(de janvier à décembre 2023)
Référendum ou carnaval syndical ?
En janvier 2023, un front uni de syndicats a organisé des manifestations dans de nombreuses villes de métropole ou d'outre-mer. Ce mouvement a vocation à se prolonger soit par des grèves soit par des manifestations sur la voie publique ou les deux à la fois. Le motif de la contestation réside dans l'opposition à un projet gouvernemental de réforme des régimes de retraite. D'une manière générale, il semble difficile au commun des mortels de se faire une opinion libre et éclairée sur la consistance précise de cette réforme tant son organisation en touchant à des situations personnelles extrêmement variées est complexe. En conséquence, chacun peut craindre que sa situation ne s'aggrave sous couvert de progrès économique et social. La parole des élus étant depuis longtemps complètement décrédibilisée, qu'ils soient gouvernants ou opposants, les citoyens ne savent plus qui croire.
Il y a toutefois deux mesures qui clairement frappent d'emblée les esprits : le report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans et l'allongement de la durée de cotisation. Ces deux mesures ont coalisé l'action syndicale contre le projet gouvernemental. Il appartient maintenant au parlement d'adopter ce texte, éventuellement en y apportant des modifications plus ou moins substantielles.
Pour tous les démocrates respectueux de la souveraineté du peuple français, la décision de report de l'âge légal de départ à la retraite obligeant les citoyens à travailler plus longtemps devrait relever d'une décision populaire par voie référendaire. Cette procédure respecterait la dignité des citoyens qui n'auraient pas à s'abaisser à semer le désordre dans le pays pour tenter de défendre leurs intérêts.
Le carnaval syndical humilie le peuple souverain tandis que le référendum le respecte légitimement.
Mais hélas pour les citoyens, ni les gouvernants ni les dirigeants syndicaux ne sont d'une manière générale favorables à une telle procédure. Les gouvernants français sont viscéralement opposés à la démocratie référendaire sous les prétextes les plus fallacieux mais en fait parce que cela les priverait du pouvoir de décision, au profit du peuple qui est pourtant le souverain légitime. Ils préfèrent gouverner dans l'entre-soi élitiste qui assure aux gouvernants et à leurs alliés la jouissance du trône et de ses délices. Quant une décision politique prise par de soi-disant représentants est contraire à la volonté d'une grande majorité de citoyens, cela montre à quel point la démocratie dite "représentative" peut n'être qu'une fable.
De même, les dirigeants syndicaux vantent peu les mérites de la démocratie référendaire car cela les priverait aussi du pouvoir et de ses délices dans leur travail d'intermédiaires entre le peuple souverain et les gouvernants. Ils préfèrent jouer le rôle de grand organisateur du carnaval syndical avec défilés sonorisés aux chiffres de participation gonflés, et figurer au premier rang sur la photo comme des chefs de meute suivis de milliers de personnes ce qui est censé leur donner de l'importance aux yeux du gouvernement et flatte en plus leur ego.
Que ce soient les gouvernants ou les chefs syndicalistes, ils préfèrent tous le désordre social et ses violences stupides souvent tournées contre le peuple lui-même qui est pris lâchement en otage par des minorités agissantes, plutôt qu'une décision démocratique et sereine du peuple par voie référendaire qui les priverait de tout pouvoir. Les gouvernants pensent que quand les manifestants seront lassés de s'époumoner dans la rue et que l'atteinte très grave à la liberté de circuler et de travailler aura fini par exaspérer les citoyens, alors les contestataires rentreront sagement à la maison et reprendront le travail. De leur côté, les syndicalistes pensent que la paralysie sociale et économique qu'ils organisent finira par retourner les citoyens électeurs contre leurs élus toujours très inquiets à la perspective de perdre leur statut très confortable.
Cette attitude des uns et des autres en dit long sur leur profond mépris du peuple souverain.
Postures querelleuses :
l'OTAN se déchaîne
En février 2023 soit un an après l'invasion russe en Ukraine, les membres de l'OTAN ont témoigné avec force de leur bellicisme aux racines lointaines à l'égard de la Russie. Dès le début du mois, la présidente de la Commission européenne s'est de nouveau rendue à Kiev mais cette fois accompagnée d'une quinzaine de membres de la Commission pour assurer l'Ukraine du soutien indéfectible de l'Union européenne. Le lendemain, elle a été rejointe par le président du Conseil européen venu porter le même message. Au nom de qui ?
Rien n'indique que les centaines de millions de citoyens européens cautionnent cette démarche querelleuse à l'égard de la Russie, querelle établie sur la base d'un narratif américain tendancieux. Chacun se souvient que le narratif russe a lui été interdit d'antenne, notamment par la fermeture de l'intéressante chaîne RT en français qui permettait d'assurer une pluralité de l'information, prétendue valeur des démocraties occidentales.
Dans la foulée, le président ukrainien s'est rendu à Londres, Paris (où il a été reçu par le président français et le chancelier allemand) et à Bruxelles pour réclamer de l'aide militaire et économique alors qu'il savait depuis longtemps que sa volonté d'intégrer l'alliance militaire belliqueuse dirigée depuis toujours contre la Russie conduirait son pays dans d'insurmontables difficultés*. Marionnette de Washington, il joue bien la pièce de théâtre qu'on lui demande de jouer mais sans en avoir écrit le scénario. Son jusqu'au-boutisme et sa volonté criminelle d'impliquer l'OTAN dans sa fuite en avant belliqueuse (prétendu missile russe explosant en Pologne -en fait ukrainien- et prétendue violation de l'espace aérien roumain membre de l'OTAN par un missile russe, malgré les dénégations de l'Alliance atlantique) indique que son avenir très incertain dépend beaucoup plus de Washington que de Moscou à qui il suffit de durer et attendre avec patience qu'il ait suffisamment indisposé son maître.
Et en apothéose grandiose de la dramaturgie otanienne, le président américain s'est rendu à Kiev pour défier la Russie tout comme la présidente de la Chambre des représentants US s'était rendue en 2022 à Taiwan pour défier la Chine et attiser sottement la querelle entre les deux pays. Il a terminé son voyage en Pologne pour prononcer un discours sur de prétendues valeurs de l'Occident (dont apparemment les Palestiniens entre autres seraient jugés indignes) juste après le discours du président russe devant son parlement.
La conséquence malheureuse de tous ces contacts surjoués devant les caméras de télévision est que l'Ukraine obtient hélas des pays membres de l'OTAN (avec l'accord du chef américain) de plus en plus d'armes offensives et sophistiquées. Les Etats-Unis veulent affaiblir au maximum l'armée russe en laissant sournoisement le soin aux Ukrainiens d'effectuer le travail le plus dangereux. Après avoir obtenu des chars (dont des chars légers réformés en France) les Ukrainiens réclament maintenant des avions de combat toujours au motif risible qu'ainsi ils empêcheraient les Russes d'arriver à Paris et à Londres !
Aussi bien, malgré toutes leurs dénégations, l'OTAN et ses membres solidaires sont aujourd'hui cobelligérants dans ce conflit ancien qui n'est au départ qu'une guerre civile déguisée en conflit international. L'Alliance atlantique ne cesse de mettre de l'huile sur le feu dans cet espace russophone, espérant à terme en tirer des avantages tout en pariant dangereusement sur sa maîtrise de la situation en toute hypothèse. Mais il est évident que quand un Etat fournit des armes, que son industrie de défense travaille jour et nuit pour les produire, qu'il en est de même pour ses services de renseignement, qu'il fournit une aide économique, qu'il forme les militaires ukrainiens sur son sol et sur le leur, que ses dirigeants se prononcent ostensiblement pour la défaite militaire et économique de la Russie, que presque tous ses médias et sa diplomatie sont au service d'un narratif belliqueux dirigé contre la Russie qui n'est en fait que la propagande sournoise de l'Alliance atlantique bien maîtrisée par les USA, et qu'il prend avec tous les Etats de l'Alliance militaire des sanctions économiques sévères contre la Russie, cet Etat est alors cobelligérant. Poutine a raison de souligner que la guerre n'est pas contre l'Ukraine mais contre l'OTAN.
Les citoyens européens sont-ils d'accord pour que l'engrenage militaire diabolique de l'OTAN les entraîne insidieusement dans le chaos pour l'intérêt supposé des USA ? Les conséquences du conflit se font déjà sentir de façon sensible sur leur niveau de vie et leur quiétude (pénurie de matières premières, inflation, augmentation vertigineuse des coûts de l'énergie pénalisant aussi les entreprises…) mais il est encore temps d'inverser la tendance initiée à l'origine par l'encerclement menaçant et querelleur de la Russie par l'OTAN suite aux vieilles obsessions des dirigeants américains, sachant aussi pouvoir compter sur l'américanophilie idolâtre de nombreux dirigeants européens.
Nombreux sont les citoyens de l'Union européenne condamnant toute aide militaire à l'Ukraine mais approuvant l'aide civile et médicale ainsi que l'accueil des réfugiés fuyant à juste raison un incendie attisé sans cesse de façon irresponsable par les fournitures d'armes occidentales.
Il conviendrait que les citoyens de chaque Etat de l'Union européenne se prononcent par référendum sur la fourniture d'armes à l'Ukraine et les sanctions infligées à la Russie. Le débat démasquerait sans doute l'arrogance du chef de l'OTAN (menaçant sans cesse le monde entier avec ses mises en garde), son cynisme meurtrier (les Ukrainiens meurent en nombre pour la cause otanienne et de son chef) et sa sournoiserie coutumière (la défense de prétendues valeurs universelles comme paravent des intérêts des Etats-Unis).
* Voir la chronique d'octobre 2022 : "L'OTAN, cancer de l'Europe"
Le comble de l'indécence
En mars 2023, le Sénat a voté la fin des régimes spéciaux de retraite pour la RATP, la Banque de France et les services d'énergie électrique et gazière. Cette réforme ne concerne que les futurs recrutés et non pas ceux qui bénéficient déjà de ces avantages dans le cadre de leur recrutement passé.
Or les sénateurs bénéficient eux d'un régime de retraite spécial particulièrement avantageux (déjà 2190 euros net mensuels après un seul mandat de six ans) voté par eux-mêmes et financé par leurs cotisations dites majorées. Ils ne manquent pas de souligner que leur régime spécial ne coûte rien à l'Etat mais en réalité, ils financent leurs cotisations de retraite par l'argent que leur verse le Sénat, pris sur le budget du Sénat qui est voté chaque année par le Parlement c'est-à-dire l'Assemblée nationale et le Sénat. Le Sénat et ses sénateurs coûtent environ 336 millions d'euros par an à l'Etat (c'est-à-dire aux contribuables) qui serviront donc entre autre à payer les cotisations de retraite des sénateurs. Comme les maçons, par exemple, aimeraient eux aussi décider de leur propre régime de retraite et payer de leur poche leurs cotisations majorées avec l'argent que leur verserait l'Etat après vote de ce budget par les maçons eux-mêmes !
Quelle impudence que d'oser s'attaquer aux régimes spéciaux des travailleurs (les vrais qui eux ne peuvent pas pratiquer un absentéisme massif) et les obliger à travailler plus longtemps pour allonger leur temps de cotisation.
Celle-ci a été peu soulignée par les médias et de façon plus étonnante encore par les chefs syndicalistes. Ces derniers bénéficient-ils d'avantages particuliers pour leur retraite, avantages accordés discrètement par leur propre organisation syndicale ?
Les sénateurs devraient essayer de monter jusqu'à l'épaule comme un maçon un sac de vingt kilos de ciment pour en verser une partie dans la bétonnière en marche. Ils devraient essayer de déplacer comme un bûcheron des rondins de chêne de trente kilos qui opposent cruellement toute leur inertie. Ils devraient essayer d'installer à la bonne place comme un plombier la chaudière en fonte qu'il a fallu descendre au sous-sol par l'escalier.
Il leur fallait une forte dose de mépris (ou de coupable insouciance) pour obliger ces travailleurs à souffrir deux ans de plus dans leur emploi, soit de 62 à 64 ans, avant un repos pourtant bien mérité.
Et curieusement, plutôt que de demander des comptes aux parlementaires spoliateurs, les syndicats s'en prennent aux citoyens bien innocents en leur pourrissant la vie par les entraves à la liberté de circuler, de travailler, d'étudier, de se chauffer… Ceci n'est hélas pas sans rappeler le cas des adolescents qui s'auto-mutilent pour faire pression sur leurs parents.
La spoliation par les parlementaires est manifeste. Sur la base d'un montant moyen des retraites de 1500 euros mensuels, obliger à travailler deux ans de plus revient à priver les travailleurs d'un capital mensualisé de 36 000 euros environ à une période de leur vie où leur corps est déjà usé par le travail physique.
De plus en plus, les citoyens se rendent compte combien la démocratie dite "représentative" est une fable destinée à spolier le peuple de son pouvoir souverain pour le faire remonter entre les mains d'une minorité qui l'accapare à son profit et à celui de ses alliés. Tout a été fait pour qu'il n'y ait pas de référendum sur les points fondamentaux du projet de réforme des régimes de retraite. Et certains élus continuent même d'amuser la galerie avec le pseudo référendum d'initiative partagée (en fait d'initiative parlementaire avec le soutien d'environ 4 800 000 citoyens). Mais il suffit ensuite que le parlement examine le texte pour qu'il ne puisse plus être soumis à référendum (article 11 al.5 de la constitution de 1958)…
Les concerts de casseroles
ou
l'humiliation du peuple souverain
En avril 2023 après la promulgation de la loi contestée sur la réforme des retraites s'est répandue la pratique des concerts de casseroles pour accueillir les membres du gouvernement lors de leurs déplacements à Paris ou en province. La pratique consistant à pourrir la vie des gouvernants est naturellement plus intelligente que de s'en prendre à ses concitoyens bien innocents en les empêchant de circuler, de travailler, de se chauffer… Ils sont déjà bien assez en peine pour faire face à l'inflation notamment des produits alimentaires et énergétiques sans qu'il soit besoin que des syndicalistes mal inspirés viennent en plus leur gâcher la vie.
Certes, pour les gouvernants la gêne est plus anodine que les graves entraves à la circulation ou au travail infligées aux citoyens par certains syndicats violents. En effet, le bruit des casseroles est souvent plus harmonieux que par exemple les horribles bruitages électroniques des jeunes d'outre Atlantique avides de décibels. Certains concerts de casseroles ne sont d'ailleurs pas sans esquisser les sonorités suaves des gamelans balinais. Mais les casseroles évoquent aussi par métaphore les affaires judiciaires réelles ou supposées susceptibles d'entacher la réputation d'un élu et sont évidemment perçues comme un geste d'hostilité manifeste à l'égard des membres du gouvernement. Comme ils sont loin les gardes républicains au garde-à-vous en costume d'opérette servant à l'Elysée de décor aux gouvernants, toujours avides des délices du trône flattant par ailleurs leur ego bouffi (pour un coût exorbitant de 280 millions d'euro selon la Cour de comptes – référé n°65 368 sur la garde républicaine).
Mais quelle humiliation pour le peuple souverain que d'en être réduit à poursuivre ses gouvernants avec des casseroles pour faire entendre son point de vue. Le report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans aurait dû faire l'objet d'un référendum après un débat honnête faisant clairement apparaître les opinions de toutes les parties et les différentes options économiques réellement offertes aux dirigeants de la nation.
L'article 11 de la constitution de 1958 doit être modifié pour rendre au peuple son pouvoir souverain par le biais de la procédure du référendum d'initiative populaire (et non pas d'initiative parlementaire comme c'est le cas actuellement) sans droit de veto du Parlement, du Conseil constitutionnel ou du Gouvernement et sans entraves procédurales exorbitantes (nombre de signatures…).
La démocratie dite représentative n'a rien de démocratique quand la représentation du peuple souverain n'est plus qu'une fable.
Se soumettre ou se justifier
En mai 2023, des joueurs de football des équipes de Nantes et de Toulouse ont été fermement invités à porter sur le maillot de leur équipe leur numéro floqué aux couleurs de l'arc-en-ciel, c'est-à-dire celles du mouvement des lesbiennes, gay, bisexuels, transsexuels… dit mouvement LGBT ou mouvement des Fiertés. Certains joueurs ont refusé ce militantisme obligatoire ce qui provoqua la colère des commissaires politiques et des procureurs de la pensée toujours prompts à s'inspirer des talibans. Les réfractaires ont alors été invité à se justifier comme dans les séances d'aveux régulièrement mis en scène dans les pays totalitaires.
Chacun est évidemment libre de défendre les causes de son choix et vu l'étendue des causes à défendre, il y en aura à coup sûr pour tout le monde. Mais personne ne peut imposer aux autres de militer pour une cause particulière sous peine de porter atteinte à la liberté de penser et à la liberté d'expression.
Refuser de porter les couleurs LGBT sur son vêtement serait alors assimilé à de l'homophobie par le terrorisme intellectuel ambiant d'organisations militantes relayé par des médias avides de querelles qui ne remettent pas en cause les intérêts de leurs maîtres. A quand les commandos des Fiertés qui vous arrêtent dans la rue pour vous remettre un chapeau aux couleurs arc-en-ciel et vous menacent de poursuites judiciaires pour homophobie si vous refusez de le porter sur-le-champ ?
Dans ce genre d'affaire, il y a toujours des personnages qui veulent prendre l'ascendant sur les autres et les contraindre à certains comportements.
Il en est ainsi de la mode des "minutes de silence" que des commissaires politiques qui ne parviennent pas toujours à dissimuler la jouissance que leur procure la manipulation des autres veulent imposer à la foule au nom de valeurs pas nécessairement partagées par tout le monde. Même si la cause est partagée, chacun peut ne pas avoir envie de se laisser manipuler par des politiciens pas toujours recommandables qui tentent de servir leur propre cause. Effectuées en position debout tout en tentant de prendre l'air recueilli, les "minutes de silence" mises en œuvre en général pour rendre hommage à certains morts beaucoup plus qu'à d'autres relèvent plus de la comédie politique que de l'hommage sincère et désintéressé. Tant que ceux qui répugnent à se lever seront stigmatisés, il conviendrait de cesser ce folklore pathétique. Ne pas se soumettre aux diktats des "minutes de silence" ne veut pas dire que le réfractaire ne veut pas rendre hommage au mort par tout procédé à sa libre convenance, mais seulement qu'il ne reconnaît pas au manipulateur le choix de la procédure ni le droit à la stigmatisation publique.
Les mêmes observations peuvent être appliquées au fait de se lever pendant l'hymne national tout en jetant des regard éperdus à un bout de tissu sacralisé à dessein qui flotte au vent. Tous ceux qui sont profondément indignés par un hymne guerrier invitant à ce qu'un "sang impur abreuve nos sillons" très anachronique préfèreront judicieusement rester assis pendant la Marseillaise. Là encore ne pas se soumettre au diktat du garde-à-vous pendant la ce chant plutôt daté ne veut pas dire que l'Etat et ses institutions sont contestés mais seulement que la manipulation grossière et potentiellement dangereuse par quelques un est refusée.
La résistance à l'embrigadement est un droit fondamental de l'être humain que chacun doit pouvoir mettre en œuvre sans risquer les foudres des commissaires politiques et de leurs sbires.
Les prétendus "nuisibles"
et
les super nuisibles
En juin 2023 a été publié* la liste des animaux considérés comme "nuisibles" par le gouvernement français afin d'offrir à une partie de son électorat le plaisir de les exterminer toute l'année, c'est-à-dire même en dehors des périodes de chasse selon la réglementation adaptée localement par les préfets. Pudiquement, l'expression "espèces susceptibles d'occasionner des dégâts" (ESOD) a remplacé le terme "nuisibles" ouvrant trop la porte aux polémiques.
La liste comprend le renard roux, la martre des pins, la fouine, le corbeau freux, la corneille noire, le geai des chênes, la belette, la pie bavarde et l'étourneau sansonnet. Tous sont aussi beaux qu'inoffensifs pour l'être humain mais peuvent être exterminés au motif qu'ils sont susceptibles (et seulement susceptibles) de causer des dommages économiques essentiellement à l'agriculture. Ces "dommages" sont évalués sur un mode déclaratif sans tenir compte des "avantages" écologiques apportés par ces espèces. Le but du gouvernement est en fait clientéliste, il s'agit de faire plaisir aux associations de chasseurs actives et menaçantes. La jouissance du trône et des ses délices vaut bien le massacre honteux de quelques centaines de milliers de mammifères et d'oiseaux. Certes, la responsabilité des chasseurs est grande, mais la responsabilité du crime est encore plus grande chez celui qui non seulement ne l'empêche pas mais en plus l'encourage par la loi.
Ce massacre lamentable peut être effectué par tir au fusil, piégeage ou déterrage, cette dernière méthode étant la plus sadique et déshonorante pour l'humanité toute entière.
Dans le même temps, une étude s'est penchée sur le rôle des êtres humains dans la prédation globale **.
L'animal humain est prédateur pour se nourrir (55% des proies tuées à des fins alimentaires), mais en fait, il est plus un charognard car il ne veut surtout pas voir le processus de mise à mort des proies qu'il répugne à tuer et encore plus à dépecer. Il est aussi prédateur pour les besoins présumés de la science, pour l'habillement, pour la fourniture d'animaux de compagnie… et plus gravement encore pour se divertir quand il est lassé de regarder des sottises à la télévision, en se livrant à la chasse de loisir à l'arc, au poignard, au fusil, aux pinces de déterrage…
Les espèces terrestres ne représentent que 26% des proies humaines tandis que les espèces marines en représentent 43% et les espèces d'eau douce en représentent 35%.
La prédation des animaux non humains est dérisoire comparée à celle des animaux humains ce qui n'est pas sans incidence sur les équilibres écologiques des différents territoires. Ceci n'empêche pas l'être humain d'accuser sans preuve les autres espèces de dégrader la planète. L'être humain n'est pas une "espèce susceptible d'occasionner des dégâts" (ESOD) mais une "espèce occasionnant trop de dégâts" sur la faune et la flore de la belle planète bleue qui appartient pourtant autant à la faune qu'à l'être humain.
L'espèce la plus nuisible sur terre est évidemment l'espèce humaine que son arrogance, son irresponsabilité et son cynisme invitent à commettre toujours plus de dégâts sur l'ensemble des écosystèmes.
* V. ecologie.gouv.fr
** "Humanity's diverse predatory niche and its ecological consequences", Communications Biology, n°609, 29 juin 2023
Sommet de l'OTAN :
une cérémonie indécente
Les 11 et 12 juillet 2023 s'est tenu à Vilnius en Lituanie un sommet réunissant les 31 membres de l'Organisation sous la haute autorité de son chef américain. Ce sommet visait essentiellement à resserrer les rangs face à la Russie, ennemie historique de l'OTAN, par un soutien militaire affiché et conséquent à l'Ukraine. Certes, il n'a pas été accordé à l'Ukraine la mise en route de son processus d'adhésion à l'Organisation faute d'accord de tous les membres et tant que les conditions d'adhésion ne seront pas remplies.
Une des conditions majeures est naturellement de ne pas accepter un pays en guerre sous peine de devoir porter une assistance militaire directe au nouveau venu. La Russie a donc intérêt à geler le conflit en faible intensité pour empêcher l'Ukraine d'adhérer à cette organisation russophobe. C'est d'ailleurs cette menace d'adhésion et la présence de plus en plus grande de militaires de l'OTAN en Ukraine qui ont déclenché l'offensive russe de 2022.
Aujourd'hui, l'assistance militaire est massive mais sans engager directement des soldats de l'OTAN sur le terrain ce qui cyniquement laisse le soin aux Ukrainiens de mourir sur le champ de bataille pour accomplir les desseins obsessionnels des Américains, c'est-à-dire l'affaiblissement militaire et économique de la Russie et accessoirement l'affaiblissement économique de l'Allemagne par la privation du gaz russe bon marché fourni par les gazoducs Nord Stream auxquels les USA se sont opposés pendant des décennies en sanctionnant notamment les entreprises russes, allemandes et françaises participant à leur construction.
Cette assistance militaire massive, querelleuse et vindicative transforme naturellement les membres de l'OTAN en cobelligérants sournois et cyniques.
Les cérémonies organisées à Vilnius mettant en scène les dirigeants des pays membres et de leurs épouses, où chacun joue la comédie devant les caméras pour témoigner de la solidité de ses liens au sein de l'Organisation relèvent autant de l'indécence que du cynisme.
Toutes ces belles personnes habillées de leurs plus beaux atours paradant sur des estrades, se congratulant ostensiblement et se glorifiant de fournir toujours plus d'armes pour affaiblir la Russie n'iront à coup sûr pas perdre leur vie sur le champ de bataille, ni perdre une jambe ou un bras, ni perdre un parent ou un être aimé, ni perdre leur maison et leurs biens et se trouver ruinées, ni polluer leurs belles campagnes avec des explosifs meurtriers notamment pour les enfants… A elles les belles toilettes, les banquets et la paix, et aux combattants qu'elles excitent sournoisement en permanence en leur fournissant des armes toujours plus sophistiquées, la mort, le handicap, la ruine et le chaos.
Quand les Américains auront suffisamment testé la réaction des armes russes face à leurs propres armes fournies à l'Ukraine, que la situation leur semblera devenir dangereuse pour eux en plus d'être exagérément coûteuse pour leurs contribuables, ils siffleront la fin de la partie et engageront fermement l'Ukraine à négocier. Mais de toute évidence, la Russie a les armes nécessaires pour garder la Crimée et le Donbass.
Et pendant que l'OTAN fanfaronnait dans un Etat balte avec des dirigeants européens sous emprise américaine, son chef gesticulait dans le Pacifique avec le concours de la France qui a fourni une dizaine d'aéronefs dans le cadre de l'opération militaire Pégase. Après avoir provoqué la Russie à ses frontières occidentales, les USA vont chercher querelle à la Chine dont la prospérité économique et les progrès militaires remettent en cause la soi-disant suprématie américaine.
Une instrumentalisation de l'islamophobie :
l'interdiction de l'abaya à l'école
En août 2023 a été publiée au Bulletin Officiel de l'Education Nationale une note de service* visant à interdire le port de l'abaya dans les établissements scolaires. L'abaya est un vêtement ample souvent porté par les femmes des pays musulmans qu'elles soient musulmanes, juives ou chrétiennes. Celui-ci n'a pas de caractère religieux selon le Conseil français du culte musulman mais seulement un caractère culturel tout comme le quamis, vêtement porté par les hommes. En outre, le texte du ministère ne définit ni l'abaya ni le quamis mais évoque des "tenues de type abaya ou quamis" accusées de manifester ostensiblement en milieu scolaire une appartenance religieuse.
Lors du dernier remaniement ministériel, la première ministre avait souhaité changer de ministre de l'Education jugé trop discret, au profit d'un nouveau ministre "qui cogne".
A peine nommé, le nouveau ministre Gabriel Attal "cogne" à grand renfort de médias sur les jeunes filles musulmanes accusées de porter atteinte à la laïcité en utilisant des vêtements pratiques, esthétiques et bon marché issus de la culture de leurs parents. La république française vacillerait sur ses fondements à cause de quelques centaines d'élèves sur plusieurs millions portant un vêtement confortable et pudique mais qui n'est pas du goût des talibans de la laïcité.
Le nouveau ministre de l'Education nationale** aurait pu publier discrètement sa note de service sans stigmatiser des jeunes filles musulmanes qui attendent de l'école une bonne formation pour leur vie d'adulte et non pas d'être livrées en pâture dès la rentrée scolaire aux partisans d'une laïcité querelleuse, intolérante et hargneuse. Mais créer un faux problème sur le dos des musulmans permet au gouvernement de chasser sur les terres de l'opposition de droite (RN et LR) ou de gauche (PS et PC)*** et de masquer les échecs de la rentrée notamment en terme d'accueil des enfants handicapés ou de classes sans enseignant.
Ce procédé est particulièrement lamentable et discrédite leurs auteurs pour gérer les affaires de la collectivité où harmonie, tolérance et inclusion doivent être sans cesse recherchées.
* BOEN, 31 août 2023
** Lors des primaires pour l'élection présidentielle de 2017, les candidats partisans d'une laïcité mesquine, intolérante et querelleuse (Sarkozy et Valls) ont été éliminés.
*** LFI et EELV sauvent l'honneur soulignant la nécessaire tolérance et le respect dû aussi aux élèves de cultures musulmanes.
Pornocriminalité :
le lourd silence des féministes
En septembre 2023, le Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes a publié un rapport* sur l'industrie de la pornographie soit un an après le rapport du Sénat sur le même sujet**. Force est de constater que le rapport déjà accablant du Sénat avait vite fini au fond d'un tiroir, les médias et les féministes habituées des antennes de radio et de télévision semblant répugner à s'en saisir malgré une atteinte manifeste à la dignité de la femme et des pratiques infâmes relevant des sanctions de la loi pénale. Pourquoi ce silence ?
Selon le HCE, si le code pénal français "réprime sévèrement les violences sexistes ou sexuelles, la traite des êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle, les actes de torture ou encore le proxénétisme, comment expliquer que tous les actes de violence et de haine manifeste commis par l'industrie pornographique, accessibles en ligne, et donc connus de tous et toutes, jouissent d'une impunité totale ? "(p.97)
Le HCE avance deux explications. D'abord l'industrie criminelle de la pornographie organise efficacement sa propre impunité en invoquant notamment la liberté sexuelle, la liberté d'expression, en assurant la promotion médiatique de porn stars, en utilisant à dessein un vocabulaire choisi qui invisibilise les violences (BDSM, fantasmes…)…
Ensuite, le HCE dénonce le refus d'agir de l'Etat et des autorités face aux violences pornocriminelles alors que le droit pénal permet déjà de sanctionner depuis 1994 l'exposition aux mineurs de contenus pornographiques (art. 227-24 CP renforcé par la loi du 30 juillet 2020 qui impose aux plateformes le contrôle de l'âge). Cette exposition a naturellement des effets délétères et tragiques sur la formation psychique des enfants qui se construiront sur le long terme avec l'image de la femme vue dans la pornographie c'est-à-dire des femmes avilies, déshumanisées, infériorisées et finalement réifiées. Des objets de jouissance y compris de jouissance sadique, à la vulve rasée et aux orifices en libre accès.
On pourrait ajouter que si de nombreuses pratiques de la pornographie sont criminelles, l'inaction de l'Etat face à la nécessaire protection des mineurs est aussi criminelle. Ainsi, le HCE propose judicieusement (Recommandation n°14) de donner le pouvoir à l'ARCOM de bloquer les sites pornographiques ne mettant pas en place un contrôle d'âge effectif, et imposer des sanctions financières lourdes et dissuasives aux sites ne respectant pas cette obligation, à charge pour les sites de trouver eux-mêmes les moyens techniques conformes à la loi. C'est évidemment la mesure la plus urgente.
Mais le rapport de HCE n'explique pas pourquoi l'Etat reste inactif face aux ravages de la pornographie auprès des jeunes et face aux crimes commis sur des jeunes femmes vulnérables tombées dans les filets de cette industrie.
Le rapport du Sénat soulignait déjà en 2022 qu'en France environ 19 millions de visiteurs en moyenne se connectent chaque mois à au moins un site pornographique soit environ 1/3 des internautes français dont 2,3 millions de mineurs (p.84). Vu le nombre de personnes concernées qu'ils risquent de contrarier dans tous les partis politiques et toutes les classes sociales, les politiciens se disent sans doute qu'il vaut mieux laisser pourrir ce dossier jusqu'à ce qu'ils soient contraints à agir par des minorités agissantes menaçant leurs prébendes.
Si les utilisateurs des sites pornographiques n'étaient par exemple que des sympathisants du Rassemblement national, le feu médiatique contre la pornographie serait à son comble. Et tandis que pour seulement quelques centaines de vêtements élégants et pudiques (l'abaya) portés par des collégiennes et lycéennes prudes, l'Etat sévit et la scène médiatique s'enflamme, inversement le feu ne prend pas pour des millions d'enfants et d'adolescents soumis aux violences de la pornographie dans l'indifférence coupable de l'Etat. Les mères de famille et les féministes restent bien silencieuses alors que de leur côté de nombreuses féministes savent très bien enflammer la scène médiatique au gré de leur intérêt personnel en terme d'image ou de carrière. Mais à ce jour, il est sans doute difficile pour elles de se faire élire en disant aux Français qu'elles veulent les priver de leurs délices honteux et inavouables.
En outre, les Américains sont de grands producteurs de produits pornographiques révélant ainsi au monde entier leur goût immodéré pour les seins gonflés aux silicones. Or l'américanophilie idolâtre et infantile sévissant dans une partie de la société française invite à, tout comme eux, accepter en les banalisant les ravages de la pornocriminalité.
Dans ces conditions, le rapport lucide et courageux du HCE finira probablement lui aussi au fond d'un tiroir jusqu'à ce que des acteurs médiatiques responsables et des conditions politiques particulières permettent d'enflammer la scène médiatique et menacer les élus dans leur jouissance du trône.
* Pornocriminalité, HCE, Rapport n°2023-09-27 VIO-59 du 27 septembre 2023.
** Voir Chronique de septembre 2022, "L'étrange tolérance à l'égard de la pornographie".
"Y'a bon Banania"
En octobre 2023, deux évènements liés à la défense de la langue française ont été organisés par le pouvoir politique.
Le premier s'est déroulé le 3 octobre aux Invalides lors d'un hommage de l'Etat rendu à Madame Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuel de l'Académie française décédée en août 2023. Celle-ci ne souhaitait pas féminiser l'intitulé de sa fonction et tenait à la formulation "Madame le secrétaire perpétuel", formule claire et sans ambiguïté. Chacun remarquera qu'à la même époque (2014), le député Julien Aubert fut sanctionné d'une retenue d'un quart de sa solde d'élu pendant un mois par le bureau de l'Assemblée nationale pour s'être adressé à la présidente de séance de l'Assemblée par la formule pleine de politesse et de respect "Madame le président". Il est clair que si chaque institution ou personnalité peut choisir librement la formule de son choix pour ce qui la concerne, cela suppose naturellement qu'il n'y ait pas de sanction sauf à tomber dans un terrorisme grammatical à la merci de commissaires politiques vindicatives et hargneuses.
Le second événement s'est déroulé le 30 octobre à Villers-Cotterêts dans l'Aisne où le Président de la République a inauguré la Cité internationale de la langue française. Cette nouvelle institution culturelle est hébergée dans le château où en 1539 le roi François 1er a signé une ordonnance imposant l'usage du français à la place du latin dans les actes juridiques afin que ceux-ci soient mieux compris de la population.
L'aire francophone issue de la colonisation par la force des armes d'abord et par celle de la culture ensuite n'est pas oubliée dans ce projet ambitieux d'une francophonie apaisée enrichissant au fil du temps la langue du grand poète de l'amour Pierre de Ronsard (1524-1585) toujours brillant, inspiré et délicat pour s'adresser aux dames.
Qui ne voit qu'une indéniable contribution à la transformation de la langue française a été initiée entre 1915 et 1977 par la sympathique figure du tirailleur sénégalais à chéchia rouge et pompon bleu imprimée sur les paquets de poudre chocolatée et s'exclamant : "Y'a bon Banania".
En effet, aujourd'hui de très nombreux locuteurs y compris des universitaires, journalistes, intellectuels, politiciens s'expriment (même sur France Culture) à la manière du tirailleur sénégalais et les comptes rendus écrits conservent souvent la forme orale.
Ainsi, avant y'avait (il y avait) une plus grande vigilance sur la grammaire. Aujourd'hui, y'a (il y a) un certain relâchement. Demain, y'aura (il y aura) peut être plus d'attention. Il faudrait que y'ait (qu'il y ait) un réel sursaut parce que y'a eu (il y a eu) cette exigence par le passé.
A titre de reconnaissance, l'Académie française pourrait utilement recruter un descendant d'un tirailleur sénégalais qui apporterait sans doute plus à la langue française qu'un grammairien sadique et rigide (Y'a pas photo…).
En attendant, se pose le problème de savoir si l'Education nationale sanctionne lors des épreuves écrites du baccalauréat les formes raccourcies de l'expression "il y a " auquel cas la règle doit être claire pour tous les candidats, et les élèves doivent en être informés.
La longue tragédie
des violences infligées aux enfants
En novembre 2023, la Commission Indépendante sur l'Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants (CIIVISE) a rendu son rapport* au gouvernement après trois années d'investigations et d'auditions, notamment de victimes. Cette Commission a été créée à l'initiative du gouvernement en 2021 avec un terme prévu fin 2023. Mais le gouvernement souhaite prolonger son existence avec des compétences élargies.
La CIIVISE a reçu plus de trente mille témoignages. Elle estime qu'une personne sur dix a été victime de violences sexuelles dans son enfance soit environ 5,4 millions d'adultes. 8 victimes sur 10 sont des femmes tandis que 9 agresseurs sur 10 sont des hommes (p.201). 81% des violences ont lieu au sein de la famille et 11% au sein d'institutions ce qui ne minimise en rien les agressions sexuelles commises au sein de l'Eglise catholique**. Environ 30 à 40% des agresseurs ont eux mêmes été victimes de violence sexuelle dans leur enfance ou de violence physique (p.271).
Sur la base de ce tableau sombre et révoltant, la CIIVISE préconise quatre axes d'intervention : le repérage des enfants victimes dont les appels au secours restent souvent incompris; le traitement judiciaire, tout en déclarant imprescriptible les viols et les agressions sexuelles commis contre les enfants; la réparation incluant le soin, tout en libérant les victimes d'inceste par un ascendant de toute obligation à son égard (obligation alimentaire, tutelle); la prévention des violences sexuelles notamment par une grande campagne annuelle de sensibilisation permettant de rompre le lourd silence et d'informer les enfants sur la frontière entre les comportements licites et illicites.
La CIIVISE consacre la dernière partie de son rapport au déni et en analyse les ressorts et les stratagèmes pour minimiser la violence infligée aux enfants.
Elle aurait pu s'interroger sur son application à la confession des enfants pratiquée dans l'Eglise catholique qui constitue naturellement une violence psychologique inacceptable par ascendant intellectuel des religieux. Et souvent ces interrogatoires violant la conscience des enfants ne se privent pas de questionnements intimes à caractère sexuel.
Et en évoquant seulement les mutilations sexuelles féminines (p.102), la CIIVISE semble pratiquer le déni tant combattu par ailleurs pour ne pas évoquer les mutilations sexuelles masculines irréversibles imposées de force aux enfants***.
Elle est encore longue la route qui libérera les paroles de la peur de la famille, la peur des religieux, la peur du lynchage médiatique, la peur de l'opinion des autres, la peur de sa propre culpabilité… Tant de poids et de contraintes sociales invitent à penser que malheureusement le rapport travaillé et documenté de la CIIVISE finira lui aussi au fond d'un tiroir après avoir trouvé un faible et éphémère écho dans les médias.
* Violences sexuelles faites aux enfants : "On vous croit", 20 novembre 2023.
** Voir chronique octobre 2021 sur le rapport Sauvé : "Les violences sexuelles dans l'Eglise catholique. France 1950-2020", Octobre 2021.
*** Eran Sadeh, président du mouvement intactiviste israélien Gonnen Al Ha-Yeled (Protéger l'enfant), allocution à Berlin 2012 sur le site droitaucorps.com
Maria Callas,
pour ce que l'humanité a de meilleur
En décembre 2023 a été commémoré le centième anniversaire de la naissance de Maria Callas. En cette période de conflits armés et de propagande guerrière irresponsable et haineuse, cette commémoration souligne combien pendant que de tout temps certains détruisent stupidement, d'autres construisent obstinément. Autrement dit, pendant que certains font briller l'humanité par leur talent artistique, d'autres assurent sa déchéance par leurs crimes et leur violence. Curieusement d'ailleurs, les criminels adeptes de la violence peuvent aussi être férus d'art. Par exemple, l'Allemagne nazie n'a fermé ses théâtres lyriques qu'en juillet 1944 ce qui a permis à Richard Strauss, un des compositeurs les plus inspirés du XXe siècle, de faire jouer ses opéras pendant que la majorité des jeunes Allemands mouraient stupidement sur les champs de bataille dans des conditions horribles.
Contemporaine de cette époque tragique, Maria Callas a connu les affres de la guerre en Grèce occupée par l'Italie et l'Allemagne dont les soldats mélomanes et souvent musiciens appréciaient son talent de jeune cantatrice surdouée.
Femme talentueuse, intelligente, travailleuse et perfectionniste, Maria Callas avait un timbre de suite reconnaissable grâce à ses harmoniques très caractéristiques qui font qu'une voix capte d'emblée l'attention, notamment par certains effets neurologiques produisant parfois des frissons sur tout le corps. A cela venait s'ajouter un talent de conteuse lyrique (souvent appelé talent de tragédienne) qui si son timbre n'avait pas déjà complètement envoûté l'auditeur, alors son art de conter s'en chargeait incontinent.
Maria Callas a particulièrement fait briller l'humanité dans l'aire culturelle occidentale tandis qu'au même moment la chanteuse Om Kelsom s'affairait à la même tâche dans l'aire culturelle arabophone.
Et l'une et l'autre ont eu la chance d'exercer leur art à une époque où se sont développé des moyens d'enregistrement de plus en plus sophistiqués assurant ainsi leur immortalité pour le plus grand honneur de l'humanité.
Malheureusement, Maria Callas n'a pas toujours bénéficié de conditions optimum d'enregistrement soit parce que les paramètres techniques étaient défaillants soit parce que sa condition physique était amoindrie. C'est en effet le corps qui fabrique le son dans toutes ses nuances et les soins apportés à l'hygiène de vie, au choix du répertoire et à la fréquence des représentations si fatigantes pour la voix garantissent une certaine longévité aux artistes lyriques. Mais ascèse et tempérance ne s'accordent pas à tous les tempéraments. Elle a eu une vie mondaine très agitée alors qu'à cette époque, les cigarettes se consumaient en grande quantité dans les lieux clos et notamment dans les carlingues d'avion enfumées.
Maria Callas dénonçait le fait que l'on pardonne toujours aux sportifs de haut niveau des fluctuations dans leurs prouesses physiques mais que la même indulgence ne s'appliquait pas aux artistes lyriques qui eux seront sifflés à la moindre défaillance.
Déjà déclinante depuis de nombreuses années du point de vue vocal, elle a eu une fin de vie tragique à l'âge de 53 ans dans la solitude et la dépression. Mais après avoir connu le sommet de la gloire et de la renommée, elle a laissé à l'humanité quelques joyaux éternels parmi ses nombreux enregistrements. C'est quand même mieux que de laisser les ruines affligeantes de la guerre.
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