(de janvier à décembre)
Maudites traditions
Début janvier 2021, une nouvelle flambée de grippe aviaire a de nouveau* touché les Landes et ses élevages de canards destinés à la production de foie gras. Une fois de plus se pose le problème de l'indemnisation des éleveurs par les contribuables, ces derniers préférant en général ne pas savoir les méthodes employées pour gaver de force les canards afin de les rendre malades. Il s'agit en fait de faire grossir artificiellement leur foie en les martyrisant avec un tuyau enfoncé de la gorge à l'estomac. De nombreux pays ont interdit ce procédé barbare mais la France persiste dans sa cruauté et son indignité au nom de la tradition. L'Etat ne devrait pas régulièrement indemniser les éleveurs mais financer une seule fois leur reconversion.
Et fin janvier 2021, l'Assemblée nationale a débattu d'une proposition de loi visant à réprimer la maltraitance animale mais en se limitant aux animaux de compagnie. La maltraitance résultant de la corrida ou de la chasse par exemple relèverait d'une longue tradition la mettant à l'abri de toute réprobation par le parlement.
Il est curieux comme cet argument de la tradition qui se veut péremptoire peut être utilisé doctement même par des intellectuels appelés à la rescousse pour défendre sournoisement la violence et la cruauté.
Faut il rappeler que le viol y compris entre époux, la torture, la peine de mort, la mutilation sexuelle des enfants, l'écartèlement sur la place publique, l'esclavage, le travail forcé… sont tous de vieilles traditions. Aujourd'hui après de nombreuses luttes sociales, l'Etat y a néanmoins opposé l'interdit de la loi (sauf pour la mutilation sexuelle des enfants mâles).
Pour faire évoluer le droit dans le sens d'une plus grande protection des êtres vivants, encore faut-il que les citoyens se mobilisent car leur soi disant représentants ne sont en général pas très fiables. A leurs yeux, leur jouissance du trône et de ses délices vaut bien quelques maltraitances de mammifères ou d'oiseaux.
Des lobbys puissants de la maltraitance (chasse, corrida, élevage industriel, gavage des oiseaux…) de plus en plus traqués par la mauvaise conscience se manifesteront alors pour tenter de disqualifier les associations de lutte contre la maltraitance animale.
Ces dernières agiraient en dehors de la légalité alors que celles-ci n'ont pas d'autres moyens face à l'inertie de l'Etat d'apporter la preuve des violations de la loi commises notamment dans les élevages industriels et dans les abattoirs. Non seulement les quelques violations de la loi commises par la mise en place de caméras dans un abattoir sont dérisoires comparées aux violations persistantes des règles de la protection animale constatées dans la chaîne de production de morceaux de cadavres d'animaux, mais en plus, la violence parfois infligée au boucher quand des militants barbouillent sa devanture de peinture est aussi dérisoire comparée à la violence permanente infligée aux animaux pour les engraisser et les égorger.
Toutes les traditions peuvent être questionnées surtout quand elles mettent en œuvre la violence et la cruauté et il appartient aux citoyens de se mobiliser pour faire avancer la cause de la dignité humaine dans les relations homme/animal.
D'une manière générale, ils ne peuvent compter sur les parlementaires qui ont été assez veules pour accorder à la corrida une dérogation au principe d'interdiction des actes de cruauté envers les animaux (code pénal art. 521-1) dès lors qu'une "tradition locale ininterrompue peut être invoquée".
Ainsi, les actes de cruauté envers les animaux sont interdits sauf s'ils sont coutumiers de façon ininterrompue. La tradition fait du matador un héros à Nîmes tandis que l'absence de tradition fait de lui un délinquant à Lille. A la veulerie s'ajoute ici la sottise.
*Voir chronique janvier 2016 "Faut-il aider les bourreaux des canards ? "
Les commissaires politiques de la nutrition
En février 2021, une polémique nationale est née parce que la mairie écologiste de Lyon a décidé de servir des menus uniques sans viande dans les cantines des écoles, poissons et œufs étant proposés en compensation. D'une manière générale, les médias n'ont pas précisé s'il s'agissait d'une mesure concernant tous les jours de la semaine ou un seul jour par semaine.
La mairie de Lyon précise sur son site internet que ce menu unique quotidien n'est pas végétarien puisqu'il propose des œufs ou du poisson (pourtant les œufs entrent dans les menus végétariens mais pas dans les menus végétaliens ou végan). La mairie précise par ailleurs que ce menu est le même "que celui mis en place lors de la sortie du 1er confinement entre mai et juillet 2020, avant les élections municipales". Et chacun remarquera que cela n'avait à l'époque provoqué aucun émoi ministériel. La mairie précise enfin que cette procédure du menu unique est temporaire et pourrait prendre fin après les prochaines vacances scolaires.
Les critiques ont d'abord pris sournoisement les habits d'une politique sociale en faisant valoir que des enfants pauvres ne se voyaient pas servis de viande dans leur foyer, l'école étant alors le seul moment où ils auraient l'opportunité d'en consommer. Mais dans ces écoles, la moitié des élèves environ choisissent le menu sans produits carnés. De plus, aucune étude ne vient montrer que la viande est nécessaire au développement de l'enfant. La polémique s'est bien gardée de se placer sur le terrain de la santé.
Elle a préféré se déplacer sur le terrain politique en feignant de croire que la mairie écologiste de Lyon succombait à l'idéologie, sans préciser laquelle puisque l'écologie recouvre de nombreux courants de pensée et rien n'indique qu'il y ait plus de végétariens parmi les sympathisants de ces différents courants.
Et la flagornerie à l'égard de la filière "viande" a pris forme lorsque par exemple, le ministre de l'intérieur a déclaré que la décision de la mairie de Lyon constituait une "insulte inacceptable aux agriculteurs et aux bouchers français" *. Le ministre ne précise pas si la limitation généralisée de la circulation automobile dans les centres ville serait une "insulte inacceptable" aux constructeurs de véhicules français ou si la réintroduction prochaine de la viande dans les cantines sera une "insulte inacceptable" à l'égard des pêcheurs français. Le ministre ne précise pas non plus si la tromperie des carnivores mise en place à dessein par la filière viande en leur vendant du "bœuf" alors qu'il n'y a quasiment plus de bœufs (il s'agit en fait de la vache) constitue "une insulte inacceptable" aux consommateurs bien trop confiants.
A la différence des chasseurs qui tuent pour leur plaisir ou leur propre consommation, les éleveurs non seulement tuent mais en plus demandent aux citoyens de consommer les cadavres qu'ils ont produits. En manifestant devant la mairie de Lyon, ils exigent bruyamment que les enfants ingèrent leur macabre production. Ils peuvent hélas compter sur les commissaires politiques de la nutrition pour leur venir en aide.
* Le Monde 23/2/21
Humour suisse ?
Le 7 mars 2021, les Suisses ont adopté l'initiative "oui à l'interdiction de se dissimuler le visage" dans l'espace public par 1 427 626 voix (51,21% des suffrages exprimés) contre 1 360 317 voix (48,79% des suffrages exprimés) avec un taux de participation de 51,40% (et la majorité des cantons).
A cette époque de pandémie où dans le monde entier, y compris en Suisse, il est demandé aux populations de porter un masque dans l'espace public pour éviter les contaminations, il fallait une forte dose d'humour au peuple suisse pour interdire dans le même temps la dissimulation du visage.
Le gouvernement fédéral (conseil fédéral) a demandé de rejeter cette initiative populaire en soulignant que d'une part ce problème relevait des cantons qui seront d'ailleurs chargés de mettre en application l'initiative du 7 mars (deux avaient déjà pris des mesures en ce sens) et que d'autre part la contrainte de la dissimulation du visage était déjà punie. Le gouvernement fédéral soucieux aussi de ne point porter atteinte aux intérêts touristiques proposait un contre projet visant seulement à sanctionner le refus de montrer son visage lors de contrôles par des autorités légitimes.
Pendant la campagne précédant le vote, les médias ont largement qualifié cette initiative d' "initiative anti burqua", la burqua étant cette sorte d'habit d'apiculteur dissimulant le corps sous des vêtements amples et le visage derrière un grillage serré. Qui a déjà rencontré en Suisse une femme ainsi vêtue ? Par contre, le port du niquab qui substitue au grillage un voile semblable à de nombreux masques portés pendant la pandémie est un peu plus fréquent bien que très peu usité. Comme la forme et la couleur des masques ne sont pas réglementées, cela devrait donner des décisions judiciaires cocasses en cas de contrôle pointilleux de la dissimulation du visage. Toute dissimulation pour cause sanitaire serait louable mais toute dissimulation pour cause religieuse ou prétendue religieuse par les censeurs hargneux et acharnés contre la femme musulmane et sa culture ancestrale serait condamnable.
Chacun remarquera que les médias français n'en profitent pas pour, une fois de plus, critiquer la procédure démocratique de l'initiative populaire dont ils ne veulent à aucun prix l'introduction en France. Comme le résultat de cette votation leur convient, d'autant plus que leurs politiciens ont déjà sévi contre les femmes musulmanes, ils s'abstiennent de tous commentaires critiques visant à dénoncer la prétendue dangerosité du peuple souverain.
Chacun remarquera aussi la disproportion des moyens mis en œuvre pour un résultat au final dérisoire. Il y avait très peu de femmes portant un niquab (en général des converties ou de riches touristes du Golfe), il n'y a aucune avancée dans l'émancipation des femmes et il n'y a pas de progrès dans la sécurité publique.
Il y avait pourtant des sujets plus importants à traiter comme la pollution des sols, de l'air et de l'eau notamment par les activités agricoles, l'artificialisation des sols, la chasse cruelle d'animaux aussi beaux qu'inoffensifs, la mutilation sexuelle irréversible des enfants évidemment beaucoup plus grave qu'un simple morceau de tissu sur le nez que l'on peut retirer à volonté.
Radotage médiatique
En avril 2021, la population a pour la troisième fois en un an fait l'objet d'un confinement afin de lutter contre la pandémie de Covid 19. Bien que moins sévère que le premier confinement de mars/avril 2020, cette nouvelle période de restriction des libertés publiques a conduit de nombreux médias dans une frénésie de copier/coller leur permettant d'assurer le remplissage de leur journal ou leurs heures d'antenne.
Il est vrai que ceux-ci ont perdu leur président diabolisé à outrance (Trump) qui a été remplacé par leur élu sanctifié (Biden) dans des concerts de louanges idolâtres et infantiles. Comme à leurs yeux leur diable n'a trouvé aucun remplaçant de même gabarit, du temps a en plus été dégagé pour mouliner à l'infini sur les péripéties sanitaires de la France et du monde entier.
Un véritable "café du commerce" médiatique s'est jeté sur les thèmes en relation avec la pandémie, aussi nombreux que les impacts du confinement sur la vie quotidienne des citoyens. De l'hygiène des pieds au chômage partiel en passant par les violences familiales, les garnitures périodiques, les vélos électriques et les cours à distance, quel recoin de la vie des citoyens n'a pas fait l'objet de moulinets journalistiques et ensuite de variations inépuisables sur ces mêmes moulinets ?
Un défilé permanent de médecins, épidémiologistes ou autres, égrènent sans répit des avis contradictoires sur la manière de faire face à l'épidémie. Chacun aura bien compris à la suite de cet exercice que la médecine n'est pas une science exacte et en conséquence accueillera avec un esprit très critique les prescriptions médicales le concernant.
Notamment, la notion de balance bénéfice/risque doctement citée pour encourager les citoyens à accepter un vaccin moins cher qui entraîne parfois des décès plutôt qu'un autre plus cher qui n'entraîne pas de décès sera pertinemment questionnée. Jusqu'à quel niveau le curseur de la balance peut-il varier pour estimer qu'enfin le risque l'emporte sur le bénéfice ?
Sinistre Napoléon
Le 5 mai 2021, le président Macron est allé se recueillir devant le tombeau de Napoléon 1er aux Invalides à l'occasion du bicentenaire de sa mort. Curieuse initiative après avoir déclaré en 2017 en Algérie que la colonisation est un crime contre l'humanité. Or tous ceux qui ont subi les sauvages invasions napoléoniennes se gardent bien de commémorer les tragiques évènements subis par leurs ancêtres.
Héros national pour une partie de l'élite française glorifiant des batailles gagnées par un stratège audacieux (et oubliant au final les défaites subies par un chef vaniteux), l'empereur éphémère des Français est aussi perçu comme une brute sanguinaire sitôt passé la frontière.
Comme Napoléon, Hitler a aussi gagné des batailles mais il a perdu la guerre dans lesquelles l'un et l'autre se sont enfermés. Comme Napoléon, Hitler s'est suicidé mais lui a réussi son suicide à la différence de Napoléon en 1814. Et comme Macron, Hitler était venu se recueillir devant le tombeau de l'empereur en juin 1940 lors de la seule journée qu'il a passée en France fraîchement vaincue (avant de rendre à la France la dépouille du fils de Napoléon et de Marie-Louise).
Napoléon était généreux avec l'argent des autres ou avec les biens confisqués à ses ennemis. Cette générosité profitait d'abord à sa famille. Letizia Bonaparte, mère de l'empereur, a eu 8 enfants viables dont un est devenu empereur, 4 rois ou reine et un grande duchesse régnante de Toscane, grâce évidemment aux faveurs de leur frère. Le président Macron commémore-t-il aussi avec nostalgie ce népotisme pourtant bien éloigné des valeurs dites "républicaines" ?
Les admirateurs de l'empereur grandement influencés par leurs souvenirs de classe mettront en avant les réalisations du premier consul et de l'empereur.
La légion d'honneur flattant la vanité humaine, l'Arc de triomphe aussi grandiloquent qu'inutile, le baccalauréat aujourd'hui aussi coûteux que désuet, l'affectation du Panthéon à la mémoire de certaines personnes dans l'air du temps… Quant au code civil, le mérite en revient surtout à Cambacérès qui avait déjà participé à deux tentatives sous la Convention mais n'avait jamais pensé à se faire peindre en train de rédiger le dit code.
Dans le bilan global, le prix de ces réalisations est tout à fait exorbitant. Quinze années de guerre quasi permanentes où les soldats en partie issus de la conscription ne se battent pas pour la France mais pour les lubies d'un homme vaniteux et arrogant ayant perdu le sens des réalités politiques et militaires. Son mépris de la vie des soldats, chair à canon remplaçable à l'infini, se répercutait dans le peu d'empathie que sa troupe manifestait en général à l'égard des populations civiles, victimes collatérales de conflits qui les dépassaient. Des centaines de milliers de soudards, de brutes, d'ivrognes, de malades mentaux ont traversé des villes et des villages sans défense livrés aux pillages notamment de la nourriture, aux viols, aux exactions toujours impunies. Le seul espoir des soldats ne pouvait pas être de gagner une bataille dont les buts leur échappaient complètement mais de survivre le plus longtemps possible en essayant de s'enrichir par le pillage et de jouir à l'occasion par le viol avant de peut être perdre la vie dans un corps à corps stupide aussi sauvage que cruel.
Si les pertes militaires sont parfois évaluées à environ 2,5 millions de morts au niveau européen, les pertes civiles n'ont pas été réellement documentées ce qui permet aux idolâtres de l'empereur auto proclamé de faire comme si elles n'existaient pas.
Bonaparte a échoué en Egypte (1798-1801) où l'armée française s'est très mal comportée (décapitation ostentatoire d'environ trois mille Egyptiens rebelles et assassinat d'environ 2500 prisonniers à Jaffa assorti du massacre de la population –sauf les jolies femmes…) avant d'échouer à la bataille de Saint-Jean-d'Acre (1799). Et Bonaparte a lâchement abandonné son armée au Moyen Orient en laissant le commandement à Kléber qui sera plus tard assassiné tandis que la France capitulera en 1801 (le reste de ses soldats fut rapatrié par la marine anglaise…).
Echec encore de Bonaparte en Espagne (1808-1813) avec une guerre permanente de partisans entraînant l'armée française dans un conflit asymétrique. Les civils ont du payer un lourd tribu à cette guérilla pour au final transformer la campagne d'Espagne en échec militaire.
Nouvel échec de Bonaparte avec la campagne de Russie (1812) où la débandade de la Grande Armée s'est soldée encore une fois par la fuite de l'empereur à Paris en laissant le commandement du désastre à Murat (son beau frère). Chacun imaginera le calvaire des populations civiles confrontées à une armée de soudards en déroute à la discipline relâchée (après déjà la perte de contrôle de la troupe à Moscou).
Encore un échec de Bonaparte dans la campagne de Saxe (1813) où la Grande Armée en déroute s'est repliée derrière le Rhin pour défendre le territoire national
Bonaparte a ensuite échoué lors de la campagne de France (1814) au terme de laquelle il a tenté de se suicider avant d'être exilé à l'Ile d'Elbe, son épouse ayant sagement regagné l'Autriche.
Echec enfin de la campagne de Belgique (1815) après le retour de l'Ile d'Elbe pour une centaine de jours qui se terminera par un exil définitif sur l'île de Sainte Hélène au grand soulagement de tous les partisans de la paix qui étaient aussi très nombreux dans son propre camp.
Napoléon n'est guère resté au pouvoir (14 ans) plus longtemps qu'Hitler (12 ans). Son empire n'était qu'un château de sable bâti par un sinistre citoyen Général peu économe de la vie de ses soldats mais avide de trônes et de leurs délices pour lui et sa famille.
Après la honte des violences révolutionnaires et le génocide vendéen, l'élite française avait sans doute besoin de trouver une histoire plus présentable bien que très sélective. Le mythe napoléonien est certainement venu mettre un peu de baume sur cette plaie.
L'extrême violence des élus
contre
le peuple souverain
Le 8 juin 2021, le président de la république a été giflé par un citoyen sans doute excédé par la duplicité des élus, à l'occasion d'un déplacement en province*. Alors que le gouvernement ne cesse de rappeler le nécessaire maintien des gestes barrières face à la pandémie, et pour tenter d'accroître son capital de voix à la prochaine élection présidentielle, le président a voulu serrer les mains de la foule agglutinée derrière des barrières, ce qui n'est pas sans rappeler les caresses sur le museau des chiens en s'attendant à ce qu'ils battent de la queue et non à ce qu'ils mordent,
Aussi grandiloquent qu'insipide, le premier ministre en a appelé "à un sursaut républicain" oubliant sans doute qu'en 1793 la première république avait décapité le monarque et son épouse, et malgré une large et terrible application en son temps, la guillotine ne fait toujours pas l'objet d'une ferme condamnation dans les manuels scolaires. Il en est de même de la violence éducative à l'école (qui n'a pas reçu une gifle par un enseignant lors de sa scolarité ?) ou à la maison. Après des siècles de banalisation de la gifle dans l'éducation, il a fallu attendre 2019 pour que le législateur se réveille et prohibe enfin ces méthodes banalisant un très mauvais modèle**.
Aujourd'hui, les élus se plaignent de la multiplication des actes d'hostilité à leur égard (insultes, menaces, dégradation de leur véhicule ou de leur domicile…). Tant que le peuple retourne contre lui-même sa violence contestataire, les élus assistent au spectacle sans trop d'émotion apparente ni compassion bruyante pour les victimes des agissements violents. La violence des entraves à la liberté de circulation et de travail que les citoyens subissent régulièrement lors de grèves organisées par des minorités agissantes au détriment de la majorité passive ne suscite pas chez les élus des discours solennels et grandiloquents sur le nécessaire respect des personnes. Mais logiquement, les contestataires devraient plutôt directement demander des comptes aux décideurs fuyant lâchement leurs responsabilités plutôt que de s'en prendre à leurs concitoyens déjà bien assez dans la peine pour assurer le quotidien de leur famille.
Malgré des siècles d'endoctrinement, de mensonges et de mise sous emprise, de plus en plus de citoyens prennent conscience que la première violence du système politique est d'abord celle des élus contre le peuple souverain.
Après avoir proclamé la souveraineté du peuple dès 1789 dans l'article 6 de la Déclaration des droits de l'homme :"La loi est l'expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation", principe repris dans la constitution de 1958 et en plus réaffirmé dans son article 3 :"La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum", les élus se sont empressés de rendre inopérant les membres de phrase "concourir personnellement" et "par la voie du référendum". Si bien qu'aujourd'hui, les élus ont verrouillé le système juridique à leurs profit et celui de leurs alliés hostiles à la souveraineté du peuple… sauf dans de grandes déclarations solennelles.
Par exemple, de façon tout à fait scandaleuse par rapport aux principes proclamés, il est impossible aujourd'hui de réformer le parlement sans l'accord des parlementaires. Le président Macron avait annoncé une diminution du nombre de parlementaires (nombre maximum prévu dans l'article 24 de la constitution de 1958) mais les parlementaires n'ont pas envie de se saborder. Il serait par exemple impossible selon les élus de supprimer le sénat, institution aussi inutile que coûteuse pour les contribuables, sans l'accord des sénateurs.
Et les citoyens ont rejeté par référendum en 2005 le projet de traité constitutionnel de l'Union européenne mais les parlementaires se sont empressés d'adopter en 2008 le Traité de Lisbonne qui en est une copie quasi conforme. Quelle violence infligée au peuple souverain par quelques centaines d'élus pleins d'arrogance.
Aujourd'hui, les citoyens sont traités un peu comme des chiens auxquels on demanderait tout les cinq ans de rapporter le pouvoir à leurs maîtres. Mais le problème des maîtres est que les électeurs prennent de plus en plus conscience du subterfuge de la démocratie dite "représentative"… et en conséquence rechignent à se déplacer lors des élections pour se démettre de leur pouvoir. En plus, leur pouvoir de choix est limité dans les scrutins de liste dans lesquels en votant pour l'étiquette, ils sont supposés voter pour tout le sac quel qu'en soit le contenu. La parité limite aussi leur choix et créé un plafond de verre pour les femmes qui ne pourront pas avoir plus d'élues que les hommes.
Curieusement, l'élection qui suscite le moins d'abstention est celle du président de la république. Cette élection d'un chef d'exécutif au suffrage universel direct (comme devrait l'être les maires et les présidents de région) a été décidée par voie référendaire par le peuple français à la demande du général de Gaulle en 1962 sur la base de l'article 11 de la constitution. Sournoisement, le président Macron n'a pas de problème pour se présenter à une élection dont la procédure a été obtenue sur la base de l'article 11 de la constitution, tout en défendant par ailleurs l'idée que l'utilisation de cette procédure est contraire à la constitution et refuse donc de la mettre en œuvre sur la base d'arguties juridiques de mauvaise foi pour mener à bien les réformes constitutionnelles nécessaires à la France.
Cette violence des élus contre le peuple souverain ne peut que susciter la mise en œuvre du droit de résistance à l'oppression qualifié de droit naturel et imprescriptible de l'homme par l'article 2 de la Déclaration des droits de l'homme de 1789, qui a aujourd'hui valeur constitutionnelle. A défaut de l'utilisation de l'article 11 retirant au parlement le verrouillage de toute réforme constitutionnelle, il ne reste au peuple que deux voies d'action : la violence ou l'abstention, l'une ou l'autre devant aboutir à remettre en cause le système actuel de spoliation du peuple français de son pouvoir souverain.
De plus en plus de citoyens sont conscients que faute de référendum d'initiative populaire, la démocratie dite représentative n'est qu'une fable visant à berner les citoyens. L'abstention leur paraît alors une sage manière de contester la violence des élus.
* L'auteur de la gifle a rapidement été condamné à 18 mois de prison dont 4 fermes.
** V. loi du 10 juillet 2019 modifiant l'article 371 du Code civil.
Médecine et consentement
En juillet 2021, le parlement a voté une loi* instaurant une obligation de vaccination contre le Covid 19 pour les personnels soignants et une restriction générale d'accès à certains lieux publics pour toutes les personnes non vaccinées ou non récemment testées (restaurants, bars, salles de spectacle, trains…).
Or l'article L1111-4 du code de la santé publique dispose dans son quatrième alinéa que "aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment". Certes, une autre loi peut déroger à ce principe juridique qui semble plus relever de l'affirmation sentencieuse des grands principes de respect de la personne humaine que d'une application générale et pointilleuse.
En effet, chacun remarquera que sauf exceptions le personnel de santé rechigne à délivrer de l'information, préférant s'en tenir à une sorte de réification des patients (système du médecin traitant, communication des médecins dans le dos du patient…). Cette tendance générale n'est pas sans incidence sur le refus de la vaccination. A force de réifier les patients ou de les infantiliser pour mieux les dominer ceux-ci développent une légitime suspicion sur les préconisations des soignants, surtout quand ces dernières sont parfois contradictoires et en plus relayées fortement par des élus alors que la parole de ces derniers est souvent perçue comme la plus dévalorisée.
Il est certain que la gestion du système de santé par les élus ne donne pas une bonne image de leurs compétences quand par exemple les déserts médicaux s'amplifient et que l'attente est parfois de plusieurs mois pour obtenir un rendez-vous. Pourtant, les études démographiques permettent facilement de prévoir le nombre de médecins nécessaires et d'organiser en conséquence leur formation en France. La France ne manque pas de médecins faute de candidats de qualité parmi sa jeunesse studieuse mais faute d'avoir prévu les moyens de les former. Les élus ont trouvé plus facile de faire venir des médecins de l'étranger privant souvent de leurs cadres médicaux des pays déjà dans le besoin alors qu'ils ont assumé le coût de leur formation.
Les patients ont aussi pu observer la difficulté de mettre en œuvre la responsabilité des grands laboratoires pharmaceutiques lors de quelques scandales sanitaires. Les victimes ont bien du mal à faire reconnaître leur préjudice. Dans ces conditions, les patients se poseront des questions sur la balance entre les immenses profits des groupes pharmaceutiques et les avantages tirés par eux-mêmes de la consommation résignée de leurs produits.
Le déficit coutumier d'informations claires et loyales de la part des soignants ajouté au manque général de confiance dans les élus ne peut que susciter réserve et défiance de la part des citoyens. A charge maintenant pour le personnel de santé de ne plus soigner des maladies mais des malades et pour les élus de ne plus gérer leur carrière mais l'intérêt général.
* Voir les réserves d'application du Conseil constitutionnel, Décision n°2021-824 DC du 5 août 2021
Echec de l'OTAN en Afghanistan
Le 15 août 2021, Kaboul est tombée sans combat aux mains des Talibans occasionnant la débâcle des troupes américaines encore sur le sol afghan après vingt ans de présence militaire violente. Sa mise en œuvre répondait au désir de congédier le gouvernement taliban en place depuis 1996*, soupçonné d'héberger le terroriste Ben Laden cerveau des attentats du 11 septembre 2001 à New York.
Des combattants à Mobylette, en habit traditionnel et sandales faiblement armés de fusils et d'engins explosifs bricolés dans leur cuisine sont venus à bout d'armées occidentales lourdement armées d'avions, de drones, de satellites, de chars, d'engins blindés et autres engins de mort très sophistiqués. Dire que les Etats-Unis n'ont pas perdu militairement n'est évidemment qu'une boutade puisqu'en réalité malgré leur armement ils ne sont pas parvenus à leurs fins, à savoir le maintien d'un gouvernement ami à leur solde capable d'assurer lui-même la paix sociale et la sécurité sur tout le territoire et consentant à héberger des bases militaires US sur son sol frontalier de l'Iran et de la Chine.
Les Etats-Unis ont perdu plus de 2500 soldats, la Grande-Bretagne 457, la France 90… Les familles de ces soldats sont en droit de se demander pourquoi ils sont morts**. S'ils étaient toujours en vie, les Talibans seraient certes au pouvoir… mais exactement comme aujourd'hui.
Naturellement, les politiques minimiseront leur écrasante responsabilité puisque ce sont eux qui au final ont décidé d'engager les troupes. Ils diront toujours qu'ils ont fait exactement ce qu'il fallait faire. Ils ont cédé au complexe militaro-industriel, ils sont allés chercher dans la poche des contribuables de quoi financer leur aventure guerrière, ils ont joué avec vanité la comédie du chef de guerre et manipulé les familles de leurs soldats morts par des cérémonies grandiloquentes dont le scénario est bien étudié pour éviter tout ressentiment contre le pouvoir politique.
De leur côté, les militaires ont eu la possibilité de tester leurs nouveaux gadgets mortifères tout en bénéficiant d'un théâtre d'opération en grandeur nature. Les gradés ont pu faire faire les marionnettes à leurs subordonnés et parader en grand uniforme avec des plaques multicolores épinglées sur la poitrine dont ils sont les seuls à connaître la signification. Et si dans tout Etat la technostructure civile exerce un immense pouvoir d'influence sur les élus car il est difficile de contredire un dossier intelligemment ficelé et travaillé, les élus semblent encore plus démunis face à la technostructure militaire exposant doctement le faisable et l'impossible.
Enfin, d'une manière générale, les médias ont manifesté leur solidarité avec les élites en répétant comme des perroquets la nécessité de défendre les intérêts "vitaux" de leur pays et de tenir avec fermeté et vanité leur rang international de puissance nucléaire. Mais en cas d'échec militaire, les médias peuvent aussi être très versatiles et vite sonner la charge contre les dirigeants politiques. En outre, les milliers d'Afghans innocents morts dans des dommages de guerre dits "collatéraux" semblent assez peu les préoccuper.
Pourtant, depuis Napoléon 1er et la guerre asymétrique qu'il a menée en Espagne de 1808 à 1813 et qu'il a finalement perdue même s'il a gagné des batailles, les élus peuvent très bien discerner ce qui est possible et ce qui est impossible au-delà de l'action strictement militaire. A charge pour eux de savoir lutter contre les forces obscures dont les intérêts divergent de ceux de l'Etat qu'ils sont censés servir avec lucidité, courage et raison.
* ce qui a été réalisé avant la fin 2001 tandis que Ben Laden a été abattu au Pakistan en 2011 par l'armée américaine
** Voir chronique d'août 2017 : "Pourquoi mourir en Afghanistan ?"
Le peuple souverain,
sans droit de veto du parlement
Le 28 septembre 2021, Marine Le Pen a présenté un projet de référendum sur l'immigration et l'identité modifiant la constitution de 1958. Aussitôt présenté, les médias se sont fait l'écho de l'opinion de juristes dénonçant l'utilisation de la procédure du référendum (article 11 de la constitution) pour réformer le texte constitutionnel sans l'accord préalable des deux chambres du parlement devant au préalable voter un texte en termes identiques (article 89).
Quelle que soit l'opinion de chacun sur le fond de ce projet de référendum, ce qui est d'emblée contesté par une partie des "experts" réside dans la forme à savoir le référendum. Personne n'a oublié que le général de Gaulle a utilisé cette procédure en 1962, malgré là encore l'opposition de nombreux "experts", pour demander aux citoyens de modifier la constitution. Ainsi, la procédure d'élection du président de la république est passée de l'élection par un collège restreint d'élus tel que prévu en 1958* (parlementaires, maires…) à l'élection par tous les citoyens dans le cadre du suffrage universel direct (première application en 1965). De Gaulle n'aurait jamais obtenu l'accord du parlement (art 89), les élus étant très attachés à leur propre pouvoir au détriment de celui du peuple qu'en théorie ils représentent selon la fable rabâchée par eux mêmes depuis des siècles pour capter le pouvoir du peuple souverain au profit d'une oligarchie et de ses alliés.
Il convient d'abord de souligner que tous ceux qui sont candidats à l'élection présidentielle et tous ceux qui votent lors de cette élection (suscitant en fait le plus fort taux de participation) sont complètement disqualifiés pour contester l'application de l'article 11 de la constitution en vue de réviser le texte constitutionnel. S'ils pensent réellement que la procédure d'élection mise en place en 1962 est illégale, ils doivent logiquement ne pas participer à cette élection du président de la république.
Ensuite, il est antidémocratique que même pas 174 sénateurs élus dans l'entre-soi de soi-disant grands électeurs puissent verrouiller l'évolution constitutionnelle de la France (ou même pas 288 députés). Or l'article 6 de la Déclaration des Droits de l'Homme de 1789 qui a aujourd'hui valeur constitutionnelle dispose que "la loi est l'expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement ou par leurs Représentants, à sa formation." De plus, l'article 3 de la constitution de 1958 précise que "la souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voix du référendum". Dans ce cadre, les principes généraux du droit constitutionnel sont clairs ce qui ouvre la porte à trois voies de réforme constitutionnelles : les deux de l'article 89 (référendum ou Congrès du parlement sur un texte identique voté par chaque chambre) et celle de l'article 11 (sur proposition conjointe des deux assemblées ou sur proposition du gouvernement).
Dans ce cadre juridique, la voix du peuple l'emporte dans tous les cas y compris sur celle de leurs pseudo représentants qui ont montré en 2008 leur profond mépris des citoyens en votant un texte rejeté par référendum en 2005 (traité européen).
Tous les spoliateurs du pouvoir souverain du peuple français sont évidemment en faveur de l'interprétation restrictive accordant un droit de veto exorbitant aux parlementaires (article 89). Pourtant cette interprétation est dangereuse pour la démocratie**. Car le peuple spolié de son pouvoir, et seulement convié tous les cinq ans à désigner ceux qui décideront à sa place en toute impunité, est bien en peine pour faire entendre sa voix. Il ne lui reste que la violence ou l'abstention aux élections pour manifester ses désaccords.
Mieux vaudrait d'emblée désamorcer les conflits par la procédure référendaire qui devrait aussi être d'initiative populaire.
* le suffrage universel dit "indirect" est un non sens car l'universalité ne se divise pas.
** Voir, chronique juillet 2021
Rapport Sauvé :
Pédocriminalité largement homosexuelle
au sein de l'Eglise catholique
Le 5 octobre 2021 a été rendu public le rapport de la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels au sein de l'Eglise catholique* (CIASE), commission présidée par Jean-Marc Sauvé. Celle-ci a été mise en place par la Conférence des évêques de France suite à des décennies de révélations d'agressions sexuelles commises par des religieux ou des laïcs liés à l'Eglise**, que ce soit en France ou à l'étranger, là où l'Eglise catholique exerce son influence sur des populations locales. Dans d'autres pays aussi, des rapports accablants ont déjà inventorié sous la pression notamment des associations de victimes, l'ampleur des agressions sexuelles commises par des religieux (Irlande, Allemagne, Australie…)..
La CIASE estime qu'il y a eu en France depuis 1950 environ "330 000 victimes mineures de personnes en lien avec l'Eglise, dont 216 000 victimes de clercs, religieux et religieuses" (p.222). Même si "les violences sexuelles commises par des personnes en lien avec l'Eglise catholique ont représenté 6,1% du total des violences infligées aux mineurs…, le désastre représenté par les violences sexuelles dans la société française ne saurait en rien occulter la réalité et la gravité de cet autre désastre que sont les violences sexuelles dans l'Eglise catholique" (p.223).
Les victimes sont à une "écrasante majorité, des garçons de 10 à 13 ans" (p.132). Et le rapport précise qu'ainsi "les garçons représentent 80% des personnes ayant subi pour la première fois dans leur minorité une violence sexuelle de la part d'un membre du clergé (prêtre, religieux, religieuse ou diacre) (p.151). Or en dehors de l'Eglise, ce sont surtout les filles qui sont victimes d'agressions sexuelles et principalement dans le milieu familial.
Les médias en général semblent plutôt réticents à souligner le caractère homosexuel des agressions commises par des religieux, sans doute pour ne pas heurter de front les puissantes organisations LGBT. Mais quand on veut sincèrement apporter des solutions adaptées à un problème d'une telle gravité, il convient d'en rapporter honnêtement tous les ressorts.
En 2018, le pape François soulignait déjà à propos de la vocation religieuse*** que "la question de l'homosexualité est une question très sérieuse que nous devons discerner correctement dès le début avec les candidats, si c'est le cas. Nous devons être exigeants. Dans nos sociétés, il semble même que l'homosexualité soit à la mode et cette mentalité, en quelque sorte, a une influence également sur la vie de l'Eglise…. L'Eglise recommande que les personnes ayant ce penchant bien ancré ne soient pas acceptées pour le ministère ou la vie consacrée". Et quant à ceux qui sont déjà dans l'institution, "…il vaut mieux qu'ils quittent le ministère ou leur vie consacrée plutôt que de vivre une double vie" (p.83, 84). Et l'ouvrage très documenté de Frédéric Martel "Sodoma, Enquête au cœur du Vatican" publié en 2019 (Robert Laffont) sur l'omniprésence des homosexuels au Vatican n'a sans doute pas été un objet de surprise pour le Pape.
A peine le rapport Sauvé publié, une querelle sur le secret de la confession s'est fait jour suite à une déclaration du président de la Conférence des Evêques de France estimant que "le secret de la confession… est plus fort que les lois de la République". Craignant sans doute que cette affirmation ne serve de modèle aux islamistes pour affirmer que "la charia est plus forte que les lois de la République", le ministère de l'Intérieur a vivement réagi aux propos des catholiques.
Malheureusement, cette intervention n'a pas été l'occasion de dénoncer le caractère abject de la confession des enfants, véritable viol par ascendance de leur psychisme en pleine construction. De plus, la confession des enfants constitue hélas une bonne entrée en matière dans le domaine de la sexualité (CIASE p.175) où le questionnement des prêtres est souvent intrusif et déplacé, constitutif d'une emprise dangereuse pour l'enfant. Il conviendrait que l'Etat interdise ce genre de pratique, les adultes restant libres d'aller raconter toutes leurs petites histoires à leur confesseur attitré. L'Etat devrait aussi s'intéresser de près aux prêtres rémunérés par les contribuables sous le régime du Concordat en Alsace Moselle et retirer son financement au moindre délit à caractère sexuel.
Finalement, l'Eglise catholique ne semble pas avoir trop souffert de ce rapport accablant tant les esprits y étaient déjà préparés par des décennies de scandales sexuels au sein de l'Eglise en France et ailleurs dans le monde. Il a suffit aux responsables de dire leur honte et leur compassion pour les victimes pour que les médias passent vite à autre chose… tandis que l'Eglise se lançait dans une campagne radiophonique d'appel aux legs en sa faveur. Or le legs n'est qu'un don post mortem. Le comble du mépris serait bien de faire financer par les fidèles les éventuelles indemnités allouées aux victimes des religieux.
* Les violences sexuelles dans l'Eglise catholique. France 1950-2020. Octobre 2021.
** Voir précédente chronique, août 2018, "L'Eglise catholique et la pédophilie".
*** Pape François, La force de la vocation, la vie consacrée aujourd'hui, EdB 2018.
Le grand théâtre
de la campagne présidentielle
Le mois de novembre 2021 n'a pas été avare de débats pour la désignation des candidats officiels à la présidence de la république en vue de l'élection d'avril 2022, notamment chez les Ecologistes et chez les Républicains. Parallèlement, un franc-tireur sortant du rang comme Eric Zemmour a largement occupé les médias.
Les acteurs du grand théâtre sont naturellement les candidats plus ou moins connus dans l'arène politique mais dont l'ego leur fait miroiter un destin national, c'est-à-dire l'accès au trône et à la jouissance immodérée de tous ses délices pendant cinq années garanties. Comme en général tous les présidents élus veulent se représenter (sauf assurance d'une débâcle électorale humiliante) chacun est en droit d'en déduire que les délices du trône doivent être particulièrement suaves et irremplaçables.
En tant qu'acteurs plus ou moins talentueux, les élus jouent alors la comédie de l'élection, chacun selon sa personnalité et les conseils plus ou moins avisés de ses conseillers en communication. De toute évidence, le candidat le plus talentueux pour jouer la comédie et gagner l'élection n'est pas nécessairement le plus compétent pour gouverner le pays.
Et beaucoup de candidats aux élections ou d'élus élitistes peu enclins à la mixité sociale n'aiment pas le peuple mais seulement les citoyens. Le peuple râle, le citoyen se soumet dans la démarche dite "citoyenne" qu'on lui a vivement recommandée, et avec une insistance si troublante que son attention aurait pourtant dû en être alertée. De nombreux élus au scrutin uninominal vivent comme une humiliation le fait de devoir faire des moulinets et des entrechats devant des milliers de gens souvent un peu goguenards et au final pas mécontents de faire faire le beau sur les pattes de derrière à ceux qui sollicitent leurs suffrages. Mais sitôt assis sur le trône, l'élu constatera alors avec une infinie jouissance mêlant vanité et vengeance le renversement de situation en sa faveur.
La critique du grand théâtre revient aux journalistes politiques bien trop contents de remplir les colonnes de leur journal ou leurs heures d'antenne. Il leur suffit de rester dans la ligne politique de leur média et ils peuvent alors jouir de leurs moulinets plus ou moins brillants et ensuite des moulinets sur leurs propres moulinets. Et leurs radotages souvent nourris de sondages tournent parfois à la cacophonie et au "café du commerce". Le politiquement correct l'emporte assez souvent sur la rigueur intellectuelle ce qui constitue une trahison de la confiance accordée par les citoyens en quête d'informations honnêtes, même si ces dernières peuvent déplaire aux commissaires politiques autoproclamés de la pensée sans doute aussi nombreux chez les journalistes que chez les intellectuels.
Enfin, les spectateurs du grand théâtre sont les citoyens électeurs courtisés par des candidats qui en général ne tiennent pas leurs promesses, comme si celles-ci faisaient seulement partie du texte de la pièce à jouer sur la scène nationale et restaient ensuite une curiosité de bibliothèque qu'il convient vite d'oublier.
Mais les citoyens spectateurs ont eu le spectacle rituel des élections que les médias se chargent de faire mousser sans retenue, et restent totalement libres de mettre sur le trône à la majorité absolue des suffrages exprimés le candidat qui a persuadé ou séduit le plus grand nombre. Nombreux sont aussi ceux qui se contentent du spectacle de la démocratie dite "représentative" et se dispensent d'aller voter. Devenant au fil du temps de plus en plus lucides sur les ressorts de la comédie qui leur est régulièrement présentée, ils n'ont plus vraiment envie de jouer le rôle qui leur est assigné : celui de spectateur et de financeur de la comédie visant à les dépouiller de leur pouvoir souverain faute de référendum d'initiative populaire.
VIe République ?
En décembre 2021, le programme du candidat à l'élection présidentielle Jean-Luc Mélenchon a été disponible en librairie* sous le titre "L'avenir en commun". Ce programme reprend sensiblement celui de sa candidature de 2017 où il était arrivé en quatrième position au premier tour de l'élection avec 19,58% des suffrages exprimés soit le soutien de plus de 7 millions de citoyens.
Le candidat préconise de mettre fin à la Ve République au motif que celle-ci est devenue dangereuse : en organisant un pouvoir solitaire, l'irresponsabilité des dirigeants et la mise à l'écart des citoyens de la décision politique. Il faudrait donc créer une VIe République.
De toute évidence, les citoyens sont tout à fait indifférents à la numérotation des constitutions qui fait les délices des juristes adeptes de taxinomies savantes des régimes politiques dans un entre soi loin des préoccupations des Français. Il vaut mieux avoir une Ve République réformée dans un sens historiquement gaullien (recours à l'article 11 pour donner au peuple le pouvoir de décider y compris pour modifier la constitution, suppression du Sénat et du CESE**, deux institutions aussi inutiles que coûteuses pour les finances publiques) plutôt qu'une sixième République qui renforce le pouvoir de soi disant représentants au détriment du peuple spolié de son pouvoir souverain.
Par ailleurs, se situer dans la lignée des cinq républiques précédentes n'est pas nécessairement perçu comme quelque chose de glorieux vu par exemple la violence contre sa propre population et le génocide vendéen de la première république, l'expansion coloniale à la force des armes de la troisième république, l'acharnement colonial de la quatrième république en Indochine, en Algérie, à Madagascar, et le traitement criminel des populations algériennes par la cinquième république entre 1958 et 1962. Et l'hymne national datant de la première république demande toujours qu'un "sang impur abreuve nos sillons"… Les Français ont-ils le sang pur ?
Le candidat Mélenchon préconise d'organiser un référendum sur la base de l'article 11 pour décider des modalités de composition de l'assemblée constituante. Ensuite, le résultat du travail de l'assemblée sera soumis à référendum. Il s'agirait de passer à "un régime parlementaire stable" avec une Assemblée nationale élue au scrutin proportionnel départemental. Or la proportionnelle intégrale n'est pas un gage de stabilité politique puisqu'une fois élus les prétendus représentants vont négocier entre eux dans le dos des citoyens pour tenter de former une majorité et se partager les postes et leurs délices.
Le candidat propose aussi d'instaurer le vote obligatoire. Mais celui-ci est une violence faite aux citoyens dans le cadre d'une élection car on ne peut obliger ceux-ci à se dépouiller de leur pouvoir souverain au profit de pseudo représentants. Cela reste cependant judicieux dans le cadre de référendum décisionnel car dans ce cas le citoyen décide lui-même de la chose publique.
Certes, son programme propose aussi d'instaurer un référendum d'initiative citoyenne permettant "de révoquer des élus, proposer ou abroger une loi et modifier la constitution". Mais s'il est prévu de rendre obligatoire le référendum pour toute modification constitutionnelle rien n'indique que le président de la république, l'assemblée nationale ou le sénat seraient dépourvus de tout droit de veto en cas de référendum d'initiative citoyenne visant à modifier la constitution. Le peuple est souverain, il n'appartient pas aux élus soi disant représentants du peuple, de s'opposer à ses volontés de réformes notamment constitutionnelles.
En conséquence, ce programme institutionnel n'apparaît ni clair ni loyal à l'égard des citoyens qui risquent bien de se retrouver dans un système politique dont on a changé le numéro mais pas les pratiques spoliatrices du pouvoir du peuple par de pseudo représentants.
Faut-il rappeler que l'adoption d'une constitution complexe d'une centaine d'articles par voie référendaire ne suffit pas à la démocratie. Le peuple doit disposer des moyens d'en modifier à son initiative les dispositions qui ne lui conviennent pas et qui ont été approuvées par défaut parce qu'elles faisaient partie du "paquet" constitutionnel. Le peuple doit aussi pouvoir ajouter les dispositions qui lui paraissent opportunes. Faute de ce pouvoir, le système politique retombe dans la fable de la représentation visant à retirer le pouvoir au peuple pour l'exercer dans un entre soi oligarchique.
* L'avenir en commun, le programme pour l'Union Populaire, Seuil 2021, 158 p., 3 euros
** Curieusement, le programme de 2017 (p.26) prévoyait la suppression judicieuse du Sénat et du CESE ce qui n'est plus le cas du programme de 2022. Les anciens collègues de l'ex sénateur Mélenchon (1986-2000 et 2004-2010) lui ont peut être rappelé qu'il bénéficiait d'une retraite confortable et qu'il n'était pas très élégant de fermer la porte derrière lui.
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