est temps pour l'homme de le changer en mammiférisme bienveillant, pacifiste et tolérant. De destructeur du vivant et cancer de la planète, le mammifère bipède doit devenir le protecteur du vivant aussi bien de la faune que de la flore. Tout invite à croire que si sa très faible moralité ne l'engage pas sur cette voie, la prise de conscience de la mise en péril de l'unique planète pouvant l'accueillir le conduira à modifier ostensiblement son attitude.
Quel contraste entre le regard paisible et bienveillant des mammifères non humains sur l'homme et le regard de chasseur ou de cuisinier de l'homme sur toutes créatures non humaines. Pourtant, les espèces supérieures ne sont-elles pas celles qui ne mangent pas les autres ?
D'ailleurs, les enfants éprouvent naturellement de la sympathie et de la bienveillance pour les autres espèces mais les parents se chargeront de les pervertir avec l'aide de l'école et de la religion. Il suffirait que les parents n'altèrent pas l'inclination naturelle des enfants pour la bienveillance envers les espèces non humaines pour qu'en quelques générations l'humanité trouve grandeur et dignité dans sa relation avec les autres espèces.
Un slogan des anti-spécistes semble très pertinent : "le spécisme est une barbarie", en plus enrobée de bondieuseries niaises et servant bien de puissants intérêts économiques. Le rappeler tous les ans au monde entier est une excellente initiative qui avec le temps portera à coup sûr ses fruits.
Journée mondiale contre le dérèglement climatique :
les jeunes contre les vieux ?
Le 20 septembre 2019, la journée mondiale contre le dérèglement climatique a rassemblé de nombreux manifestants dans plusieurs pays. Il ne s'agissait pas d'invoquer les déités de la pluie, de la canicule ou du froid mais de sommer les dirigeants des différents pays de la planète de prendre des mesures rapides pour tenter d'enrayer notamment la hausse des températures constatées un peu partout sur le globe.
Cette démarche suppose naturellement la croyance en la responsabilité au moins partielle de l'homme dans ce phénomène climatique. Mais quelle que soit la part de responsabilité de l'être humain dans le réchauffement climatique, la démarche présente l'intérêt d'attirer l'attention de tous les mammifères bipèdes sur la vulnérabilité de l'environnement dans lequel ils vivent en partageant l'espace terrestre avec de nombreuses autres créatures hélas méprisées, exploitées et maltraitées sur la base d'un humanisme arrogant, vaniteux et destructeur.
Le respect de l'environnement n'est pas qu'un problème de gaz à effet de serre dont les jongleries permanentes sur des données alarmistes de tonnes de CO2 restent bien abstraites pour le commun des mortels. Qui s'investira sérieusement pour des variations de tonnes de CO2 ? Ce message est beaucoup trop académique pour susciter une adhésion massive des populations.
C'est naturellement à travers des problématiques concrètes que les dirigeants doivent susciter des dynamiques collectives visant à réduire la pollution de l'air, de l'eau et des terres. Ce n'est certes pas en proposant sous la pression des lobbys agricoles une réglementation grotesque fixant à seulement 5 mètres ou 10 mètres selon les cultures la distance minimale entre les habitations et les zones d'épandage de pesticides que le gouvernement français assurera sa crédibilité en matière de respect de l'environnement. Des maires plus respectueux des citoyens et réellement soucieux de protéger les riverains prennent courageusement des arrêtés pour interdire les épandages de pesticides à moins de 150 mètres des habitations.
Les atermoiements et les veuleries des gouvernants font que des jeunes viennent crier leur colère face à l'inaction coupable des responsables politiques. Qu'une jeune collégienne suédoise en soit réduite à faire la leçon aux dirigeants du monde entier en dit long sur l'égoïsme et la vision à court terme de nombreux dirigeants indifférents à l'état dans lequel ils laisseront la planète aux générations futures pourvu qu'eux mêmes aient profité au maximum du trône et de ses délices.
Pourtant les personnes âgées ont pu mesurer avec le temps l'impact des pollutions sur leur environnement, de l'eau des rivières et des étangs à la pollution de l'air et des terres s'accompagnant en plus d'une artificialisation continue des sols alors que les terres cultivables ne sont pas extensibles, de l'extinction de nombreuses espèces notamment par destruction de leur habitat naturel et du mépris des animaux domestiques victimes bien innocentes des sévices de l'élevage industriel.
Un grand espoir se pose sur les jeunes générations d'emblée rassasiées par le développement économique et qui n'ont connu que l'opulence de la société de consommation. Interpellées par cette consommation à outrance comme but de la vie et le gaspillage éhonté qui l'accompagne, elles semblent beaucoup plus soucieuses que leurs aînés du respect de l'environnement constitué par les espaces terrestres, aquatiques et aériens avec toute la faune et la flore qui en animent le quotidien.
A l'inverse de leurs aînés qui après des temps difficiles se sont jetés sur les délices de la consommation et se sont hélas trouvés beaucoup trop accaparés à consommer pour en mesurer les conséquences délétères pour l'avenir de la planète, les jeunes générations portent en elles l'espoir de tous ceux qui s'alarment des égoïsmes destructeurs et parfois inconscients des gouvernants et de leurs alliés.
La convention citoyenne pour le climat :
un hochet de la démocratie dite représentative
Face à la montée de la contestation de la notion même de représentation politique, le gouvernement a mis en place début octobre 2019 une assemblée de 150 citoyens tirés au sort chargés de faire des propositions sur la manière de contenir les inconvénients prévisibles de l'évolution du climat de la planète.
Et pour bien montrer la piètre estime dans laquelle le gouvernement tenait cette nouvelle assemblée consultative, il l'a fait siéger dans les locaux du Conseil Economique Social et Environnemental, institution aussi inutile que coûteuse dont les rapports finissent en général dans des fonds de tiroir et dont le seul but est de permettre à différentes organisations et au gouvernement lui-même de distribuer quelques prébendes à leurs affidés.
De toute évidence, le tirage au sort ne corrige en rien l'absence de représentation réelle par l'élection. Au niveau des idées, le tiré au sort est encore moins représentatif que l'élu car il n'a même pas eu à les formuler et à rechercher une quelconque adhésion à celles-ci. Or la représentation politique est avant tout une représentation des idées qui concourent à la formation de l'idée de droit dominante chère à Georges Burdeau, et non pas une représentation des sexes, des territoires, des professions ou des âges… critères retenus en la circonstance pour le tirage au sort.
Par ailleurs l'ordre du jour est fixé d'avance par le gouvernement. Limiter le débat des citoyens à la manière d'agir sur la pluie et le beau temps pourrait relever d'une forme d'humour des gouvernants, si ce n'est de façon plus dramatique d'une forme de mépris du peuple. Pendant que le prétendu peuple tiré au sort joue à la dinette, le gouvernement fixe le menu et cuisine les plats.
Cernés par la contestation de leur gouvernance et de leur représentation, les élus font désespérément tous les fonds de tiroirs pour trouver des procédures de divertissement du peuple, appelées pompeusement "démocratie participative".
Cette dernière consiste en général à donner la parole aux citoyens dans le cadre formel ou informel de structures dépourvues de tout pouvoir décisionnel. Il s'agit seulement de consulter "des" citoyens (et non pas "les") en leur faisant croire qu'ils participent au processus décisionnel alors qu'en fait ils ne participent qu'à un jeu de rôles leur permettant de vider leur sac et se bercer de l'illusion qu'ils seront entendus. Tel est en général le rôle des "Etats généraux" aux résonnances historiques surchargées, des tables rondes, des assises et autres grand-messes souvent réservés aux représentants autoproclamés de la bien mystérieuse "société civile".
Quand les citoyens seront lassés de la fable de la représentation politique et humiliés de la remise avec grandiloquence des hochets de la démocratie dite représentative, ceux-ci exigeront alors la mise en place de procédures de démocratie semi-directe telle que le référendum d'initiative citoyenne (RIC). Cette dernière procédure a d'ailleurs été réclamée avec constance par le mouvement dit "des gilets jaunes" dont le bilan s'établit hélas à onze morts et des centaines de blessés parmi les manifestants ou les forces de l'ordre.
La voie pacifique des urnes lors du RIC est toujours mieux que la violence de rue. Mais les élus préfèrent la violence de rue, qui en général les atteint peu, plutôt que de renoncer à leur pouvoir de décider pour tous dans l'entre soi des élites toutes pleines de mépris pour le peuple et son prétendu "populisme" qu'elles diabolisent sans répit.
Les guerres permanentes de la France
à l'extérieur
Le 11 novembre 2019 a été inauguré dans le 15e arrondissement de Paris un monument dédié aux morts pour la France en opérations extérieures. Il portera les 562 noms de soldats morts depuis la fin de la guerre d'Algérie, c'est-à-dire depuis la fin de l'empire. Les noms des blessés et handicapés à vie n'y figureront pas, pas plus d'ailleurs que le nom des indigènes innocents, victimes collatérales tuées lors des interventions permanentes de la France.
Depuis l'expédition d'Egypte du général Bonaparte et ses exactions bien documentées mais peu évoquées, la France ne cesse d'intervenir à l'extérieur de son territoire, d'abord pour étendre les limites géographiques de son empire par la violence des armes, ensuite pour le maintenir de façon pas très glorieuse face aux révoltes des colonisés et enfin depuis la décolonisation, pour maintenir une illusion de puissance mondiale comme gendarme du monde. Chacun remarquera que de l'Afghanistan au Maroc en passant par le Levant, les terres d'islam ont payé un lourd tribut face à ce bellicisme endémique.
A toutes les étapes de cet interventionnisme belliqueux, les dirigeants politiques tentent de trouver des justifications. Et plus les justifications sont fragiles et tendancieuses plus la théâtralité et la grandiloquence des élus tenteront de venir donner du crédit à l'utilité des interventions extérieures.
Ainsi de l'hommage rendu aux Invalides à Paris aux 13 soldats tués dans une collision d'hélicoptères le 25 novembre au Mali, opération dans laquelle 2 Mirage 2000 et 3 hélicoptères de combat affrontaient un pick-up et quelques motos*…
Pour le Président de la République, premier responsable en tant que chef des armées de la mort des soldats à l'extérieur, "ils sont morts en opération, pour la France, pour la protection des peuples du Sahel, pour la sécurité de leurs compatriotes et pour la liberté du monde…" Autrement dit, rien que pour "la liberté du monde" le Président veut dire et s'autopersuader qu'il a eu raison de maintenir l'opération "Barkhane" au Sahel qui a d'ailleurs englobé l'opération "Epervier" mise en place par la France au Tchad… en 1986 ! Dans un espace géographique à peu près grand comme l'Europe, les 4500 militaires de l'opération "Barkhane" n'ont donc pas fini de courir après des délinquants déguenillés en pick-up ou à moto évitant tout contact frontal.
La France doit cesser de guerroyer en permanence à l'extérieur sous les prétextes les plus fallacieux. La France n'a pas de "rang à tenir" sur la scène internationale sauf dans l'ego bouffi des élus souvent avides de jouer aux chefs de guerre dans les rencontres internationales. Cette arrogance et cette vanité servent naturellement son industrie d'armement qui trouve dans les opérations extérieures un terrain d'essai en grandeur nature pour ses nouvelles armes et en conséquence un argument de vente sur le marché international. Par ailleurs, les militaires nostalgiques de l'empire retrouvent un vaste terrain pour s'aérer et s'entrainer en milieu exotique comme au temps jadis, sans oublier les combats asymétriques si caractéristiques de l'époque coloniale.
Les citoyens devraient pouvoir disposer des moyens par voie de référendum d'initiative populaire de mettre fin à une opération militaire extérieure conduite en leur nom et avec leurs impôts. Il apparaitrait vite que ceux-ci sont beaucoup moins bellicistes que leurs dirigeants.
* Le Monde 28/11/19
Un droit de grève exorbitant
Décembre 2019 a vu surgir un mouvement de grève en réaction au projet du gouvernement de réformer le système de retraite dans lequel des catégories professionnelles particulières font appel à tous les contribuables pour financer des avantages pas toujours justifiés, notamment par la pénibilité.
Ce mouvement bénéficie d'un écho médiatique important car il paralyse les transports publics à Paris et en banlieue tout en portant atteinte au droit des usagers de circuler librement et de travailler pour nourrir leur famille. Le soutien populaire sans cesse évoqué par les grévistes devrait être nuancé entre d'un côté, le soutien apporté aux motifs de la grève et de l'autre, la condamnation des moyens violents et dévastateurs infligés à la population innocente et non pas aux décideurs politiques.
Curieusement, alors que le monde du travail dans le secteur privé utilise le droit de grève avec parcimonie, l'usage de ce droit est une véritable culture d'entreprise chez certaines catégories de personnel à Air France, la SNCF et la RATP. Les employés de ces entreprises sont-ils moins bien traités que ceux des autres entreprises ? Et à force de faire grève de façon endémique pour les raisons les plus variées, ces employés perdent au fil du temps toute crédibilité dans l'opinion publique quant à la légitimité de leurs revendications. D'un nombre dérisoire par rapport aux nombre de personnes auxquelles ils gâchent la vie, ils peuvent même être perçus comme le véritable "cancer" de la paix sociale.
Eu égard au préjudice causé aux usagers du service public, aux commerçants, à l'économie nationale et aux entreprises concernées victimes de leurs propres employés, il serait judicieux d'interdire la grève dans les services publics du transport, de la distribution de l'eau, du gaz et de l'électricité. Couper l'approvisionnement en électricité à des dizaines de milliers de foyers comme le 17 décembre pour faire avancer des revendications catégorielles est un acte lâche et d'une grande sottise dont le juge pénal devrait s'occuper activement.
Tout comme les terroristes, les grévistes s'en prennent à des innocents qu'ils retiennent en otages en leur pourrissant la vie quotidienne et en leur causant souvent de graves préjudices économiques. Les médias évoquent la "galère" des citoyens victimes des grévistes mais ils pourraient tout aussi justement évoquer la "torture" par les grévistes des citoyens innocents dont les cris de souffrance sont censés émouvoir le pouvoir politique pour le faire enfin céder. Et comme les terroristes, les grévistes toujours dans le déni de leur propre responsabilité, ne manqueront pas d'affirmer que le vrai responsable de la souffrance des citoyens, voire de leur mort économique qualifiée hypocritement de "dommage collatéral", c'est le pouvoir politique et non pas le preneur d'otage qui lui défendrait une noble cause par tous les moyens en sa possession y compris les plus lâches et les plus vils.
Les travailleurs ont bien raison d'être vigilants sur les modifications apportées à leur régime de retraite. Et de toute évidence, la pénibilité doit être prise en compte car un maçon ne pourra pas travailler aussi longtemps qu'un sénateur pratiquant en plus un fort absentéisme et bénéficiant d'un régime de retraite très généreux accordé par lui-même aux frais du contribuable.
Mais quelle que soit la légitimité du combat mené, et ceci vaut pour toutes les causes, rien ne justifie de prendre des milliers d'innocents en otage et de massacrer leur vie professionnelle, leur vie de famille ou la santé économique plus ou moins fragile de leur entreprise. Et chacun remarquera que les fauteurs de troubles qui s'en prennent sans scrupules à des innocents sous prétexte de défendre les intérêts de ces derniers, défendent en fait leur régime particulier exorbitant du droit commun.
Il est clair qu'en la circonstance comme dans de nombreuses autres, les citoyens ne font pas confiance à leurs soi disant représentants au parlement. Dans ces conditions, il conviendrait de soumettre à référendum un projet de réforme clair et sans ambiguïté du régime des retraites ce qui permettrait aussi d'échapper à la violence et aux égoïsmes de minorités agissantes sans scrupules.
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