Actualité mensuelle / 2024




 (de janvier à décembre 2024)

 

 

Emanciper ou asservir ?

 

 

En janvier 2024, le gouvernement a remis sur le devant de la scène politique ses préoccupations en matière d'éducation de la jeunesse. Un certain nombre de points ont été évoqués visant à mieux former les jeunes adolescents en quête de repères pour organiser leur vie.

 

La volonté d'imposer un uniforme ferait mieux de se limiter comme auparavant, au port d'une blouse qui avait en outre l'avantage de protéger les vêtements des tâches d'encre et de la poussière de craie blanche. Même les maîtres revêtaient cette blouse dont une variété de couleurs pourrait être laissée au choix des élèves. Un brin de fantaisie permet d'échapper judicieusement à la sensation d'embrigadement qui peut susciter en réaction une volonté de briser les chaînes. Cette contrainte vestimentaire a minima permettrait déjà d'assurer un contrôle de l'institution sur le comportement civique des élèves.

 

L'apprentissage de la Marseillaise et de son culte militaire avec drapeau aux  couleurs nationales et garde à vous surjoué pour singer la soumission des militaires du rang au pouvoir politique est à proscrire. D'abord la jeunesse n'a pas à vénérer un chant guerrier anachronique qui en plus invite lourdement à ce qu'un "sang impur abreuve nos sillons". 

Ces vieilles lunes révolutionnaires du XVIIIe siècle ne sont pas adaptées à notre époque et le gouvernement ferait mieux de dépoussiérer ces oripeaux de la première République sanguinaire, en particulier avec le peuple vendéen.

Fabriquer des soldats de plomb que l'on utilise selon la volonté d'une poignée de dirigeants vassaux du chef de l'OTAN semble dangereux pour l'avenir de l'Europe surtout quand des médias bien contrôlés par leurs commissaires politiques distillent jour après jour des informations tendancieuses et plutôt militantes sous couvert d'objectivité de l'information. Mieux vaut à cet égard "désembrigader" la jeunesse pour que le moment venu elle n'aille pas se faire tuer ou mutiler stupidement dans des tranchées boueuses pour servir les intérêts de pays étrangers cyniques ou ceux de puissances économiques corruptrices et menaçantes.

 

Quant aux cours de théâtre, le président de la République a bien remarqué que sa fonction est en fait le seul poste de gestionnaire pour lequel le recrutement s'effectue seulement sur la base d'une épreuve de comédien, si bien que l'on peut être très compétent pour se faire élire mais très incompétent pour gérer la nation. En effet, un programme politique n'est souvent que le texte d'une pièce de théâtre visant à tromper les électeurs pour enfin s'asseoir sur le trône et jouir de ses délices.

Vivre c'est naturellement jouer malgré soi la comédie de la vie en attendant la mort libératrice. Que déjà chacun joue bien son propre rôle dont il écrit librement le scénario en fonction des contraintes de la vie, et décide des caractéristiques psychologiques de son propre personnage. Point n'est besoin de jouer le rôle des autres pour essayer de se rendre intéressant.

Par ailleurs, comme jouer la comédie ne sert souvent qu'à tromper, les comédiens appelés tantôt saltimbanques tantôt tricornes à grelots ont souvent fait l'objet d'une opinion plutôt défavorable.

 

Quant aux groupes de niveau proposés par le gouvernement ceux-ci seraient mieux nommés groupes "de rattrapage" pour les élèves qui n'ont pas acquis dans le primaire les bases de la lecture, de l'écriture et du calcul élémentaire soit en raison de la défaillance du milieu familial soit en raison de celle de l'école primaire ou les deux cumulées.

Une fois ces fondamentaux indispensables acquis pour une vie libre où toutes les portes sont alors ouvertes, il n'y a aucune raison ensuite de contraindre les élèves à étudier des matières qui leur déplaisent fortement sachant que certains seront plutôt littéraires tandis que d'autres seront plutôt "scientifiques". Cette inclination devrait être respectée sous peine de dégoûter de nombreux élèves des joies de l'école. Tous les élèves ont au moins un domaine d'excellence dans lequel ils peuvent briller. Il appartient à l'institution éducative de le déceler et ensuite de le cultiver. En conséquence, il convient de renoncer à vouloir uniformiser les savoirs et les compétences par classes d'âge, pour respecter enfin la diversité des compétences de chaque individu dans chaque matière.

 

Ceci amène au dernier point soulevé par le gouvernement, c'est-à-dire celui de la formation des maîtres qui a fait l'objet de longue date d'une grande instabilité. Monter sans cesse le niveau de formation académique des maîtres n'est certes pas la solution du problème, autrement il suffirait de ne nommer que des titulaires d'un doctorat pour résoudre le problème de l'échec scolaire dans le primaire.

Une formation professionnelle consistante ajoutée à une motivation sincère des élèves maîtres de faire réussir les enfants dont ils ont la charge sont sans doute les pistes à explorer sérieusement pour améliorer les performances du système éducatif.

 

Elle est encore longue la route qui permettra à l'Education nationale de briller dans les classements internationaux.*

 

 

* Voir classement PISA de l'OCDE, 2023.

 

 

 

Matraquage médiatique russophobe

 

 

Février 2024 a été l'occasion d'une poussée de russophobie débridée suite à l'évolution défavorable à l'OTAN du conflit déclenché en Ukraine il y a plus de dix ans. Ce conflit est né de la volonté de l'OTAN d'encercler la Fédération de Russie de façon agressive et querelleuse suite à l'effondrement de l'Union soviétique en 1991. Il s'agit pour l'OTAN d'occuper tout l'espace laissé vacant par l'Union soviétique soit dans les anciennes républiques soviétiques (Géorgie, Ukraine, Moldavie, Etats Baltes…) soit dans les pays qui étaient dans la sphère protectrice de la Russie (Pologne, Hongrie, Roumanie, Bulgarie…). Cet encerclement militaire querelleur constitue naturellement une menace pour la Russie qui comme du temps de la guerre froide ne cesse de subir le comportement agressif et obsessionnel du chef de l'OTAN, à savoir les Etats-Unis.

Les Etats-Unis resteraient-ils sans réagir si une alliance militaire Russo-Chinoise venait établir des bases militaires à leurs frontières au Mexique ou au Canada ? Qui croira sérieusement qu'ils utiliseraient l'argument benoîtement répété à l'envie par les membres de l'OTAN au sujet de l'Ukraine selon lequel chaque Etat indépendant a le droit de choisir librement ses alliances militaires ?* Faut-il rappeler que les USA ne reconnaissent même pas à l'Allemagne le droit de choisir ses partenaires en matière d'approvisionnement énergétique par voie de gazoduc sous peine de destruction de l'ouvrage.

 

Déjà, les Etats membres de l'Union Européenne sont cobelligérants en Ukraine par leur aide économique massive, la fourniture d'armes de plus en plus sophistiquées, le discours bien formaté de l'OTAN dans les grands médias et la présence discrète sur le sol ukrainien de personnel en soutien militaire car évidemment, assurer sur place la maintenance de matériel militaire et des missions de conseil constitue une participation active et directe aux combats sauf à penser que dans une armée tous les personnels de soutien logistique, de santé, de renseignement, de génie, d'observations aériennes… ne sont pas des combattants. En plus, les Etats membres de l'Union Européenne ont décidé en février 2024 d'une nouvelle aide à Kiev de 50 milliards d'euros tandis que des accords bilatéraux entre certains Etats européens (France, Allemagne…) et Kiev étaient signés à la mi février tout en continuant de faire croire aux Ukrainiens qu'ils pourront intégrer l'Union Européenne.

Dans cette fuite en avant, les Etats de l'Union européenne jouent contre leurs propres intérêts économiques et plus gravement contre l'intérêt de l'Ukraine où les pertes humaines et les destructions à grande échelle par les explosifs de toutes les parties ravagent ce pays déjà saigné dans sa démographie par un exode massif vers les pays de l'UE que beaucoup d'exilés souhaitent sans retour… ce qui leur semble le moyen le plus crédible d'intégrer l'UE. Faudra-t-il que l'Ukraine soit complètement ravagée par les bombardements offensifs et défensifs pour que les Européens cessent enfin de jeter de l'huile sur le feu à l'initiative cynique de leur chef américain ? Les propos belliqueux du président français le 26 février lors d'une Conférence internationale de soutien à Kiev réunissant des chefs d'Etats invités par l'Elysée sont de nature à susciter les plus vives inquiétudes. En effet, celui-ci a envisagé l'envoi de troupes au sol en Ukraine ce qui susciterait une troisième guerre mondiale suicidaire.

Cette hypothèse a entraîné des réactions négatives de ses partenaires européens et de leur chef américain dont le but de ce dernier est d'affaiblir au maximum la Russie et l'Union européenne mais surtout pas d'envoyer des jeunes Américains mourir dans les tranchées boueuses du Donbass puisqu'il veut garder ses forces pour aller chercher querelle à la Chine dans la zone Indo Pacifique.

 

Malheureusement, les populations de l'Union Européenne semblent bien oubliées par les décideurs politiques qui dans l'entre soi décident des guerres et des moyens mis en œuvre sans jamais aller eux-mêmes mourir sur les champs de bataille.

Or le soutien des populations aux folies irresponsables de leurs dirigeants semble plutôt fragile. Ainsi un sondage effectué dans douze pays de l'UE montre que si 31% des sondés sont favorables à un soutien à l'Ukraine pour qu'elle récupère ses territoires occupés par la Russie, ils sont 41% à préférer pousser l'Ukraine à négocier un accord de paix avec la Russie (France 35% et 30%; Allemagne 32% et 41%)**.

 

Et ce faible soutien populaire à l'Ukraine se dessine malgré un matraquage médiatique éhonté en faveur des thèses de l'OTAN diabolisant sans répit la Russie et ses dirigeants accusés de façon grotesque de vouloir envahir l'Europe occidentale après avoir annexé l'Ukraine, donnant ainsi un écho aux balivernes risibles du président ukrainien qui cherche par tous les moyens à entraîner l'OTAN dans la bagarre sur le front.

Dommage que l'intéressante chaine russe modérée "RT en français" a été interdite car les citoyens sont tout à fait capables de se faire leur propre opinion sans que les commissaires politiques des principaux médias leur dictent ce qu'il convient de penser, sous couvert de liberté de l'information et de distinction tendancieuse et militante entre les médias dits d'information et les médias dits d'opinion ou de propagande. 

Pour ces censeurs niant leurs propres valeurs de liberté de l'information, la bonne information est celle qui est favorable à l'OTAN, la mauvaise information ou propagande est celle qui est favorable à la Russie. Telle est leur opinion.

 

 

* Argument non utilisé par les Américains pour Cuba en 1962.

** Conseil européen des affaires étrangères, février 2024, "Guerre et élections : comment les dirigeants européens peuvent maintenir les soutiens nationaux à l'Ukraine" (Le Monde 24/2/24).

Pourtant, il vaudrait sans doute mieux négocier avec la Russie tant que Poutine est au pouvoir car rien n'indique que son successeur sera aussi fiable, équilibré et rationnel.

 

 

 

IVG et Constitution

 

 

En mars 2024 le parlement français a modifié la constitution de 1958 pour y inclure à l'article 34 la disposition suivante: " La loi détermine les conditions dans lesquelles s'exerce la liberté garantie à la femme d'avoir recours à une interruption volontaire de grossesse". Or cette liberté n'est généralement pas du tout remise en cause en France. Mais des militantes féministes victimes d'américanophilie infantile en fait largement partagée par l'élite se sont amusées à se faire peur suite à l'arrêt Dobbs de la Cour suprême des USA. Celle-ci a posé le principe en 2022 que le droit de l'IVG relevait de la compétence des Etats fédérés de l'Union et non pas de l'Etat fédéral, alors que l'arrêt Roe de 1973 avait opté pour une garantie au niveau fédéral.

La France n'étant pas un Etat fédéral (ni un Etat fédéré des USA !), cette modification de la constitution n'apporte rien de plus aux femmes mais elle permet au président Macron de répondre à sa tentative désespérée d'inscrire ses quinquennats dans l'histoire. Par ailleurs, la classe politique a pu jouer avec bonheur et grandiloquence la pièce de théâtre du Congrès dans le château de Versailles, sorte de pied de nez au peuple souverain puisqu'un tel sujet aurait dû relever du référendum sur la base de l'article 11 de la constitution (politique sociale) conformément aux précédents gaulliens, ou à défaut malgré le pouvoir exorbitant de censure des représentants sur les représentés pourtant déclarés souverains, sur la base de l'article 89.

Enfin, la "liberté garantie" aux femmes suppose des moyens humains et matériels alors que le gouvernement n'est même pas capable de garantir à chaque citoyen un médecin traitant. Suite à l'impéritie des responsables de la santé depuis des décennies, la politique irresponsable de limitation du nombre de médecins formés dans les universités françaises a conduit à des déserts médicaux et en conséquence à une autre irresponsabilité qui consiste pour les combler à aller piller notamment le Maghreb et l'Afrique subsaharienne de ses ressources médicales dont les populations locales ont pourtant tant besoin. Et on ne peut pas d'un côté souhaiter avec grandiloquence et vanité que les autres pays suivent l'exemple français en matière constitutionnelle et d'IVG* et en même temps les priver de leurs ressources médicales.

 

Cette disposition avait-elle sa place dans la constitution ?** Il vaudrait sans doute beaucoup mieux y inclure les textes de prohibition de la violence comme l'interdiction de la peine de mort (art.66-1) ou l'interdiction de la mutilation sexuelle des enfants (pas encore votée)… 

Or la pratique de l'IVG consiste en la destruction d'un organisme vivant appelé d'abord embryon et ensuite fœtus qui très opportunément ne serait pas encore une personne humaine mais seulement une personne humaine "potentielle". Seule la naissance naturelle ou provoquée et la rupture de tous liens physiques avec le corps maternel confèrerait le statut de personne humaine. Autrement dit, la femme fait ce qu'elle veut d'une excroissance de son corps tant que cela reste dans le cadre de la loi, c'est-à-dire jusqu'à la semaine 14 de grossesse (délit pénal au-delà, mais semaine 24 de grossesse en Grande-Bretagne).

 

La liberté de l'IVG indique que celles qui y sont favorables peuvent y avoir librement recours et celles qui y sont opposées ne sont jamais contraintes d'y recourir. Alors que l'interdiction de l'IVG contraindrait toutes les femmes à ne pas y recourir, sauf dans la clandestinité et dans des conditions médicales très dangereuses ce qui était le cas avant la loi Veil de 1975.

Cette réforme constitutionnelle (25 depuis 1958) était inutile puisque la législation en vigueur permettait de régler ces problèmes sauf manque de moyens médicaux localement.

 

Il appartient à chaque femme de décider de sa reproduction, tantôt tellement désirée tantôt anxieusement redoutée, même si la solution de l'IVG choisie souvent à regret torture depuis toujours les consciences se demandant quand commence réellement la vie d'une personne humaine. Mais elle peut lui apparaître comme un moindre mal face à la lourde responsabilité d'introduire sur Terre une vie qui n'a rien demandé, pour des décennies très incertaines où le pire parvient souvent à l'emporter sur le meilleur. 

 

 

* Rapport Assemblée Nationale n°2070 relatif à la liberté de recourir à l'interruption volontaire de grossesse, Guillaume Gouffier Valente (député), 2024.

** Rapport Sénat n°334, Agnès Canayer (sénateur), 2024.

 

 

 

Le peuple souverain muselé

 

 

Par décision n°2024-6 RIP du 11 avril 2024, le Conseil constitutionnel a déclaré contraire à la constitution la proposition de loi visant à réformer l'accès aux prestations sociales des étrangers suite à une saisine de la Présidente de l'Assemblée nationale.

 

Cette proposition de loi a été présentée par au moins un cinquième des membres du Parlement conformément au troisième alinéa de l'article 11 de la constitution dans le but officiel que celle-ci soit soumise à référendum après la collecte des signatures d'au moins un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales soit environ 4 700 000 signatures. Mais même en obtenant ce nombre disproportionné de signatures, il suffit que le Parlement examine cette proposition de loi dans un certain délai pour que le Président de la République ne puisse plus la soumettre à référendum. Autrement dit le peuple souverain est sournoisement muselé.

 

Dans cette pseudo tentative de mise en œuvre de la démocratie référendaire, tous les acteurs ont bien joué leur rôle de comédiens. Les auteurs du projet ont fait semblant de croire que la manœuvre référendaire pouvait aboutir espérant ainsi tirer un profit politique de cette entreprise vouée à l'échec. Et le Conseil constitutionnel a trouvé fort opportunément dans les dixième et onzième alinéas du Préambule de la Constitution de 1946 l'exigence de la mise en œuvre d'une politique de solidarité nationale en faveur des personnes défavorisées*, ce qui à ses yeux rendait la proposition de loi contraire à la constitution de 1958.

Le professeur Luchaire, ancien membre du conseil constitutionnel soulignait en son temps que "chaque décision du conseil constitutionnel repose sur une argumentation juridique très solide, mais une autre argumentation juridique, sans doute aussi solide, aurait peut être permis d'aboutir à la décision opposée."**

 

Les soi disant représentants n'ont pas de plus grande jouissance politique que de capter le pouvoir des prétendus représentés, qui à force de conditionnement psychologique sophistiqué et continu témoignent avec constance d'une certaine passivité.

 

 

* "La Nation assure à l'individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement…

Elle garantit à tous, notamment à l'enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l'incapacité de travailler a le droit d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence." (alinéas 10 et 11).

** La révision de la constitution, Les séminaires de la Fondation Jean Jaurès,   n°1 janv.1994, p.68

 

 

 

Impérialisme français

et

émancipation océanienne

 

 

En mai 2024, la France a de nouveau été secouée par l'agonie interminable de son empire colonial dont il ne lui reste plus que quelques confettis principalement insulaires disséminés sur le globe terrestre. En effet, les indigènes de Nouvelle-Calédonie se sont une fois de plus révoltés contre le colonialisme irrépressible de la France à qui ils reprochent justement le fait colonial caractérisé par la violence et les injustices, et pour la période récente, l'imposition d'une date pour un troisième référendum d'autodétermination à une période bousculée par l'épidémie de Covid 19, et la tentative actuelle du parlement de passer en force un texte sur l'élargissement du corps électoral pour les prochaines élections provinciales alors que celui-ci est gelé depuis la réforme constitutionnelle du 23 février 2007*. Les Kanaks ont donc boycotté le troisième référendum, ce qui l'a en conséquence vidé de toute signification politique, et engagé un cycle d'émeutes violentes suite au récent vote de l'Assemblée nationale (destructions, pillages, incendies, 7 morts dont 2 gendarmes…).

 

Naturellement, cette flambée de violence était évitable si l'Etat avait fait preuve de neutralité, de prudence et de sagesse dans ce dossier délicat dont il reste l'acteur majeur malgré son passif pas très reluisant. Et au fond d'eux-mêmes, ses serviteurs/acteurs témoignent d'un plus ou moins grand malaise face à ce passif colonial en fonction de leur passé, de leur éducation ou de leur orientation politique. L'agitation née de leur impéritie sera souvent attribuée sournoisement à des ingérences extérieures.

Mais les vieilles lunes du XIXe siècle sur les avantages de la colonisation restent largement partagées dans les cercles dirigeants français ce qui leur permet de parader dans les relations internationales comme puissance régionale du Pacifique (grâce aussi à la Polynésie française et à Wallis-et-Futuna). Mais cette puissance existe plus dans l'ego bouffi des dirigeants que dans la réalité océanienne. Même si ces possessions ultra marines confèrent à la France des droits sur une étendue maritime importante notamment pour les droits de pêche ou d'exploitation des richesses sous marines, ceux-ci restent théoriques face à la faiblesse des moyens militaires français pour les faire respecter. La marine de guerre aux moyens dérisoires semble alors plus performante pour les cérémonies en grand uniforme blanc immaculé et gants blancs que pour maintenir à distance les bateaux de pêche chinois, indonésiens… venant se servir librement dans le grand océan.

L'inconvénient majeur de cette colonisation a surtout été que celle-ci a permis à la France de mal se comporter avec les indigènes, si bien que dans presque tout l'Empire ils ont pris les armes pour mettre les Français dehors. Ils ont vite compris que la liberté, l'égalité et la fraternité n'étaient pas pour eux malgré les discours pleins de lyrisme et de mensonges assénés pendant des siècles par l'élite française. Ainsi encore aujourd'hui au pied de la statue du général de Gaulle tonnant du haut de sa très haute importance sur les Champs Elysées à Paris :"Il y a un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde". La mairie de Paris a quand même eu la délicatesse de ne pas faire traduire cette niaiserie intempestive en vietnamien, en arabe algérien ou en malgache dont les populations ont hélas eu la tragique occasion d'apprécier les effets de la "grandeur" de la France**. La culture coloniale est encore bien vivante et l'ombre de Tintin au Congo s'agite toujours…

 

Aujourd'hui, sur les trois possessions françaises en Océanie deux sont agitées par l'indépendantisme. En Nouvelle Calédonie le peuple originaire Kanak tente de faire valoir ses droits dans une suite d'épisodes plus ou moins violents tandis qu'en Polynésie française dont des îles ont été gravement polluées par les essais nucléaires français, le gouvernement local est dirigé par des indépendantistes prudents et modérés. Wallis-et-Futuna avec ses douze mille habitants et ses trois chefs coutumiers reste localement en dehors des turbulences coloniales même si de nombreux habitants qui ont émigré en Nouvelle-Calédonie peuvent constituer un acteur important de la vie politique locale calédonienne.

 

Si la France perdait ses trois colonies en Océanie cela ne changerait rien au quotidien des Français accablés d'impôts qui quand ils se lèvent le matin ne pensent pas aux Kanaks ou aux vahiné mais à leur propre difficulté de vivre au quotidien dans la sécurité physique et matérielle pour eux et leurs enfants. Seuls les dirigeants seraient atteints dans leur vanité pour la perte d'un prétendu prestige de puissance bien dérisoire aux yeux du monde entier.

 

 

 

* Voir, Rapport Assemblée nationale n°2611 du 7 mai 2024 de Nicholas Metzdorf.

** Inscription sous la statue du général de Gaulle sur les Champs Elysées à Paris (tirée des Mémoires de guerre).


 

 

 
 

Débarquement du 6 juin 1944 :

les ressorts d'une commémoration

 

 

Le 6 juin 2024 a été commémoré en Normandie le 80e anniversaire du débarquement des troupes alliées sur les plages françaises dans le but de mettre fin à l'infâme régime nazi. 

Par bassesse et ressentiment mesquin, les Russes n'ont pas été conviés aux cérémonies alors que dans la lutte contre le nazisme, ils ont été l'essentiel des forces militaires et des pertes humaines du temps de l'Union soviétique. Les membres de l'OTAN sous la tutelle de leur chef américain leur reprochaient leur réaction militaire en Ukraine* face aux provocations permanentes de l'OTAN visant à encercler sournoisement la Russie par l'établissement de bases militaires hostiles et menaçantes à ses frontières. Chacun comprendra que les dirigeants de l'OTAN appelant sans cesse à tuer du soldat russe et fournissant à grande échelle des armes sophistiquées pour y parvenir préféraient rester dans l'entre soi plutôt que d'obliger leur mauvaise conscience à croiser le regard des officiels russes.

 

La cérémonie a fait l'objet d'une mise en scène grandiloquente avec bateaux militaires dans le champ visuel maritime ensoleillé, avions de transport de troupes arrivant du large, hélicoptères, lâchers de parachutistes, vétérans en chaise roulante croulant sous les médailles, chorales militaires et civiles, collégiens enrôlés pour célébrer par des tableaux et des chants la gloire de leurs aînés et perpétuer ainsi le narratif officiel des vainqueurs du nazisme. 

L'imbécillité humaine des chefs s'exprimant particulièrement dans le déclenchement des guerres ne manque jamais de se parer d'un narratif glorieux. Et les dirigeants tenteront toujours d'accréditer l'idée qu'ils ont pris les bonnes décisions même si elles ont conduit à une effroyable tragédie humaine qui pouvait être évitée avec un peu plus de sagesse et d'humilité.

Les chefs d'Etat et de gouvernement otaniens ont pu jouir tranquillement du spectacle dans l'entre soi de leur grandeur auto proclamée tout en s'investissant avec arrogance d'un rôle de conscience morale de l'humanité sous la haute autorité de leur chef américain jamais avare à l'échelle de la planète, de menaces, de mises en garde, de lignes rouges et de sanctions.

 

Très curieusement, au moment même où les membres de l'OTAN célébraient les vertus de la paix enfin revenue, ceux-ci favorisaient sournoisement par ailleurs la guerre interminable au Proche Orient et la guerre en Ukraine où des Etats comme la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis sont de fait cobelligérants.

Il est vrai que la duplicité des Occidentaux ne date pas d'aujourd'hui. Les grandes consciences morales autoproclamées du débarquement de 1944 combattant officiellement au nom de la liberté et de la démocratie pratiquaient chez eux aux Etats-Unis une terrible politique de discrimination raciale à l'encontre des amérindiens ou des afro-américains qui ne sera combattue en droit positif que dans les années 60. La Grande-Bretagne et la France pratiquaient dans leur propre empire des politiques indignes de discrimination raciales à l'égard des indigènes. La France n'a aboli le travail forcé dans ses colonies qu'en 1946 et presque partout dans son empire, les indigènes ont pris les armes pour se libérer du joug français. Le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande participaient aussi au grand concours international de racisme et de discrimination des indigènes. Et pire, ils partageaient avec les Etats-Unis les horribles politiques de massacre des indigènes pour leur voler leurs terres et marginaliser les survivants.

Chacun comprendra alors pourquoi le narratif officiel a du inlassablement diaboliser le nazisme pour créer un diable qui soit bien plus repoussant que les turpitudes criminelles des Alliés sur leur sol ou dans leur empire. Plus les crimes des nazis sont grands, moins les crimes des Alliés seraient révoltants.

Et faut-il encore rappeler qu'avoir été victime ne donne jamais le droit de devenir bourreau à son tour. Le martyre des civils allemands lors de l'occupation de l'Allemagne par les troupes alliées en 1944/45 n'est certainement pas à mettre au crédit des grandes idées de liberté et de démocratie revendiquées par les Alliés.

 

 

* Par contre le président ukrainien a été invité pour l'encourager à massacrer encore plus de soldats russes et affaiblir encore plus la Russie. Jusqu'à la destruction complète de l'Ukraine dont les créanciers otaniens se partageront les dépouilles ?



 

Les soubresauts de la démocratie

dite "représentative"

 

 

Le 7 juillet 2024 a eu lieu le deuxième tour des élections législatives suite à la dissolution de l'Assemblée nationale prononcée par le Président de la République. Celui-ci souhaitait tirer les conclusions du résultat des élections européennes de juin ayant accordé une première place au Rassemblement national (30 sièges pour 31,45% des suffrages exprimés) tandis que le parti présidentiel n'arrivait qu'en deuxième position (13 sièges pour 14,54 % des suffrages exprimés). Le taux d'abstention était de 48,17% des inscrits. Le soir même des résultats, le Président de la République annonçait la dissolution de l'Assemblée nationale.

Au premier tour de l'élection législative (abstention 33,29% des inscrits), le Rassemblement national est arrivé en tête dans 297 circonscriptions sur 577 ce qui avec un système électoral uninominal à un seul tour comme en Grande Bretagne (des élections y ont eu lieu le 4 juillet et ont consacré la victoire des Travaillistes) aurait permis aux députés de Marine Le Pen d'obtenir la majorité absolue des sièges à l'Assemblée. Ceci montre à quel point les systèmes électoraux peuvent produire des résultats très dissemblables et seront néanmoins tous classés dans la rubrique "démocratie", même avec la présence d'une monarchie héréditaire… Pourtant tenir son poste de chef d'Etat en fonction de la seule qualité d'héritier n'est pas vraiment démocratique.

Au second tour, un "Front républicain" s'est ligué contre le Rassemblement national invitant les autres partis de gauche ou de droite à se désister en faveur du candidat le mieux placé pour l'emporter face au RN avec le mot d'ordre "aucune voix pour le RN". Cette stratégie a permis de limiter les résultats du RN premier parti de France à 37,12% des suffrages exprimés soit 126 sièges (89 en 2022) plus 17 pour ses alliés. Le parti présidentiel a perdu 52 sièges par rapport à 2022 (154; 102) tandis que la majorité présidentielle a perdu 78 sièges (246; 168). De son côté, la coalition de gauche passe de 142 sièges en 2022 (NUPES) à 182 (NFP) et étant la plus grande coalition au parlement réclame la nomination d'un premier ministre issu de ses rangs.

Faute d'accord sur une personnalité consensuelle, le gouvernement Attal, démissionnaire, expédie les affaires courantes pendant que fort opportunément les Jeux Olympiques de Paris monopolisent tous les médias.

 

Le Président de la République qui dans l'ancienne assemblée disposait de 246 sièges aurait pu assez facilement obtenir la majorité absolue au Parlement (289 sièges) en négociant les 43 sièges manquants avec les Républicains (64 sièges) idéologiquement pas très éloignés. Aujourd'hui cela lui est impossible, sans aucune solution de rechange stable. La dissolution de l'Assemblée a été une décision imprudente et irresponsable puisque le Président a annoncé qu'il ne démissionnerait pas comptant bien profiter du trône et de ses délices jusqu'à son terme en 2027 quelles que soient les péripéties parlementaires d'ici là.

L'essentiel dans la démocratie dite "représentative" est de capter le pouvoir du peuple souverain afin d'être en mesure de jouir dans l'entre soi des délices de la prétendue représentation. Les élus trouveront toujours les moyens de s'entendre pour accaparer les prébendes le plus longtemps possible même sans rien faire de constructif pour la collectivité.

Mais qui est réellement "représenté" en la circonstance ?

 

 

 

 

 

Jeux Olympiques 2024 :

de la hargne, de la grâce

 

 

En août 2024 ont pris fin les Jeux Olympiques de Paris qui d'emblée ont débuté avec une polémique sur la cérémonie d'ouverture accusée tantôt de LGBTisme obsessionnel, tantôt d'antichristianisme railleur, voire même d'aristophobie outrancière… Quelle que soit l'opinion de chacun, ces jeux ont mis en évidence le contraste criant entre la grâce de certaines disciplines et la hargne rageuse animant d'autres disciplines notamment collectives.

 

Ainsi, les rugissements des athlètes des sports collectifs faisant apparaître la béance disgracieuse de leur cavité buccale n'étaient pas à ranger du côté de la grâce pas plus que les Marseillaise guerrières, anachroniques et déplacées éructées si souvent des gradins, avec leur "étendard sanglant est levé" et leur "sang impur abreuve nos sillons". Les supporteurs "au sang pur" comprennent-ils ce qu'ils chantent (1) ? D'un autre côté, les commentaires surjoués ou délirants des journalistes de radio ou de télévision avec le crescendo de la voix allant de l'éraillement jusqu'à l'extinction pour essayer de faire de l'audience permettaient souvent de sortir d'un remplissage niais ou insipide destiné à maintenir malgré tout l'antenne en vie.

 

Mais la grâce apparût entre autre dans la gymnastique rythmique où par exemple Sofia Raffaeli qui réunit déjà dans l'immobilité, l'élégance, la noblesse, le raffinement, la féminité et la délicatesse ajouta encore par son mouvement de la beauté à sa divine apparence confirmant ainsi que la femme est bien la plus belle réussite esthétique de la création. Il n'y a pas de commune mesure entre la prouesse esthétique et physique de cette athlète et par exemple la prouesse physique de Léon Marchand. Le nageur est dispensé de la charge des représentations mentales très élaborées des différentes figures à exécuter. Il lui suffit de barboter de plus en plus vite dans l'eau claire et javellisée …

 

Naturellement, les prouesses physiques des différents athlètes ne peuvent pas toutes être mises sur un même plan. Difficile de comparer le talent extraordinaire de la gymnaste Simone Biles et celui de la cavalière Pauline Basquin en dressage, certes brillante dans la relation psychologique avec le cheval. Mais l'athlète c'est évidemment son élégant cheval Sertorius tandis que la cavalière qui prend la pose sur son dos pour essayer de capter une part de sa noblesse est ballottée comme un flan quel que soit le prestige des marques onéreuses signant ses bottes, sa veste et sa culotte… Les médailles devraient être décernées aux chevaux (2) tant la prouesse physique leur appartient en cross ou en saut tandis qu'en dressage, ils y ajoutent la conceptualisation des figures demandées que même le spectateur le plus attentif a déjà de la peine à reproduire mentalement et à mémoriser. Et quand un cheval donne autant à sa cavalière par simple souci de faire plaisir malgré la contrainte inconfortable ou douloureuse de l'hyper flexion de l'encolure (3), ce serait la moindre des reconnaissances que la dite cavalière milite ostensiblement à chaque sortie en faveur de l'interdiction générale de l'abattoir pour tous les équidés (4). 

De son côté, Simone Biles gymnaste élégante et talentueuse défie les lois de la pesanteur en réalisant des figures aériennes que le spectateur a aussi de la peine à reproduire mentalement tant ce genre d'exercice lui paraît hors d'atteinte de l'espèce humaine. Biles réussit l'exploit de concilier la prouesse physique à la prouesse mentale, le tout enrobées d'une extraordinaire prouesse esthétique. Cette créature semble surnaturelle. La grâce à l'état pur.

 

Finalement rien n'indique que les chevaux, mammifères quadrupèdes, aient réellement leur place dans une telle compétition physique avec l'être humain, mammifère bipède. Et pas plus que le dressage de chiens, de faucons ou de dauphins n'est un sport, le dressage équin n'en est un non plus.

De plus, le sport comme discipline du corps humain implique aussi de sacraliser ce corps tant sollicité en lui accordant respect et bons soins. Dans ce cadre, se pose alors le problème de la présence de la boxe car gagner une compétition en tapant hargneusement dans la tête d'un adversaire jusqu'à lui faire perdre connaissance ne relève pas d'une éthique sportive très reluisante (5). Même si l'athlète peut s'auto-détruire par les excès de sa préparation, il ne peut être autorisé à détruire un adversaire pour gagner une compétition.

 

 

 

(1) L'obsession du "sang pur" relèverait d'une quête de l'aristocratie de l'ancien régime. Voir, A. Jouanna, "Race", in Dictionnaire de l'Ancien Régime, PUF, 1996

(2) V. Chronique août 2016, "Des médailles d'or pour les chevaux"

(3) V. Assemblée nationale, rapport Loïc Dombreval, "Bien-être équin, Recommandations pour les Jeux Olympiques de Paris 2024", avril 2022, p.41 à 44

(4) V. l'ouvrage "Kenavo, on ne mange pas les chevaux", en accès libre sur le site  loustic-de-keriou.org

(5) Quel que soit le précédent de la Grèce antique dont Homère a décrit avec complaisance dans l'Iliade et l'Odyssée le goût immodéré des mâles pour la violence, la guerre, le vin, le pillage, le viol et la mise en esclavage sexuel ou de labeur des vaincus. En outre, chacun remarquera que les guerriers grecs pleuraient sans retenue tout comme les sportifs des J.O. ne retiennent pas non plus leurs larmes.

 

 

 

 

 

 

 

Une pléthore de ministres

pour quoi faire ?

 

 

En septembre 2024 a été nommé un nouveau gouvernement avec Michel Barnier pour premier ministre. Son équipe compte 41 ministres et secrétaires d'Etat pour la plupart inconnus du grand public, alors que la dette de la France est déjà colossale. Les intitulés des ministères laissent parfois penser à une distribution de petits caramels tant prisés par les politiciens avides de maroquins supposés leur donner une aura particulière dans les relations sociales. Il y a ainsi un ministre chargé de la "Sécurité du quotidien", un ministre de la "Réussite scolaire" tandis qu'un autre est chargé de la "Coordination gouvernementale". A quand un ministre de la "Réussite gouvernementale" ?

La garde en grand uniforme est utilisée sans retenue pour flatter dans l'entre soi l'ego bouffi des élus malgré les observations de la Cour des Comptes sur son utilisation abusive*. Les militaires immobilisés comme potiches décoratives seraient naturellement mieux utilisés à d'autres tâches comme la "sécurité du quotidien" des citoyens.

 

Beaucoup de ministres ne sont pas particulièrement des spécialistes des affaires qui leur sont confiées. Ils se contenteront souvent de gérer le quotidien et des problèmes d'intendance secondaires qui relèvent plutôt des directeurs de l'administration centrale. Leur quotidien est en général dicté par les journalistes dont le grand jeu consiste à les mettre en difficulté que ce soit sur leur vie privée ou sur leur action publique, mais très rarement sur leur inaction. Un ministre qui réussit pendant tout le temps de son mandat à ne pas s'attirer les foudres des médias pourra considérer qu'il a bien rempli le contrat et partir heureux tout auréolé de son ancienne fonction ministérielle qui peut même favoriser la réussite sociale et professionnelle de sa descendance. Mais la perte de la fonction est parfois douloureuse pour l'intéressé qui verra soudain se faire le vide autour de lui, courtisans obséquieux et courtisanes toute frétillantes se réorientant vers le nouveau maître du ministère concerné.

Au terme de leurs fonctions ministérielles, on se garde bien de faire le bilan de leur travail. On se contente de faire le bilan de leur patrimoine pour vérifier qu'ils n'ont pas profité de leur place au gouvernement pour s'enrichir indûment ce qui en dit long sur la réputation des politiciens en matière de probité.

Des comités de citoyens devraient être chargés de faire le bilan de leur activité ministérielle, à mettre en parallèle avec le coût de fonctionnement de leur ministère doté d'un cabinet souvent pléthorique malgré la sous-traitance à des coûts exorbitants de certains dossiers par le secteur privé.

 

Malheureusement, les ministres sont quasiment irresponsables pour leur inaction même si celle-ci conduit à une grave dégradation des services publics. Tel est le cas de la santé confrontée à une pénurie de personnels alors que la connaissance pointue de la démographie médicale par zone géographique et de la démographie générale permettait de prendre des mesures préventives sur la formation des personnels. Il a été jugé plus facile mais pourtant plus irresponsable d'aller piller les ressources médicales du Maghreb alors que ces populations ont tellement besoin de leur personnel médical. Malgré ce pillage lamentable, la France est confrontée à des déserts médicaux et des fermetures de services hospitaliers faute de personnel. Le gouvernement pourra toujours dire qu'il a résolu le problème en nommant une ministre de la Santé "et de l'Accès aux soins"…

Tous les citoyens qui attendent pendant des mois un rendez-vous chez un spécialiste ou qui doivent faire des dizaines de kilomètres pour trouver un médecin généraliste apprécieront à sa juste valeur la boutade du gouvernement.

 

 

* Référé n° 65368 sur la Garde républicaine, 2013, (coût annuel environ 280 millions d'euros).



 
 

Abbé Pierre : du Ciel à l'Enfer

 

 

En octobre 2024, de nombreux médias se sont fait l'écho de révélations relatives au comportement de l'Abbé Pierre (1912-2007) avec les femmes. Celles-ci renforceraient d'anciennes rumeurs dénonçant des agressions sexuelles commises par le religieux, sur des femmes et seulement des femmes, ce qui sort du cadre habituel des violences sexuelles au sein de l'Eglise catholique qui selon le rapport Sauvé ont un caractère largement homosexuel*.

Manifestement l'abbé ne possédait pas tous les codes à mettre en œuvre dans la relation avec les dames, codes à vrai dire pas enseignés au séminaire, se contentant d'user de l'emprise religieuse pour parvenir à ses fins. L'emprise est certes consubstantielle à la religion mais elle n'était pas destinée à soumettre les jolies femmes aux caprices des clercs.

 

En prenant la défense des sans abris dès l'hiver 1954 particulièrement rigoureux, le prêtre avait mis en application l'adage selon lequel "les mains qui aident sont plus saintes que les lèvres qui prient". Si bien que dès les années quatre vingt les médias en firent une "personnalité préférée des Français" dans l'ambiance fraternelle Communauté Emmaüs de l'abbé et Resto du cœur de l'humoriste gaulois Coluche, l'un et l'autre avec leur déguisement caractéristique, soutane et béret pour le prêtre et salopette rayée pour l'humoriste. 

Chacun remarquera que si les statues de l'abbé sont aujourd'hui déboulonnées, l'humoriste serait aujourd'hui harcelé et réduit au silence par des actions en justice pour ses blagues débridées relatives aux Juifs, aux Belges, aux Noirs, aux fonctionnaires… Les temps changent : l'abbé ne pourrait plus profiter du prestige de Dieu pour tourmenter les dames et l'humoriste ne pourrait plus se lâcher pour séduire son public. Par contre, l'un et l'autre pourraient toujours partir d'un rire bien gras en rappelant l'adage pluri séculaire selon lequel "si la soutane était en bronze, la cloche sonnerait souvent".

 

Le tribunal médiatique est toujours sans nuance. Il fabrique des idoles à la perfection divine et il les brûle selon sa convenance. Dans la sagesse aristotélicienne il y a deux vices et une vertu : les deux vices sont l'excès et le défaut tandis que la vertu est le juste milieu. En conséquence, il n'y a pas d'homme parfait. Les agressions sexuelles dénoncées de l'abbé n'effacent pas son œuvre considérable en faveur des plus démunis. L'antisémitisme dénoncé de Richard Wagner n'efface pas son immense génie musical. Et l'auteur des vers suivants :

 

Une lutte éternelle, en tout temps, en tout lieu,

Se livre sur la terre, en présence de Dieu,

Entre la bonté d'Homme et la ruse de Femme,

Car la femme est un être impur de corps et d'âme **.

 

reste néanmoins un grand poète romantique. Faut-il débaptiser toutes les rues Alfred de Vigny ?

 

Dans la Divine Comédie, Dante chemine de l'Enfer au Paradis en passant par le Purgatoire. La douce figure féminine surnaturelle de Béatrice l'accompagne sur la fin de son parcours emmenant le poète au Paradis. Manifestement, l'abbé Pierre n'a pas trouvé sa Béatrice qui dans une relation apaisée l'aurait conduit sur le chemin de la sérénité toute en harmonie avec son immense œuvre caritative en faveur des plus démunis.

 

 

* Commission Indépendante sur les Abus Sexuels au sein de l'Eglise catholique, présidée par Jean Marc Sauvé. Voir Chronique octobre 2021.

** Alfred de Vigny, La colère de Samson, 1839, in Anthologie de la poésie française, par André Gide, Gallimard 1949, p.437.


 
 
 

Elections USA 2024 :

l'américanophilie contrariée

 

 

En novembre 2024, le résultat de l'élection à la présidence des Etats-Unis a vivement contrarié les médias dominants qui d'une manière générale présentaient plutôt cette élection comme le combat de l'ange Kamala Harris contre le diable Donald Trump. Déjà, il était très contrariant pour eux de devoir présenter Trump comme un diable, tant la force de leur américanophilie idolâtre et infantile les incite plutôt à voir dans l'Amérique leur modèle en toute chose. Politiquement, un Américain ne pourrait être un diable, ce travers étant réservé à un Russe, un Chinois, un Turc, un Syrien, un Nord Coréen, un Irakien…

Après un suspense médiatique savamment entretenu pour faire de l'audience, Donald Trump ancien président des Etats-Unis a largement gagné cette élection que ce soit en nombre de voix des citoyens ou en nombre de délégués participant à cette élection dite à deux degrés, abusivement dénommée "suffrage universel indirect". Jusqu'à combien de degrés le suffrage reste-t-il universel ? L'universalité ne se divise pas. Dès le deuxième degré le suffrage n'est plus universel contrairement à la volonté sournoise des spoliateurs de la souveraineté du peuple.

 

Curieusement, le paramètre du taux de participation à cette élection n'est pour ainsi dire jamais cité par les médias si bien que l'abstention devient soudain une donnée aussi mystérieuse qu'inutile. Il faut croire que ce chiffre ne permettait pas de minimiser la victoire de Trump.

De la même manière, la vitalité de la démocratie directe se manifestant parallèlement à l'élection présidentielle à l'initiative des Etats fédérés fait l'objet d'un silence assourdissant tant les médias dominants sont totalement réfractaires à l'établissement de procédures similaires en France. Pourtant ces référendums, souvent à l'initiative des citoyens, témoignent de la richesse de la démocratie directe aux USA au niveau des Etats fédérés (mais pas à l'échelon fédéral).

 

Ces silences des médias, et ces discours partisans dépourvus de toute objectivité, ne freinent pas leur irrépressible penchant à donner des leçons de démocratie et d'honnêteté de l'information au monde entier. Les journalistes doivent souffrir d'une sévère emprise idéologique et d'un incontournable conditionnement dès leur formation pour distiller des "vérités" conformes aux prescriptions impératives de leurs commissaires politiques (ou comité de rédaction). Ils font penser aux religieux qui pour soumettre les fidèles au profit de leur chapelle ne cessent de leur débiter des balivernes théologiques, et qui finalement arrivent à se persuader eux mêmes de leurs propres mensonges.

 

L'information doit être libre et plurielle surtout sur les médias publics largement financés par les citoyens. Le sectarisme haineux sous couvert de défense de grands principes ne doit pas y trouver sa place, ni les "deux poids deux mesures", ni le manichéisme caricatural, ni les doubles standards, ni la tyrannie de minorités religieuses, sexuelles, politiques…

 

Que Trump soit jugé d'abord par ses compatriotes sur la politique intérieure et par le monde entier sur sa volonté de paix pour chacun. Son prédécesseur cynique et sournois a encouragé d'horribles conflits armés en Ukraine et en Palestine qui l'un et l'autre étaient évitables et que ses vassaux européens n'ont eu ni le courage ni la clairvoyance d'entraver. Mais pour l'avenir de l'Europe, les vassaux veules et irresponsables semblent beaucoup plus dangereux que leur suzerain américain.

 

 

 

 

 

L'Union Européenne

 de la guerre et de la récession

 

 

En décembre 2024, dès le premier jour de leur mandat, Antonio Costa le nouveau président du Conseil européen et Kaja Kallas la nouvelle responsable de la diplomatie européenne se sont d'emblée rendus à Kiev pour exprimer le soutien de l'UE à l'Ukraine. De nombreux medias semblent avoir manifesté une certaine discrétion face à ces encouragements bellicistes qui pouvaient peut être leur sembler aujourd'hui plutôt intempestifs.

Ceci s'ajoute aux huit visites surmédiatisées de la présidente de la Commission européenne déjà effectuées à Kiev. Au nom de qui s'expriment réellement ces gens qui instaurent un climat malsain de préparation à la guerre en Europe ? Une bonne partie de l'élite politique et médiatique prépare les esprits à un réarmement massif et à une guerre généralisée en Europe, sinon selon celle-ci, les Russes iront jusqu'à Paris et Londres. Qui croira à ces balivernes délirantes d'une élite intellectuelle manipulée par ses maîtres Américains et qui semble parvenir à se persuader elle même de ses propres sottises sans doute sous l'effet délétère de l'emprise ?

 

Les Russes vont nous attaquer, ils nous menacent, il faut se préparer à la guerre. Cette rhétorique de collégiens semble assez naturelle chez le nouveau secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte. Il est bien payé pour justifier l'existence de l'OTAN au profit des intérêts des Etats-Unis en propageant les balivernes bellicistes et russophobes de ses maîtres. Ainsi, "ce qu'il se passe en Ukraine peut aussi se produire ici" et il vaudrait mieux "passer à un état d'esprit de temps de guerre et à donner un coup de fouet à notre production et à nos dépenses en matière de défense" *. Il a besoin de cette menace pour exister, quitte à la créer en provoquant sournoisement à ses frontières un Etat pourtant pacifiste.

 

Curieusement, cette rhétorique belliqueuse émane de trois anciens premiers ministres de pays membres de l'UE (Rutte aux Pays-Bas, Kallas en Estonie et Costa au Portugal). Est-ce bien le reflet de l'état d'esprit des citoyens de l'Union Européenne ? N'attendent-ils pas plutôt de leurs dirigeants une initiative politique comme celle du premier ministre hongrois qui en tant que titulaire de la présidence tournante du Conseil de l'UE s'est rendu à Kiev et à Moscou en juillet 2024 avec le souci de rechercher la paix et non pas d'attiser un conflit qui pourrait dégénérer dangereusement par la faute d'Occidentaux irresponsables.

 

Les citoyens de l'Union veulent la paix et la prospérité. Au fil des siècles, ils ont largement concédé à la guerre et à la misère, entraînés dans le chaos par leurs élites peu clairvoyantes et irresponsables. L'Union Européenne a justement été créée pour assurer cette paix tant recherchée. En France, un sondage de novembre 2024 (IPSOS) montre que la guerre en Ukraine n'est que la neuvième préoccupation des Français après le pouvoir d'achat, la protection de l'environnement, la délinquance, l'immigration, l'avenir du système social de santé, la montée des inégalités sociales, la dette et les déficits, et l'avenir des retraites.

 

Aujourd'hui, les trois dirigeants de l'UE sont complètement disqualifiés pour représenter les intérêts des citoyens de l'Union. Ces derniers devraient pouvoir mettre un terme à leur mandat grâce à la procédure du référendum révocatoire dont évidemment aucun dirigeant de l'Union ne veut. 

Pour la paix et la prospérité de l'Europe, il vaudrait mieux donner aux citoyens le pouvoir de révoquer leurs dirigeants belliqueux et irresponsables soumis non pas à leur peuple souverain détenteur légitime du pouvoir mais à leur suzerain cynique et sournois, toujours prêt à chercher querelle aux Etats qui lui déplaisent ou ne servent pas ses intérêts.

 

 

* www.nato.int, intervention du 12 décembre 2024


 

 



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